Les sénateurs proposent une baisse de la TVA pour la « consommation électrique de base »
Le prix des factures d’électricité a été l’un des rares sujets liés à l’énergie évoqués pendant la campagne des législatives. C’est aussi l’un des axes principaux du rapport de la commission d’enquête du Sénat sur l’électricité, présenté jeudi 4 juillet par son rapporteur, le sénateur (centriste) de l’Essonne, Vincent Delahaye.
Après six mois de travail et plus de 140 personnes interrogées, cette commission recommande, entre autres mesures, une réduction « différencié » fiscalité. En tête après le premier tour des législatives, le Rassemblement national (RN) propose une baisse de la TVA de 20% à 5,5% sur l’énergie et les carburants, une mesure décrite par les experts comme très coûteuse et non ciblée sur les ménages les plus démunis – et donc socialement injuste. Les sénateurs, eux, préconisent une baisse de la TVA du même ordre, mais uniquement sur « consommation électrique de base » – autrement dit, la consommation nécessaire pour maintenir vos radiateurs à 19°C ou pour cuisiner, mais pas pour chauffer votre piscine. « La consommation de base est une question de première nécessité, alors qu’il n’appartient pas à la collectivité d’aider une partie de la consommation qui est une question de choix personnel »a déclaré Vincent Delahaye.
« Je ne suis pas sûr que moduler la TVA en fonction de la consommation soit possible et cela reste une mesure indifférenciée, avec un ciblage qui ne se base pas sur le niveau de revenu »regrette Nicolas Goldberg, spécialiste énergie chez Colombus Consulting et Terra Nova – qui a été auditionné par la commission.
Reconstituer ses caisses
La commission d’enquête, présidée par le sénateur (socialiste) du Gers, Franck Montaugé, critique aussi durement l’accord entre EDF et le gouvernement sur le futur prix de l’énergie produite par les 57 réacteurs nucléaires. Conclu en novembre 2023, il prévoit, à partir de 2026, de laisser EDF vendre son électricité nucléaire aux fournisseurs sans aucune régulation jusqu’à 78 euros par mégawattheure (MWh), ce qui donnerait au groupe les moyens de renflouer ses caisses et d’investir. Au-delà de ce montant, l’Etat capterait une partie des revenus pour les redistribuer aux consommateurs.
Mais pour les sénateurs, qui déplorent les discussions « opaque » entre EDF et l’État, qui a été présenté comme une » accord « est en fait juste un « simple feuille volante non signée, sans valeur juridique », qui « ne protège ni EDF ni les consommateurs » et expose les prix « aux aléas des marchés de gros ». La commission d’enquête recommande de le remplacer par un « une véritable régulation » par le biais d’un contrat nucléaire à long terme existant (appelé « contrat pour différence »). Elle estime que cela permettrait d’établir « une corrélation structurelle » entre les prix de l’électricité et les coûts de production et aboutirait à un prix d’environ 60 ou 65 euros par MWh, « une économie annuelle de plus de 300 euros pour un ménage moyen »Cette hypothèse a cependant été clairement rejetée par l’Etat et EDF au motif qu’elle pèserait lourdement sur les finances publiques et paraîtrait difficile à mettre en œuvre.
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