Le Premier ministre conservateur tchèque Petr Fiala avait parlé de « marché du siècle »Et pour cause : le choix de l’entreprise qui construira les nouveaux réacteurs nucléaires est lourd de conséquences financières et technologiques à long terme pour le pays. Malgré d’intenses efforts diplomatiques entrepris par la France ces derniers mois pour le convaincre de privilégier les EPR d’EDF, M. Fiala a finalement annoncé, mercredi 17 juillet, que son gouvernement avait opté pour l’offre du coréen KHNP.
« L’offre coréenne était meilleure sur tous les critères évalués »Fiala a déclaré aux journalistes à l’issue de la réunion du cabinet qui avait entériné sa décision. Son pays va désormais ouvrir des négociations exclusives avec KHNP pour la construction de deux réacteurs APR1000 d’une capacité de 1.050 mégawatts à Dukovany, une centrale de la région de Vysocina (sud). Selon Prague, KHNP a remporté le contrat en proposant un prix de 200 milliards de couronnes (près de huit milliards d’euros) par réacteur, auquel s’ajoute une option pour deux réacteurs supplémentaires pour la centrale de Temelin.
Selon une source gouvernementale tchèque, cette victoire coréenne s’explique moins par une différence de prix que par les garanties apportées par KHNP en cas de retards, alors que les dérapages sur les chantiers de l’EPR d’EDF en Finlande et au Royaume-Uni ont pesé dans la balance.
« L’adjudicataire a offert des garanties plus fiables quant à la maîtrise des coûts, ainsi qu’au calendrier de l’ensemble du projet.a justifié le ministre de l’Industrie et du Commerce, Jozef Sikela. « « Nous avons un calendrier clairement défini, qui prévoit une date fixe pour le début et la fin des travaux, sous peine de sanctions. L’offre du soumissionnaire retenu était plus satisfaisante à cet égard »a également insisté Daniel Benes, le directeur de CEZ, l’entreprise publique tchèque d’électricité qui exploite la centrale de Dukovany.
Un projet crucial pour la France
Selon le communiqué du gouvernement tchèque, si les négociations exclusives aboutissent à un contrat, la construction des deux réacteurs coréens devrait débuter en 2029, avec une exploitation commerciale prévue d’ici 2038. C’est la première fois depuis l’époque soviétique que la République tchèque se prépare à construire de nouveaux réacteurs sur son territoire.
Ces réacteurs doivent remplacer les quatre vieux réacteurs soviétiques de Dukovany, qui doivent fermer d’ici 2035. Fervent partisan du nucléaire, le pays d’Europe centrale, qui compte dix millions d’habitants, souhaite également augmenter la part du nucléaire dans son mix énergétique pour remplacer ses vieilles centrales à charbon, qui doivent fermer d’ici 2033.
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