Ce n’est pas une surprise, et on le dit souvent, le « vite fait » a la cote auprès des Français, et cela se confirme encore une fois avec les légumes prêts à l’emploi, carottes, haricots verts, chou-fleur, frais, lavés, pelés et conditionnés en sachet !
C’est encore plus vrai avec les salades : 7 Français sur 10 en mangent. Sauf que la qualité laisse à désirer ! Dans son numéro d’avril de 60 millions de consommateurs, le mensuel a testé 26 produits – 13 laitues et 13 mâches en sachets – et le constat a été que beaucoup étaient chargés de résidus de pesticides. Décryptage avec Patricia Chairopoulous, après tests et analyses sur 26 références de salades en sachet.
franceinfo : Que cherchiez-vous exactement ?
Patricia Chairopoulous, rédactrice en chef : Nous avons soumis les échantillons de ces 26 salades à des analyses en laboratoire afin de rechercher des résidus de pesticides et de les quantifier. S’agissant de produits fragiles, exposés à des maladies difficiles à soigner, leur culture nécessite un usage fréquent de fongicides et d’insecticides. Nous avons également mesuré les résidus de solution chlorée, utilisée dans les usines, pour laver les salades avant de les mettre en sacs.
Au total, 28 molécules différentes ont été identifiées. En effet, la grande majorité de nos salades sont contaminées, et de manière significative : nous avons retrouvé en moyenne 4 résidus de pesticides par salade. Seules deux laitues et trois mâches sont exemptes de contamination.
Et parmi ces molécules, certaines sont-elles dangereuses pour la santé ?
C’est la chose la plus énervante. Nous avons trouvé huit molécules suspectées d’avoir au moins une action « cancérigène, mutagène ou toxique pour la reproduction » (CMR). Au total, 11 laitues et 4 mâches contenaient un ou plusieurs résidus de pesticides potentiellement CMR.
Certes, les quantités constatées sont toutes dans les limites réglementaires, même pour la plus élevée du test (0,18 mg/kg de métaflumizone dans la laitue Carrefour Market). Autrement dit, il n’y a – en théorie – aucun risque pour la santé.
Pourrait-il y avoir un effet cocktail lorsque l’on retrouve plusieurs traces de pesticides différents dans un produit ?
Nous ne pouvons pas l’exclure, notamment avec les substances CMR. Certes, nous disposons désormais de données sur les mélanges de résidus auxquels les Français sont les plus exposés ; Ces données indiquent, pour la plupart, qu’il s’agit principalement d’effets additifs.
Mais ici, nous sommes en présence de produits phytosanitaires moins répandus, et nous ne pouvons donc pas certifier l’absence d’un effet cocktail, c’est-à-dire d’un effet nocif accru, dû à la combinaison de certaines molécules.
Mais si vous relavez votre salade, même si elle indique qu’elle est prête à l’emploi, est-ce une manière d’éliminer d’éventuelles traces de chlore ou de pesticides ?
Pour les pesticides, malheureusement non. Le lavage élimine uniquement les résidus hydrosolubles et ceux présents à la surface des feuilles. En revanche, il ne sera pas efficace sur les pesticides logés au sein de la matrice végétale.
Quant au chlore, il part effectivement avec l’eau. Mais rassurons-nous : nos analyses ont montré que les résidus de chlore étaient en très faible quantité, voire absents, dans les produits bio.
jeFaut-il se méfier des salades en sachet à très longue conservation ?
Normalement, le date d’expiration (DLC), qui chiffre nécessairement sur l’emballage, n’est jamais très long. Il faut savoir qu’une grande partie des salades, sensibles à l’oxygène, sont conditionnées « sous atmosphère protectrice ». « Ce procédé permet à la salade de se conserver environ huit jours.
Mais L’l’atmosphère protectrice nécessite de maintenir une température à 4°C pendant toute la durée du stockage ; c’est pourquoi, En magasin, les salades en sachet doivent se trouver dans une armoire réfrigérée.
D’une manière générale, d’où viennent toutes ces salades, car la laitue ne pousse pas en novembre, mais on en trouve tout le temps ?
Oui tout à fait ! De novembre à avril, les fabricants s’approvisionnent auprès du sud de l’Europe, principalement en Italie et en Espagne, pour la plupart des salades comme la laitue. Mais l’été, il s’agit de cultures françaises, dans des parcelles en plein champ dédiées à ces produits. Seule la mâche, salade d’hiver, peut rester cultivée en France toute l’année. Certains emballages indiquent l’origine de la salade, mais cette indication n’est pas obligatoire sur les produits transformés.
Est-ce ce qui explique le prix élevé de toutes ces salades prêtes à l’emploi ?
Pas seulement. Le prix comprend le coût de la main d’œuvre, du sachet et des installations nécessaires à leur préparation. Selon notre étude, les prix la laitue en sachet (200 grammes pour la plupart des références) varie de 4,40 €/kg à 9,72 €/kg. A titre de comparaison, une laitue fraîche entière, pesant environ 300 grammes, coûte en moyenne moins de 1,10 euro ; même en ajoutant 15 à 20% de perte, le prix reste inférieur.
Et le bio est-il une garantie ?
Globalement oui, mais dans notre test, la mâche bio contient un résidu résultant de la dégradation d’un herbicide, interdit d’utilisation depuis 2010 ! On ne peut pas savoir s’il s’agit d’une erreur, d’une contamination involontaire ou d’un ajout volontaire. Cette molécule étant persistante dans le sol, il pourrait s’agir d’un cas de contamination accidentelle de l’environnement.
Quels conseils pourriez-vous donner avant de faire vos achats ?
On constate que la mâche est généralement moins contaminée que les autres salades. Sinon, pour des raisons environnementales, on peut essayer de se passer des sacs plastiques et privilégier les salades en vrac.