Les sept derniers des 51 accusés du procès ont été présentés aux juges mardi. Les audiences ont été marquées par le mélange de déni et de soutien affiché par les proches des prévenus.
« C’est un grand homme, je l’attends, je le soutiens » : parmi les proches du dernier accusé entendu mardi au procès pour viol de Mazan, à Avignon, le soutien est indéfectible, frisant parfois le déni. Conclusion d’un long cortège entamé en septembre, l’examen des dossiers des sept derniers des 51 accusés de ce procès hors norme a débuté devant le tribunal correctionnel du Vaucluse. Sept hommes, âgés de 30 à 69 ans. Et ce sont d’abord leurs proches ou les enquêteurs de personnalité qui ont pris la parole. « Je l’attends, je le soutiens, je ne le crois pas capable de commettre un viol »insiste à la barre la compagne de Christian L., 55 ans, alias « Chris le pompier ».
C’est avec son haut d’uniforme griffé « Sapeurs-Pompiers du Vaucluse »que la quinquagénaire avait été filmée, en février 2019, en plein acte sexuel sur une Gisèle Pelicot inerte, assommée aux anxiolytiques par son désormais ex-mari, décrit comme le « conducteur » de ce dossier extraordinaire. Des centaines d’images pédopornographiques ont également été retrouvées sur l’ordinateur de Christian L. ainsi que des messages de discussion sur Internet concernant des viols d’adolescentes et même de petites filles.
Même démenti chez le partenaire de Nizar H., 40 ans, filmé en octobre 2020 en train d’introduire son sexe dans la bouche de Gisèle Pelicot, malgré ses ronflements. « Je suis convaincu de son innocence, il n’a jamais eu l’intention de violer cette dame, je ne l’abandonnerai pas »insiste cette jeune femme de 25 ans. « Dans la famille, nous sommes tous convaincus qu’il a été piégé par ce Pélicot, qui a détruit notre famille »poursuit une sœur de l’accusé. Comme Nizar H., Boris M., 37 ans, et Philippe L., 62 ans, soutiennent avoir été drogués par Dominique Pelicot, le mari, celui qui les avait recrutés sur internet pour venir violer sa femme à leur domicile. maison à Mazan (Vaucluse ). « C’était mon bébé, c’était mon « gâté » (NDLR : mon chéri). Mon amour n’a pas changé pour lui »affirme la mère de Philippe L. Il n’aurait pas « Je n’ai jamais pu faire ça »ajoute son meilleur ami.
Dominique Pelicot de nouveau hospitalisé jeudi
Autre accusé à comparaître cette semaine, Charly A. n’avait que 21 ans lorsqu’il s’est rendu pour la première fois au domicile Pelicot, en 2016. Mais il y est ensuite revenu cinq fois, jusqu’en juin 2020. « Peu bavard »selon l’enquêteur de personnalité, l’accusé devra s’expliquer. Sur ces viols de Gisèle Pelicot, et sur ce projet qu’il aurait évoqué, avec Dominique Pelicot, de violer sa propre mère, la droguant également avec de la drogue. Un scénario auquel il aurait finalement renoncé. Nicolas F., journaliste de 43 ans, était le « bon ami »doté « un humour noir qu’il manie avec finesse ». Mais c’était aussi un homme secret, ne révélant rien de sa vie privée. Au-delà du viol de Gisèle Pelicot, il sera également interrogé sur les images pédopornographiques retrouvées sur son ordinateur.
Le dernier des accusés dans cette affaire dont le cas sera étudié cette semaine, Joseph C., 69 ans, est le seul à ne pas être accusé de viol ou de tentative de viol, mais d’agression sexuelle uniquement, pour défaut d’avoir pénétré Gisèle. Pélicot. Pour cela, il risque sept ans de prison, contre 20 ans pour les 50 autres prévenus. Initialement, ces sept accusés auraient dû être entendus à la mi-septembre. Mais l’étude de leurs cas avait été reportée en raison des problèmes de santé rencontrés par Dominique Pelicot dès la première semaine des débats qui ont débuté le 2 septembre.
Et cette semaine encore leur témoignage pourrait être perturbé par l’état du principal accusé, 71 ans, qui sera de nouveau hospitalisé jeudi à Marseille. Une nouvelle suspension du procès n’est pas exclue, a prévenu le président du tribunal, Roger Arata. Si le calendrier provisoire était maintenu, et si l’hospitalisation de Dominique Pelicot ne durait qu’une journée, l’accusé devrait être entendu sur les faits vendredi, voire lundi, après les auditions d’experts psychiatres puis de psychologues mercredi et jeudi. Dès la semaine prochaine, ce serait alors le début des plaidoiries des parties civiles, puis de la mise en examen et enfin des avocats de la défense. Avant un verdict attendu le 20 décembre.