les salariés de l’usine Sanofi de Lisieux en grève, le ministre de l’Économie sur place – Libération
De quoi raviver bien des mauvais souvenirs industriels. Quelques jours après l’annonce des négociations entre Sanofi et le fonds d’investissement américain CD&R pour la vente de la filiale productrice de Doliprane, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Marc Ferracci, se rendront en visite le site de production Sanofi de Lisieux (Calvados) ce lundi 14 octobre. Ils sont arrivés vers 10 heures, selon un journaliste de Libérer présents sur place, afin de soutenir la production du Doliprane « made in France ». Le comité d’accueil comprenait le président de Sanofi, Frédéric Oudéa.
Le locataire de Bercy compte discuter « avec les salariés et leurs représentants des garanties, des conditions car produire du Doliprane en France est notre stratégie industrielle et souveraine et sanitaire et elle doit le rester », a-t-il déclaré dimanche sur BFMTV.
Les salariés ont appelé à la grève pour ce lundi, avec un rassemblement à 9 heures devant les portes de l’usine normande. La discussion entre Sanofi et le fonds américain, « très, très mauvaise nouvelle », s’est alarmé Christophe Quillé, de la CGT, et salarié de Sanofi depuis quarante ans. « Nous savons que les fonds de pension américains sont des investissements à court terme » a-t-il rappelé samedi sur France Bleu. « On connaît le passé : on ferme, puis quelques années plus tard, un nouvel repreneur arrive. Il réduit donc les effectifs et, au bout d’un moment, vend les meubles. De son côté, s’est inquiété Thierry Van Boxstael, co-secrétaire du syndicat local de la CGT de Lisieux, au micro de BFMTV.
Sur le plateau de la chaîne d’information en continu, le jeune ministre de l’Économie montre dimanche ses muscles. « Mon engagement est que le Doliprane continue d’être produit en France, par des salariés en France. » a martelé Antoine Armand. Interrogé sur une possibilité de bloquer cette vente, il a même laissé ouverte cette porte très interventionniste : « Nous demanderons des garanties extrêmement fortes, de nature à rassurer à moyen terme aussi bien les salariés que les Français (…) et si ce n’est pas le cas, rien ne me semblera interdit à première vue. »
Mais avant d’en arriver là, le gouvernement est convaincu d’avoir obtenu des engagements de maintien des sites industriels en France de la filiale de produits de grande consommation de Sanofi. « Nous discuterons de ces engagements dans le cadre de la procédure introduite ces dernières années, appelée procédure de contrôle des investissements étrangers », ce qui permet éventuellement de bloquer le rachat d’une entreprise étrangère, a déclaré le ministre délégué chargé de l’Industrie Marc Ferracci sur France 3. « Je pense très sincèrement que des engagements seront pris, qui seront très solides, tant pour maintenir l’emploi que pour maintenirr la sécurité d’approvisionnement des Français» en médecine, a-t-il ajouté.
« Stratégique »
Dans un mail adressé à Libération ce lundi matin, la direction de la communication de Sanofi a réfuté toute « déménagement » avenir. « Ce projet n’aura aucun impact sur l’emploi en France. Les sites de Compiègne et Lisieux sont tellement stratégiques pour l’activité d’Opella (la filiale de Sanofi produisant le Doliprane, NDLR) qu’il est absurde d’imaginer une seule seconde que leur avenir ne serait pas assuré. a assuré le groupe pharmaceutique français.
L’annonce du passage du médicament le plus vendu en France sous pavillon américain a fait sourciller les hommes politiques de tous bords, dont certains ont exhorté le gouvernement à bloquer cette opération, au nom de la souveraineté sanitaire française.
Dans une chronique publiée par la Tribune dimanche, tous les parlementaires PS ont pris la plume pour s’opposer à leur tour à cette opération : « Le gouvernement doit refuser le rachat américain de l’usine Sanofi de Lisieux, et exiger de Sanofi qu’il conserve le contrôle national de ces activités essentielles à notre souveraineté », ils ont écrit.
Mise à jour : à 11h17, avec l’arrivée des ministres à l’usine de Lisieux, ainsi que le mail de Sanofi à Libé.