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« Les syndicats seront reçus avant son discours de politique générale », se réjouit la CFTC



Cyril Chabanier, président de la CFTC, est l’invité économique de franceinfo, lundi 23 septembre.

franceinfo: Michel Barnier, le Premier ministre, a toujours un mot à dire aux partenaires sociaux. Ce fut le cas lors de sa prise de fonction à Matignon, ainsi que dimanche 22 septembre sur TF1. Est-ce une simple formalité selon vous ou espérez-vous un véritable changement de méthode ? ?

Cyril Chabanier : On espère toujours un changement de méthode. J’espère donc que ce n’est pas seulement une question de forme et de communication, même si on a très souvent entendu, ces dernières années, des changements de méthode qui n’ont pas toujours été suivis d’effets.

Emmanuel Macron parle des corps intermédiaires, pas des partenaires sociaux. On voit que Michel Barnier, lui, vous inclut toujours dans ses discours.

C’est vrai, il parle beaucoup des organisations syndicales et patronales, du dialogue constructif. C’est quand même quelqu’un qui est habitué à l’Europe, à être dans ce dialogue, dans le compromis. On ne peut pas faire passer des textes en Europe s’il n’y a pas de dialogue, pas de compromis. Donc je pense qu’il va travailler comme ça. Après, vous savez, on reste toujours prudent.

Vous ne l’avez pas encore vu, lui ou ses équipes ?

Nous avons rencontré son chef de cabinet, qui nous a reçus parce que la composition du gouvernement prenait un peu de temps, donc c’était bien que nous puissions discuter. Et les informations que nous avons, c’est que nous serons reçus avant son discours de politique générale. Et je pense qu’il est très important de pouvoir influencer son discours de politique générale et de ne pas être simplement dans la réaction une fois qu’il l’aura prononcé, le 1er octobre.

Il y a donc plusieurs sujets importants sur la table. Les retraites tout d’abord. Michel Barnier a dit que tout en respectant le cadre financier, il comptait sur vous, partenaires sociaux, pour améliorer cette loi, pour « réformer la réforme » des retraites. Comment la CFTC espère-t-elle contribuer concrètement à la discussion ?

Alors, tout d’abord, je voudrais dire que nous préférerions que cette réforme soit abrogée. Nous sommes toujours résolument opposés à cette réforme. Tous les syndicats sont d’accord pour le dire. Après, si on nous invite à renégocier, à améliorer la loi, nous, à la CFTC, avons décidé d’accepter cette invitation, si elle arrive bientôt. Je crois qu’il y a des sujets qui sont importants, qui ne sont pas réglés. Nous avons un gros sujet sur la pénibilité et nous avons des propositions concrètes. Donc, ce serait quelque chose de bien et cela permettrait déjà de corriger un peu ce fameux âge légal de 64 ans, en faisant partir un peu plus tôt les gens qui ont les métiers les plus pénibles. Il faut encore les définir. Mais je pense que c’est possible et assez facile, au moins pour les métiers physiques.

On comprend encore du discours de Michel Barnier qu’il n’a pas l’intention de repartir à la retraite à 64 ans.

On l’a bien compris. Juridiquement, on nous dit que c’est compliqué, qu’on ne pourrait pas gérer le stock de gens qui ont déjà passé cette réforme. Donc, on sait très bien que ça, même si on va le demander, ça va être extrêmement compliqué. Après, aller parler de pénibilité, parler d’égalité hommes-femmes, essayer de rediscuter d’un sujet qui nous tient à cœur, à la CFTC, l’âge d’annulation de la réduction, ces fameux 120 000 personnes qui doivent travailler jusqu’à 67 ans pour partir à taux plein. Un vrai sujet aussi.

Ressentez-vous une ouverture sur ces sujets ?

Oui, Michel Barnier a évoqué le sujet de la précarité, il a évoqué le sujet des petites retraites, un peu moins sur l’égalité hommes-femmes. Ce sont des sujets qui peuvent paraître un peu anodins ou liés à l’âge légal de 64 ans, qui est notre grand combat. Mais si on arrive à avancer sur ces sujets, je suis certain que ce ne seront pas de petites victoires. Donc, on fera le maximum. Vous savez, j’ai une tradition, tout ce qu’on peut gratter, on essaie de gratter.

La secrétaire générale de la CGT sur franceinfo, Sophie Binet, a appelé à une grève et à une manifestation le 1er octobre, pour réclamer l’abrogation de la réforme des retraites. Est-ce aussi votre cas ?

