Les salariés de l’audiovisuel public entament leur mobilisation contre la réforme de leur entreprise
« Non à la holding. » « Fusion = piège à idiots. » « Non à la destruction de l’audiovisuel public ! » Des pancartes bricolées à la hâte sur des morceaux de carton et des drapeaux syndicaux multicolores se sont ajoutés, jeudi 23 mai, au chaos des embouteillages et des terrasses bondées de la place Colette, à Paris.
Malgré l’inquiétude et le désarroi suscités par le projet de fusion-absorption censé réunir France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’Institut national de l’audiovisuel (INA), un certain soulagement était perceptible parmi les plusieurs centaines de salariés rassemblés de l’autre côté de la rue. la cour hérissée des colonnes de Buren, qui jouxte le ministère de la Culture. Non seulement l’ampleur de la mobilisation – historique à Radio France et France Médias Monde, plus modeste à France Télévisions – a mis du baume au cœur des grévistes également mobilisés à Caen, Toulouse et Amiens, mais l’annonce du report des débats La séance plénière, prévue à l’Assemblée nationale jeudi 23 et vendredi 24 mai, venait de tomber.
« C’est une première victoire », Sophie Binet s’est immédiatement réjouie au micro d’une sono faible. Pour le secrétaire général de la CGT, la décision de reporter l’examen du projet de loi ne doit rien à un éventuel « burn-out des députés »mais tout cela à une majorité de moins en moins certaine. « J’espère que ce report sera sine die »renchérit le sénateur honoraire David Assouline (Parti socialiste), consterné par le retour aux débats de « cette tarte à la crème de holding ou de fusion alors que bien d’autres dangers pèsent sur l’audiovisuel public », pour commencer celui de son financement.
Faire de la pédagogie
Pendant qu’une délégation de l’INA pose pour une photo souvenir (« une réforme INacceptable »proclament leur slogan), le député Olivier Serva (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) assure les salariés du soutien de son groupe à l’Assemblée nationale, comme l’a fait quelques instants plus tôt Sophie Taillé-Polian au nom du groupe Ecologistes-Nupes.
Ce report « va nous permettre d’avoir un peu plus de temps pour faire comprendre les enjeux de cette réforme, en informant les auditeurs et en sensibilisant les députés », explique Bertrand Durand, délégué syndical CGT à Radio France. Faire de la pédagogie, mais à partir de quoi ? « C’est la confusion totale, on ne sait toujours pas si on doit être dans la holding ou ailleurs, si on rejoint une autre rédaction, si la marque disparaît »liste Julien Fanciulli, présentateur à France 24, regrettant que France Médias Monde soit au cœur d’un bras de fer entre les deux ministères de tutelle du groupe, le Quai d’Orsay et la rue de Valois.
Il vous reste 50,15% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.