Les nouvelles les plus importantes de la journée

Les températures élevées et les vagues de chaleur affectent votre santé mentale, voici pourquoi

Les températures élevées et les vagues de chaleur affectent votre santé mentale, voici pourquoi
Pourquoi la canicule nous rend-elle si irritable ?
Image sympa via Getty Images Pourquoi la canicule nous rend-elle si irritable ?

Image sympa via Getty Images

PSYCHOLOGIE – La chaleur accablante a-t-elle tendance à vous rendre irritable ? Rien d’étonnant à cela. Outre les effets physiologiques de la canicule qui poussent les autorités sanitaires à multiplier les messages de prévention, les températures élevées peuvent aussi être particulièrement néfastes pour notre santé mentale.

Et ce sera le cas ce lundi 29 juillet, journée pour laquelle Météo France a placé près de 40 départements en alerte orange. Et la chaleur ne va pas s’arrêter, avec la journée la plus chaude prévue pour mardi.

En 2013, une étude menée par des chercheurs des universités de Berkeley et de Princeton révélait déjà qu’une simple augmentation de 1°C par rapport à la norme saisonnière suffisait à faire augmenter de 4% le nombre de violences – violences conjugales, meurtres, viols.

Causes physiologiques

Comment expliquer cet état d’agressivité et d’impulsivité en période de chaleur intense ? « Physiologiquement, quand il fait chaud, notre rythme cardiaque s’accélère, notre pouls est plus fort, notre tension artérielle augmente et notre taux de cortisol (l’hormone du stress) augmente donc nous avons tendance à nous sentir plus irritables, mais les réactions varient d’un individu à l’autre et il manque encore des études approfondies sur le sujet. »rappelle Élodie Gratreau, doctorante en histoire et philosophie des techniques de soins en psychiatrie au laboratoire Costech, contactée pour Le HuffPost.

Le manque d’oxygène augmente également cette sensation d’irritabilité. En effet, lorsque certaines zones du cerveau commencent à manquer d’oxygène, notre corps envoie plus de sang que d’habitude au reste de notre corps pour le refroidir. Dans ce cas, nous finissons par agir de manière plus impulsive, sous l’effet de l’émotion. D’ailleurs, l’un des premiers signes d’un coup de chaleur est « agressivité inhabituelle »rappelait il y a quelques années l’INPES, l’ancêtre de Santé publique France.

La chaleur exacerbe la fragilité mentale

Après deux années de crise, la hausse des températures accentue également la fragilité mentale des Français. « En période de confinement, d’incertitude civilisationnelle où l’on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé d’un point de vue politique et sanitaire, évidemment la canicule se vit différemment. Surtout quand on reste chez soi en télétravail, au bord du burn-out »assure Joseph Agostini, psychologue clinicien contacté par Le HuffPost.

De plus, ces températures élevées ont tendance à affecter davantage les personnes vulnérables. « L’impact de la canicule touche particulièrement les personnes isolées, vieillissantes, âgées, qui se retrouvent seules et physiquement malades. Elles ressentent un sentiment de dépression et une peur de mourir. »poursuit Joseph Agostini.

Outre les personnes âgées, les personnes suivant un traitement psychologique peuvent également avoir plus de difficulté à tolérer des températures élevées. « Il y a de l’anxiété parce que le corps sent qu’il est en danger vital »explique Élodie Gratreau, qui souffre d’un trouble de la personnalité limite. « Personnellement, quand il fait chaud, je peux souffrir de tachycardie après avoir pris des antidépresseurs et des neuroleptiques. »

Mais comme le souligne Joseph Agostini, la chaleur a pour conséquence supplémentaire d’élargir les écarts de style de vie. « Entre les gens qui ont la climatisation et les familles qui vivent ensemble dans des logements sociaux, les conséquences ne seront pas les mêmes. »

Éco-anxiété

Il existe également un phénomène récent et encore peu connu, celui de l’éco-anxiété. Il concerne des personnes – en majorité des jeunes de 18 à 24 ans – qui développent « une peur chronique d’un environnement condamné »tel que défini par l’American Psychological Association.

En d’autres termes, il s’agit du sentiment d’assister aux conséquences du réchauffement climatique sans pouvoir rien y faire. Chez les personnes qui en souffrent, cela conduit souvent à « souffrance individuelle avec troubles associés tels que phobies et angoisses extrêmes »explique à la RTBF Véronique Lapaige, la psychiatre qui a conceptualisé cette notion d’éco-anxiété.

« La canicule fait clairement surgir le spectre des catastrophes climatiques »note Joseph Agostini. « Entre inondations, catastrophes naturelles à répétition et pandémies mondiales, la vision de la canicule de 2003 a changé, il n’y a plus de rareté dans l’événement, aujourd’hui il est récurrent »souligne le psychologue.

Voir aussi sur Le HuffPost :

Quitter la version mobile