« Les salariés l’ont appris avec découragement dans la presse » : Rodolphe Saadé, nouveau propriétaire de BFMTV et RMC, envisagerait de fermer BFM Paris Île-de-France
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l’histoire de « Motus » et la première visite des candidats à « Fort Boyard », Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné de politique, d’économie des médias. et leur stratégie de programmation.
Lors d’un dîner à Marseille, dont « La Lettre » a récupéré le menu, Rodolphe Saadé aurait tapé du poing sur la table, déplorant notamment que la fermeture de BFM Paris Île-de-France, apparemment entérinée il y a plusieurs mois, , ne s’est pas encore concrétisé.
Rachida Dati répond à Rodolphe Saadé : « L’intérêt du groupe ne doit pas impacter l’indépendance de la rédaction » © LCP
Le reste après l’annonce
Chez RMC BFM, le climat social pourrait se dégrader. Son nouveau propriétaire, Rodolphe Saadé, aurait donné instruction à ses collaborateurs de fermer BFM Paris Île-de-France, l’une des chaînes régionales regroupées au sein de la marque BFM Régions. Constatant, près de deux mois après la prise de fonction de Jean-Philippe Baille (directeur général adjoint de l’information chez RMC BFM), que cette décision – comme plusieurs autres – n’avait pas été suivie d’effets, le milliardaire aurait réitéré sa demande avec plus de fermeté. lors d’un dîner.glacial« , indique « La Lettre », organisée ce mercredi 20 novembre 2024, en marge du Comité Exécutif de sa filiale regroupant ses activités de presse et d’audiovisuel.
« Stupéfaction » et « consternation »
Cette décision serait motivée par le déficit généré par cette antenne notamment. Contrairement aux 9 autres chaînes locales du groupe, BFM Paris Île-de-France, créée en 2016, « a perdu deux à trois millions d’euros par an depuis son lancement par Patrick Drahi et Alain Weill», rappelle « La lettre » dans cet article, qui n’a pas échappé à la CGT RMC BFM – CMA Média. Le syndicat a interrogé Rodolphe Saadé sur X ce mercredi : «Lors de votre visite, nous avons tendu la main pour établir un dialogue social apaisé et constructif« , a-t-il rembobiné. « C’est avec stupeur que nous apprenons votre projet de fermeture de BFM Paris. Pourquoi choisir la voie de la confrontation ?« , ont demandé ses membres.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) partage le «consternation« de la part de ses homologues CGT : »La station BFM Paris Île-de-France serait menacée. Après avoir connu trois réorganisations en quatre ans, les salariés ont appris avec découragement ce matin dans la presse…», déplorent les deux organisations sur la forme et sur le fond dans un communiqué commun intitulé « BFM Paris va-t-elle fermer ? La direction doit réagir. « Surtout, rappelons aux syndicats, que BFM Paris-Île-de-France n’a pas été épargnée par les restructurations. »En quatre ans, (la chaîne) a connu un plan de départs volontaires, trois réorganisations éditoriales ainsi que de profonds changements dans les manières de travailler..
Cette dernière aurait contribué à la dégradation des conditions de travail des salariés. « L’intensification de la charge de travail et le virage éditorial confus ont plongé les salariés dans un profond mal-être et une perte de sens professionnel. Comme le souligne le rapport d’expertise commandé par les élus du CSE en février dernier. Malgré ces changements, la rédaction a toujours travaillé avec détermination et résilience pour maintenir une diffusion de qualité.« , insistent le SNJ et la CGT qui prennent Rodolphe Saadé au mot. « Alors qu'(il) a insisté à plusieurs reprises sur vouloir conserver l’ensemble des salariés, cette clause de mutation (ouverte du 1er octobre 2024 au 31 mai 2025, ndlr) semble aujourd’hui déguisée en plan social pour BFM Paris. Elle nous interroge sur les ambitions du groupe en matière d’implantations locales», concluent avec inquiétude les syndicats qui «demandez à être reçu dans les plus brefs délais par Rodolphe Saadé ».
BFM Paris, ligne éditoriale, Éric Brunet… Les sujets brûlants s’accumulent
Cet entretien pourrait aussi être l’occasion pour le SNJ et la CGT de dire un mot sur la charte d’indépendance, actuellement en négociation avec CMA Média. Selon « L’informé », les deux syndicats ont demandé à être reçus par l’Arcom sur ce dossier face à « manque de dialogue« de la direction »,clos sur le sujet« . Le régulateur s’est déjà entretenu, ce mercredi 27 novembre, avec la Société des journalistes de BFMTV, opposée comme la direction à la création d’un bloc de chaînes d’information sur la TNT.
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Décidément, les sujets brûlants s’accumulent. Outre le projet de fermeture de BFM Paris Île-de-France, Rodolphe Saadé n’aurait pas caché son impatience face à «un mercato qui s’éternise« . A l’exception de l’arrivée de Guillaume Daret, transfuge de France Télévisions qui animera « BFM politique » à partir de janvier 2025, aucun recrutement externe n’a été annoncé depuis le changement d’actionnaire. Par exemple, relaye « La Lettre », « l’homme d’affaires ne comprend pas pourquoi le remplacement d’Éric Brunet (à la tête avec Alice Darfeuille du « 20h Brunet » du lundi au jeudi entre 20h et 22h, ndlr) prend autant de temps ».
Rodolphe Saadé aurait finalement été surpris par «hésitation éditoriale ressentie par la rédaction de 300 journalistes » de BFMTV. Fabien Namias, directeur général de BFMTV, l’a annoncé dès son arrivée, dixit « La Lettre », « une inflexion de ligne : moins de buzz, moins de clash, plus d’international« . Mais cette promesse pourrait être contrariée par les audiences. Pour la première fois ce mois-ci (!), BFMTV, désormais en position de challenger, s’est classée devant CNews en semaine ce jeudi 21 novembre 2024 (3,8 % contre 3,7 % pour la chaîne 16), une journée marquée par… le déploiement de l’important système de couverture des intempéries en France.