les signes avant-coureurs se multiplient aux États-Unis
Après les vaches laitières, les porcs. Alors que l’épizootie – c’est-à-dire une épidémie chez les animaux – de grippe aviaire qui sévit aux Etats-Unis continue de se propager à toute vitesse dans les élevages de bovins et de volailles, un porc a été testé positif au virus H5N1 le 29 octobre dans l’Oregon. Il s’agit d’une première aux Etats-Unis, et d’un signal d’alarme supplémentaire, ces animaux étant connus pour être des lieux de reproduction particulièrement propices aux réassortiments entre virus, y compris humains.
Ce premier cas a été détecté dans une basse-cour, le porc vivant en promiscuité avec des volailles non destinées à la vente. Ce type de contamination n’est pas nouveau et a déjà été observé dans d’autres pays, notamment en Asie, mais aussi en Europe il y a quelques années. « Cet événement de passage du virus grippal chez le porc est assez attendu, mais il doit être surveillé, car il existe un risque réel de réassortiment »explique Gilles Salvat, directeur général adjoint de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Tous les virus grippaux circulant chez les porcs sont considérés comme ayant un potentiel zoonotique, c’est-à-dire qu’ils peuvent infecter les humains.
Les cochons ont en effet, dans leur système respiratoire, des récepteurs qui permettent la multiplication de virus adaptés aux mammifères, dont l’homme, ainsi que celle des virus aviaires. Une infection simultanée par un virus grippal d’origine aviaire, comme celui qui circule actuellement chez les bovins américains, et par le virus grippal humain pourrait favoriser le mélange génétique de ces deux virus et donner naissance à un nouveau pathogène potentiellement très contagieux pour l’être humain. En 2009, l’épidémie de grippe A (H1N1) a été provoquée par le réassortiment entre plusieurs virus d’origine porcine, aviaire et humaine. Ce risque de co-infection se matérialise un peu plus aujourd’hui, alors que débute la période de grippe saisonnière.
«Nous avons poussé l’alerte un peu plus loin»
« Sachant qu’il n’y a jamais eu d’épidémie humaine à virus grippal de sous-type H5, la population humaine n’a pas d’immunité et serait totalement naïve, immunologiquement parlant, face à un tel virus », prévient Gilles Salvat, précisant que ce serait le « le pire des cas ». Une telle situation n’est pas encore la plus probable puisque, concernant le sous-type H5, le porc n’est pas un hôte très efficace.
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