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Les sous-marins britanniques sont à bout de souffle, quand ils ne sont pas simplement immobilisés


Mince ! Les scandales et la cupidité continuent d’affaiblir la flotte de Sa Majesté. La Royal Navy, la marine britannique qui, rappelons-le, possède la plus grande flotte européenne de sous-marins nucléaires, ne cesse de décevoir. Fini le temps où la Grande-Bretagne régnait en maître sur les quatre océans.

Il n’est pas nécessaire de remonter bien loin dans le temps pour trouver le dernier scandale : en août dernier, rapportions-nous, le Telegraph révélait que certains logiciels utilisés par les sous-mariniers britanniques avaient été discrètement sous-traités à des développeurs situés en Biélorussie, proche allié de la Russie de Vladimir Poutine, voire développés sur le sol russe.

Une faille sécuritaire majeure, dans un contexte de tensions entre l’Occident et la Russie exacerbées par la guerre en Ukraine. Le porte-avions HMS Queen Elizabeth échoué en janvier faute de personnel et d’un problème de propulsion, le porte-avions HMS Prince of Wales victime de nombreuses pannes en 2023… La chance ne sourit pas aux Britanniques en mer.

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Incidents en série

Ni sous la mer, d’ailleurs. Dans un article récent, The Economist relève plusieurs changements inhabituels et dysfonctionnels dans l’organisation des dix sous-marins britanniques : le royaume possède quatre sous-marins de classe Vanguard (SSBN), qui transportent des armes nucléaires Trident, et six sous-marins d’attaque de classe Trafalgar ou Astute (SSN), qui transportent des missiles conventionnels.

La durée toujours plus longue des patrouilles de chaque navire pose question. Dans les années 1970, les sous-marins nucléaires patrouillaient en moyenne 56 jours, note Rob Forsyth, ancien sous-marinier, pour The Economist. Depuis, la durée moyenne des missions a considérablement augmenté. Le HMS Victorious aurait passé 207 jours, soit près de sept mois, en mer en 2021. En septembre 2023, un autre sous-marin est resté en mer 195 jours. Ces chiffres dépassent de loin les patrouilles américaines comparables, qui ont une durée moyenne de 77 jours et n’ont jamais dépassé 140 jours.

Une langueur liée à l’état des sous-marins, vieillissants, autant qu’à l’état des équipages. Nous en parlions il y a quelques mois : les « couacs », pas si anodins, se sont multipliés sur les navires britanniques ces dernières semaines. En novembre 2023, le tabloïd The Sun rapportait que la flotte de Sa Majesté avait frôlé en 2022 « le pire accident naval britannique depuis la Seconde Guerre mondiale », lié à une défaillance du capteur de profondeur d’un sous-marin de classe Vanguard, mettant en danger la vie de ses 140 occupants.

Quelques mois plus tôt, The Sun avait également rapporté que des techniciens avaient réparé une partie du réacteur nucléaire de l’un des sous-marins à l’aide de superglue, qualifiant l’incident de « lumière »En février, un essai de missile Trident raté a embarrassé le secrétaire à la Défense de l’époque, Grant Shapps, et le chef de la Marine, qui étaient présents. Tirées depuis le HMS Vanguard, les roquettes ont atterri dans la mer, près du point de lancement. Oups.

Qui veut travailler pour la Marine ?

La flotte souffre de casse et d’usure. La raison en est que les sous-marins britanniques de la classe Vanguard ont commencé à atteindre la fin de leur durée de vie prévue en 2018 et ne sont utilisés plus longtemps qu’en raison des difficultés de financement de nouveaux sous-marins, souligne The Economist.

Une conséquence parallèle est que les périodes d’immobilisation des navires pour réparations sont également plus nombreuses. Selon les données fournies le 6 septembre par @tbrit90, observateur naval sur X, aucun des SSN britanniques n’a été en mer pendant 60 jours.

Si les patrouilles se sont considérablement allongées, c’est aussi dû au manque de personnel. La vie à bord d’un sous-marin est rude, et ne permet aucune sortie. Les marins sont privés de soleil, de nourriture fraîche et de contact avec leurs proches, ne recevant que de courtes missives hebdomadaires, auxquelles ils ne peuvent de toute façon pas répondre. Les abandons sont nombreux, et allongent encore le temps en mer des équipages restants.

Le problème n’est pas nouveau et s’étend aux navires, à tel point qu’en 2016, la Royal Navy a été contrainte de faire appel à du personnel étranger pour opérer ses navires. La Marine française lui a alors envoyé six sous-officiers spécialisés en mécanique et en électricité.



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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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