Plus de risques de mourir, d’être victimes de terribles violences physiques et sexuelles ou d’enlèvement : les routes qui conduisent les migrants du Sahara aux rives nord-africaines de la Méditerranée sont plus dangereuses et plus empruntées que jamais, souligne l’ONU, vendredi 5 juillet. Un nouveau rapport au titre choc, « Dans ce voyage, nous ne nous soucions pas de savoir si vous vivez ou mourez », estime que « deux fois plus de personnes meurent » sur ces routes terrestres ainsi que sur la route maritime centrale de la Méditerranée menant vers l’Europe, où près de 800 décès ont déjà été recensés depuis le début de l’année.
Bien que les auteurs reconnaissent les limites de leurs statistiques concernant les voies terrestres, en raison du manque de données suffisantes, cela représente des milliers de décès chaque année. « Toute personne ayant traversé le Sahara vous racontera des cadavres vus, des corps jetés. »explique Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour la Méditerranée occidentale et centrale, lors d’un point de presse à Genève.
« Quiconque a traversé le Sahara peut vous parler de personnes qu’il connaît qui sont mortes dans le désert. »« Abandonnés dans le désert par des passeurs, victimes d’accidents ou simplement malades et jetés hors du pick-up », insiste-t-il. En l’absence de structures d’aide adéquates, d’un véritable système de recherche et d’assistance, ils sont généralement condamnés à mourir.
Ce nouveau rapport, qui s’appuie sur des entretiens avec plus de trente mille migrants ou réfugiés menés entre 2020 et 2023, a été réalisé conjointement par le HCR, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Centre conjoint sur les migrations pour permettre une assistance plus efficace, mieux informer les décideurs politiques et apporter des réponses à la situation.
Malgré les dangers, les gens fuient en plus grand nombre, en partie parce que « la détérioration de la situation dans leurs pays d’origine et dans les pays d’accueil – y compris l’éclatement de nouveaux conflits au Sahel et au Soudan, l’impact dévastateur du changement climatique et les situations d’urgence nouvelles et de longue date dans l’Est et la Corne de l’Afrique »un communiqué de l’ONU a déclaré. D’autres raisons de départ incluent « le racisme et la xénophobie qui touchent les réfugiés et les migrants », notamment Africains subsahariens au Maghreb.
Là encore, les statistiques précises manquent, mais les données du HCR montrent par exemple un triplement du nombre d’arrivées en Tunisie entre 2020 et 2023.
« Il ne s’agit pas d’encourager les gens à se lancer dans ce voyage dangereux, mais de trouver des solutions protectrices pour faire face aux abus et aux violations dont ils sont victimes. »« Nous sommes très inquiets de la situation des migrants et des réfugiés, qui sont en train de fuir l’immigration », a expliqué Vincent Cochetel, s’adressant à certains responsables politiques européens qui ont fait de la lutte contre l’immigration leur principal message. Le patron du HCR a rappelé que la grande majorité de ces migrants et réfugiés ne cherchaient pas à rejoindre l’Europe.
Pour des raisons éthiques – les sondeurs ne pouvant pas apporter d’aide concrète aux personnes interrogées –, les questions portaient sur la perception du risque plutôt que sur son vécu. Le principal risque, cité par 38 % des personnes interrogées pour ce rapport, était la violence physique. Le risque de mourir était cité par 14 % et la violence sexuelle était mentionnée par 15 % des personnes interrogées. M. Cochetel a également cité l’enlèvement, cité par 18 % des personnes interrogées.
Il estime également plusieurs « des centaines » le nombre de victimes du trafic d’organes. Il y a ceux qui vendent un rein pour survivre, par exemple, mais aussi ceux qui sont victimes de vol. « La plupart du temps, les gens sont drogués, l’organe est retiré sans leur consentement et ils se réveillent avec un rein manquant. »a déclaré M. Cochetel, rappelant qu’il s’agissait d’une pratique ancienne et bien connue. Dans certains pays, il existe même une publicité pour inciter à la vente d’un organe, souligne-t-il.
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Le rapport révèle également que les trafiquants et les passeurs ne sont pas nécessairement considérés comme les principaux auteurs de violences aux yeux des personnes interrogées, qui citent souvent les gangs, mais aussi les membres de la police ou de la police. « acteurs non étatiques » comme les groupes rebelles ou djihadistes.
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