Non, nous n’appelons pas à manifester le 1er octobre. D’abord parce que cela a une connotation très politique. Manifester le jour où le Premier ministre prononce son discours de politique générale. Eh bien…

Je tiens à souligner que la date avait été choisie auparavant.

Oui, mais quand nous avons discuté entre nous pour choisir le 1er octobre, nous savions déjà qu’il y avait de fortes chances que ce soit le jour du discours de politique générale. Notre tradition est toujours de râler une fois que nous avons entendu le Premier ministre parler. Donc d’abord, nous le rencontrerons, nous l’espérons avant le 1er octobre, nous écouterons son discours de politique générale et ensuite nous réagirons. Et si nous voyons que les choses ne vont pas dans le bon sens, nous n’excluons pas de pouvoir nous mobiliser.

Mais jusqu’à présent, vous étiez dans l’intersyndicale concernant la lutte contre la réforme des retraites. Maintenant, c’est la CGT qui appelle à manifester, pas vous. Cela ne risque-t-il pas de brouiller le message à l’égard du nouveau gouvernement ?

Non, je ne crois pas. L’intersyndicale est un outil formidable, mais on ne peut pas fonctionner en intersyndicale tout le temps, sinon il n’y aurait qu’une seule organisation syndicale dans le pays. Donc on continue ensemble à dire qu’on est pour l’abrogation. On verra déjà si certains acceptent d’aller discuter avec le Premier ministre ou pas, s’il n’y a pas de suspension, mais ouverture de négociations sur les thèmes que nous avons évoqués. On ne sera peut-être pas tous d’accord là-dessus, mais on respectera nos différences.

Et puis, certains ont pour habitude de mettre plus de pression sur le gouvernement, et nous, à la CFTC, avons pour habitude d’écouter d’abord ce que le Premier ministre va dire. On ne peut pas se plaindre sans savoir quelles ouvertures il va proposer.

Autre sujet brûlant : l’assurance chômage. En juillet, le gouvernement Attal a suspendu la réforme qui prévoit un durcissement de l’accès à l’assurance chômage et une réduction de la durée d’indemnisation. Qu’attendez-vous de la nouvelle ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet ?

D’abord, nous attendons qu’il redonne le contrôle aux partenaires sociaux, puisque depuis des mois on voit cette volonté du gouvernement de reprendre le contrôle de l’assurance chômage, dépossédant ainsi les partenaires sociaux de ce sujet.

Vous ne voulez donc pas que la nouvelle réforme soit effective, puisque c’est le cas à partir du 1er décembre ?

Les partenaires sociaux ont signé un accord en novembre 2023, dans lequel il restait des choses à régler, que nous avons dû régler notamment dans la discussion du pacte vie professionnelle-vie privée, avec l’emploi des seniors, dont nous avons beaucoup parlé. Nous n’avons pas réussi, donc nous aimerions repartir de cet accord. Le patronat est prêt à rediscuter de l’emploi des seniors, sur lequel nous n’avons pas réussi juste avant l’été, et pouvoir enfin trouver des solutions.

Lorsqu’elle était députée, elle était assez ouverte à la discussion sur ce sujet. Elle était également critique à l’égard de la réforme de l’assurance chômage.

Elle était critique sur la réforme, elle voulait laisser plus de place aux partenaires sociaux. Donc, voici l’occasion de le faire. Je n’ai aucun doute sur la personnalité ni sur la méthode de la ministre. C’est quelqu’un que nous connaissons, nous travaillons souvent avec elle. J’ai eu l’occasion de travailler beaucoup sur le sujet des retraites.

C’est donc un bon rendez-vous ?

C’est une nomination plutôt réussie. Il y a un geste fort qui est fait au niveau des partenaires sociaux. Après, toute la question est de la marge de manœuvre que l’on va laisser au ministre parce qu’on a connu des ministres du Travail qui avaient la volonté de faire avancer les choses, mais à chaque fois qu’on trouvait un semblant d’accord, il y avait un « non » de Matignon ou de l’Élysée.

Vous pensez à Elisabeth Borne ?

Vous me l’avez évoqué, très bien. Donc là, on veut que le ministre ait une marge de manœuvre. La méthode est évidemment très importante, mais si on passe des heures à discuter, à trouver des compromis et qu’au bout du compte on reçoit un refus de Matignon ou de l’Élysée, voire des deux, ça ne servira pas à grand chose. Donc laissons faire les partenaires sociaux et je pense que le ministre est prêt à avancer avec nous.

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francetvinfo

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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