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Les spaghettis « alle vongole » menacés par une espèce de crabe envahissante

Les spaghettis aux palourdes, plat emblématique de l’Italie, sont menacés par une espèce de crabe envahissante. L’ensemble de l’économie des crustacés est menacée, avec au moins 3 000 emplois en jeu.

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Un plat de spaghetti vongole (image d'illustration) (RICHARD VILLALON / MAXPPP)

Les spaghetti alle vongole vont-ils disparaître des menus des restaurants italiens ? Les vongoles, ou palourdes en français, sont menacées par un prédateur, le crabe bleu, qui décime ce coquillage réputé dans le pays. Depuis un an, les pêcheurs de ce mollusque sont en grande difficulté. La production est en baisse de 70 à 80 %.

Sonny apporte la pêche du matin au point de récolte, il n’a ramassé que des crabes bleus. « J’ai pris 400 kg de palourdes, il n’en reste plus, les crabes les ont mangées »« C’est ce que déplore le pêcheur qui travaille dans l’une des principales zones de production, à Scardovari, dans le delta du Pô en Vénétie. Sur les près de 1 500 personnes qui travaillent dans la zone, 80 % sont au chômage technique : « Nous n’avons aucun revenu depuis un an et demi, comment pouvons-nous nous en sortir ? »Angelo se demande. Les autres pêcheurs récoltent le crabe pour réduire la population et gagner un peu d’argent, mais une petite partie est vendue.

Les premières larves de cette espèce en provenance d’Amérique sont arrivées dans les cales des navires. La population a grandi, avant d’exploser ces deux dernières années dans les eaux saumâtres que ce crabe affectionne. « Il y a eu une sécheresse, le niveau de sel dans les rivières a augmenté, puis après deux ans, il y a eu de fortes pluies et les crabes se sont déplacés vers le lagon où ils ont trouvé beaucoup de nourriture », explique Sasa Raiceivich de l’organisation de recherche environnementale Ispra. Le scientifique parle d’une corrélation avec le changement climatique, « Il faut continuer la recherche avant de parler d’une cause directe »il ajoute.

Pour pallier à la faible pêche aux palourdes dans le lagon, une plateforme d’élevage a été mise en place. Des bacs en aluminium sont alignés avec des larves de palourdes à l’intérieur. « Elles viennent d’Italie ou de France, on les place dans de grands fûts, elles se développent pendant deux mois et on les remet dans la lagune »dans des zones couvertes pour les protéger, explique Davide Baroni, du consortium des pêcheurs.

En attendant que ce dernier recours porte ses fruits, les pêcheurs réclament une indemnisation au commissaire spécial nommé cet été dans cette affaire. Deux millions d’euros dans un premier temps.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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