Les salariés de Duralex patientent devant le tribunal de commerce d’Orléans : « Nous espérons le moins de perturbations sociales possible »
Mercredi 17 juillet, à 20 heures, l’audience au tribunal de commerce d’Orléans était toujours en cours. Les 228 salariés de Duralex n’ont toujours pas pris de décision sur leur avenir.
« Nous espérons qu’il y aura le moins de perturbations sociales possible. »
Les mêmes mots, les mêmes attentes dans les propos de Mickaël, Emina, Damien, Alexis. Tous sont salariés de Duralex, la verrerie historique de La Chapelle-Saint-Mesmin.
En début d’après-midi, présents devant le tribunal d’Orléans, ils étaient unanimes. Leur avenir et « celui de 130 familles » dépendait de la décision du tribunal de commerce d’Orléans. Pierre, un retraité de l’entreprise parti il y a cinq ans, a passé quarante ans dans l’entreprise « comme c’était le cas chez Duralex, c’est mon père qui m’a fait venir. Il y a travaillé plus de trente ans. Ça me fait mal pour mes amis. C’est un emblème à Orléans. On a eu jusqu’à 900 salariés. »
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Une audience très longue
Lors de l’audience qui a débuté à 15h30, les dirigeants actuels de la nouvelle société Duralex International étaient présents et ont fait le point. Puis, les trois candidats à la reprise ont été entendus à la barre. Adrien Tourres de la holding Tourres et Compagnie a présenté en premier leur projet et ce pendant près de deux heures. Le groupe est à la tête de deux verreries.
« Nous avons expliqué notre plan de reprise et comment résoudre les problèmes de l’entreprise », a déclaré le dirigeant après son audition.
« Nous garderions 183 personnes sur 228 salariés »
« Avec beaucoup de questions pratiques. Le tribunal a eu des réponses satisfaisantes pour délibérer sereinement. Nous possédons une entreprise, La Rochère, qui a le même savoir-faire, les verres de table. La seule différence est que nous avons une dynamique commerciale avec des nouveautés régulières. Duralex manque de créativité, ils n’ont rien sorti depuis 2018. Connaissez-vous beaucoup d’entreprises qui ne proposent pas de nouveautés ? Il faut redynamiser cette entreprise qui a un savoir-faire, des collaborateurs et des outils exceptionnels. »
Et d’ajouter : « Nous sommes solvables financièrement, nous avons la confiance des banques françaises. Nous faisons le même travail. Il y a mieux à faire pour Duralex. »
Le groupe a réévalué sa position concernant le nombre de salariés qui seraient conservés si son offre était acceptée, « nous gardons le savoir-faire de pratiquement tous les verriers et nous garderions 183 personnes » sur les 228 salariés actuels.
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Confiant dans le projet Scop
Lors de leur audience, l’ambiance dans le hall du tribunal d’Orléans était partagée entre l’impatience et la mesure des enjeux. Les représentants du projet Scop, emmenés par le directeur du site François Marciano, étaient nombreux, avec les salariés, leurs conseillers et les élus. Serge Grouard, le maire d’Orléans, et François Bonneau, le président de la Région Centre-Val de Loire, étaient présents pour s’exprimer devant le tribunal.
« Dans ce cas, le contexte est particulier, avec un soutien politique et une mobilisation médiatique qu’on ne voit pas tout le temps », précise le conseil d’administration de la SCOP. Avant leur présentation, François Marciano s’est déclaré serein. « Avec toute l’équipe, on maîtrise à 100 % le sujet. Les autres passent à côté de l’essentiel. Sur un marché de plusieurs millions d’euros, on représente 1 %, on veut aller chercher 2 %, avec de nouvelles gammes de pots. On veut relancer l’industrie de la conserve et avec des boîtes hermétiques. Et il faut mettre du Duralex dans les magasins. »
C’est lui qui a initié le projet de Scop, se mettant ainsi en porte-à-faux avec New Duralex International. « Je me suis posé la question de créer une société avec des investisseurs. Mais, cette société, à chaque fois, a été pillée. La Scop est le seul moyen de protéger les salariés sur le long terme. Avec ce statut, elle ne peut pas être vendue. Tout le monde est derrière la Scop. »
C’est très solennellement, devant les caméras et les photographes, que la délégation est entrée dans la salle d’audience vers 18 heures.
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Troisième offre : « la plus réaliste financièrement » ?
Le tribunal doit ensuite entendre la proposition soutenue par Jonathan Carlesimo : « Ce n’est pas l’offre la plus sexy, mais c’est la plus réaliste financièrement. Il faut revoir la structure, pas y mettre des millions de plus. Il faut que ce soit durable. » Avec son avocat, il précise que l’offre qu’ils avaient proposée, qui prévoyait de garder 75 salariés, a été réévaluée à 125.
« La masse salariale n’est pas en phase avec le chiffre d’affaires. Duralex n’est plus une grande entreprise, c’est une PME. Il faut la gérer comme telle. »
Le groupe est spécialisé dans la reprise d’entreprises en difficulté dans le secteur industriel. Nous produisons des déchets de verre qui peuvent être réutilisés dans les verreries », souligne-t-il.
Une décision probablement ultérieure
Alors que les parties prenantes étaient impatientes de connaître la décision du tribunal, les avocats spécialisés tablaient sur une décision qui serait rendue ultérieurement. Pour Serge Grouard, maire d’Orléans et président de la Métropole, qui s’est engagé à racheter le terrain si le projet de Scop est accepté, « il faut une décision rapide pour les salariés, pour les clients. Il faut que cette période d’instabilité se termine pour montrer que l’entreprise tourne ».
Cindy Roudier-Valaud