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Les retraits pour bloquer le Rassemblement national ont-ils fonctionné ?

Le parti d’extrême droite et ses alliés sont arrivés troisièmes au second tour des législatives, derrière le Nouveau Front populaire et la coalition présidentielle Ensemble. Une performance qui s’explique par des désistements au second tour, qui ont pénalisé les candidats du RN.

Un résultat en forme de surprise, une semaine après la victoire du Rassemblement national au premier tour. Le Nouveau Front populaire est devenu, dimanche 7 juillet, la première force politique à la prochaine Assemblée, à l’issue du second tour des législatives. L’alliance de gauche a obtenu entre 177 et 192 sièges à l’Assemblée nationale, selon le quotidien français. Estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP. Classé troisième dans les enquêtes d’opinion entre les deux tours, Ensemble arrive finalement deuxième avec 152 à 158 sièges, devant le Rassemblement national et ses alliés. Le bloc d’extrême droite n’est que troisième, avec 138 à 145 sièges. En cause, l’effet massif joué par les désistements liés au front républicain.

Après le premier tour, 215 candidats Les candidats qualifiés pour le second tour dans une course à trois ou quatre s’étaient retirés pour faire barrage à l’extrême droite. Une réaction massive au score historique du Rassemblement national et de ses alliés au soir du 30 juin : ces derniers avaient obtenu 33,2% des suffrages exprimés, selon le ministère de l’Intérieur. Une semaine plus tard, les candidats d’extrême droite étaient finalement défaits dans 173 des 215 circonscriptions concernés par ces retraits.

Ces retraits ont été « formidable, absolument efficace »commente Gaël Sliman, président de l’institut de sondage Odoxa. « Au soir du premier tour, il y avait un grand vainqueur, le Rassemblement national, qui pouvait espérer au pire une majorité relative et au mieux une majorité absolue avec ses alliés ciottistes. Il y a eu 300 scrutins à trois (impliquant la RN), rappelle le sondeur. Ces retraits républicains ont tout changé.

Dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône, la députée sortante Anne-Laurence Petel avait refusé de se retirer au profit du candidat du Nouveau Front populaire Jean-David Ciot. Leur rival d’extrême droite, Gérault Verny, arrivé en tête au soir du premier tour, l’a emporté dimanche soir.

« Le candidat qui se retire et demande à voter contre le Rassemblement national, c’est un sacrifice symbolique très fort. C’est très efficace, ça a eu un effet massif. »

Gaël Sliman, Président d’Odoxa

à franceinfo

Gaël Sliman ajoute que les abstentionnistes du premier tour ont aussi pu se mobiliser au second tour, face à la perspective d’une majorité relative ou absolue de l’extrême droite au Palais-Bourbon. Un autre facteur a joué dans les derniers jours de campagne, selon Gaël Sliman : les interviews manquées de certains candidats du RN auprès des médias locaux et les révélations concernant des propos racistes, antisémites voire climatosceptiques de nombre d’entre eux.

Dans les circonscriptions où le RN et ses alliés pouvaient l’emporter, 125 candidats du Nouveau Front populaire se sont retirés, contre 80 candidats du bloc présidentiel Ensemble et ses alliés. De fait, les retraits ont davantage profité à l’ancienne majorité : dimanche soir, le camp présidentiel a remporté 86 des 215 circonscriptions concernées par les retraits des Républicains, contre 57 pour l’alliance de gauche.

Une estimation Ipsos-Talan pour France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et LCP détaille le transfert des voix entre le premier et le second tour. Il révèle que les électeurs du Nouveau Front populaire ont suivi, plus que les autres, ces désistements républicains. En cas de duel entre Ensemble et le Rassemblement national au second tour, 72% des électeurs qui avaient voté à gauche au premier tour se sont mobilisés pour le camp présidentiel.

Dans le cas d’un duel entre Les Républicains et le Rassemblement national au second tour, 70% des électeurs du Nouveau Front populaire ont choisi de voter pour le candidat LR. Dans ce cas également, les électeurs qui avaient voté Ensemble au premier tour ont été 79% à avoir voté pour le candidat de droite.

Dans le scénario d’un second tour opposant un candidat d’extrême droite à un candidat socialiste, écologiste ou communiste, un peu plus de la moitié (54%) des électeurs d’Ensemble ont voté pour le front républicain. En revanche, seuls 43% ont voté pour le candidat de gauche au second tour lorsque ce dernier était étiqueté La France insoumise.

« Vous avez des reportages massifs de la gauche sur des candidats d’Ensemble pour s’opposer au RN. Même les reportages d’Ensemble sont très forts à gauche pour s’opposer au RN. »

Brice Teinturier, Directeur Général Délégué d’Ipsos France

sur France 2

Chez les électeurs républicains ou de droite divers, 29% ont choisi un candidat socialiste, écologiste ou communiste plutôt que le RN, mais 34% ont préféré voter pour l’extrême droite et 37% se sont abstenus. Seuls 26% des électeurs LR et de droite ont voté dimanche pour un candidat insoumis face au RN. Quelque 38% d’entre eux ont préféré l’extrême droite et 36% ont boycotté les bureaux de vote, selon la même estimation.

« Les deux parties se sont bien mobilisées. Ces retraits ont apporté une nette amélioration. »

Gaël Sliman, Président d’Odoxa

à franceinfo

« Le RN continue d’inquiéter les Français »a souligné Brice Teinturier, dimanche soir, sur le plateau de France 2.

Si les opt-out fonctionnent « extrêmement efficace », « le front républicain n’existe plus vraiment en tant que réflexe spontané des électeurs », Odoxa a souligné dans un sondage d’opinion publié jeudi. Un autre sondage de l’institut, publié le même jour, a montré que 30% des personnes interrogées souhaitaient un gouvernement d’extrême droite et que 29% des personnes interrogées voyaient une telle perspective comme une menace pour la sécurité nationale. « ni une bonne ni une mauvaise chose ». La conséquence d’un « dédiabolisation réussie du RN et de ses dirigeants »les notes de l’étude. Le vote de blocage « avait été massive en 2002, puis encore très présente en 2017, elle l’est beaucoup moins depuis 2022 », prévient Odoxa.

« La réalité électorale, c’est que le RN continue de progresser. Il y a un effet trompe-l’œil ce soir avec les retraits, mais le seul parti qui a du dynamisme, c’est le RN. »

Gaël Sliman, Président d’Odoxa

à franceinfo

« Le Rassemblement national incarne plus que jamais la seule alternance »a insisté dimanche soir le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, ajoutant que son parti ne tomberait pas dans « Aucun compromis politique »Ce dernier a fustigé « l’alliance du déshonneur » qui prive les Français « d’une politique de relance ». « Du point de vue de l’électorat RN, on pourrait avoir l’impression d’un vol de victoire, d’un déni démocratique »analyse Gaël Sliman.

Cammile Bussière

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