NouvellesNouvelles locales

Les sapins de Noël du Morvan auront bientôt leur propre IGP

Le logo « indication géographique protégée » devrait pouvoir orner les sapins de la région, premier producteur français, à partir de Noël 2025. Une manière pour les opérateurs de se protéger de la concurrence étrangère et de donner des garanties environnementales.

Après les vins, les volailles ou encore les fromages, est-ce au tour des sapins de Noël de bénéficier de leur propre appellation protégée ? Les producteurs de sapins du Morvan, la plus grande région de France, espèrent pouvoir orner leurs sapins du logo IGP (indication géographique protégée) pour Noël 2025. « Ce serait la première IGP horticole française »se félicite Jean-Christophe Bonoron, président de l’Association française des sapins naturels de Noël (AFSNN) et responsable d’une exploitation de 80 hectares dans la Nièvre.

Les quinze grands producteurs de sapin du Morvan touchent donc presque à leur objectif, après des années de travail. Le dossier IGP a en effet été déposé en 2020. « Cela fait quatre ans que nous améliorons le cahier des charges »dit Jean-Christophe Bonoron. Et « il a été validé par la France il y a seulement quelques mois »ajoute le producteur. Fin septembre, la « procédure nationale d’opposition » (PNO) ouverte par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) a expiré, et la demande n’a fait l’objet d’aucun recours.

Il ne manque plus que la validation de la Commission européenne, attendue dans les prochains mois. Le sapin de Noël du Morvan deviendrait alors seulement le quatrième produit horticole non comestible à avoir droit à son IGP en Europe, après le laurier des Flandres (Belgique), l’azalée gantoise (Belgique) et le rosier de Szőregi (Hongrie).

Contraintes environnementales

L’IGP est en fait un label européen. Et vise à compléter le « Label Rouge », panneau national homologué en 2016 pour les sapins de Noël. Car si cette dernière repose sur des exigences qualitatives, « ce n’est pas une garantie des sapins français »souligne Frédéric Naudet, l’un des plus gros producteurs de sapins de Noël en France et basé dans le Morvan. L’IGP serait donc « la première certification de la production française de sapin »ajoute-t-il. Une manière de défendre la production française face à la concurrence étrangère de la Belgique et du Danemark, premier producteur européen de sapins de Noël (12 millions par an). Et améliorer « traçabilité et visibilité pour le client final »constate Jean-Christophe Bonoron, alors que 30 % des Français attachent de l’importance à l’origine française de la production de sapin, selon une étude de Kantar pour FranceAgriMer et l’interprofession du végétal VALHOR réalisée en 2023.


Dans le cahier des charges, nous nous sommes imposés beaucoup de contraintes, afin de rassurer les clients

Jean-Christophe Bonoron, président de l’Association Française des Arbres de Noël Naturels (AFSNN)

Pour les producteurs de sapin du Morvan, cette IGP est aussi un gage de bonne foi en matière environnementale. « Dans le cahier des charges, nous nous sommes imposés beaucoup de contraintes, afin de rassurer les clients »affirme Jean-Christophe Bonoron. Par exemple, l’abandon des engrais minéraux de synthèse au profit des engrais organiques, l’obligation d’enherber les tournières – les bandes de terre autour des plantations – et leur fauche tardive, ou encore l’obtention d’une certification éco-responsable : bio ou du moins la « Plante Bleue ». étiquette. Cette dernière, créée en 2011, « identifie les horticulteurs et pépiniéristes français engagés dans une démarche sociale et respectueuse de l’environnement »explique le ministère de l’Agriculture sur son site. Pour être éligibles, les entreprises certifiées doivent notamment limiter l’utilisation d’engrais et réduire les traitements.

Un secteur toujours critiqué

Même si les producteurs affirment être déjà sur la voie du verdissement depuis plusieurs années, le secteur reste critiqué par les militants écologistes et les associations. « Les forêts de sapins sont toujours pleines de pesticides ! Les producteurs les utilisent pour limiter la croissance des sapins et favoriser leur remplissage – branches denses au bas du tronc.s’indigne auprès de nos confrères de La Croix Régis Lindeperg, fondateur de l’association Adret Morvan et SOS Forêt.

« Nous sommes obligés d’utiliser des doses minimales de produits phytosanitaires durant les premières années de culture, sinon les sapins se retrouvent étouffés dans l’herbe »justifie Jean-Christophe Bonoron. Les doses homéopathiques, défendent ainsi les producteurs, brandissant pour preuve leur indice de fréquence de traitement (IFT) – qui calcule le nombre moyen de traitements par hectare et par an -, « le plus bas de France ». Pour les associations environnementales, au-delà de l’IGP, le vrai sujet est plutôt le manque de promotion des sapins bio. Celles-ci ne représentent en effet aujourd’hui que 1% de la production nationale.

hd1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page