Mais où s’arrêtera la chute ? Les réservations de logements neufs auprès des promoteurs immobiliers se sont à nouveau effondrées au premier trimestre 2024, avec une baisse de 22,4% sur un an. Le nombre de réservations, qui s’est élevé à 15 130 logements, est en baisse continue depuis sept trimestres, selon les statistiques du ministère de la Transition écologique publiées vendredi.
Le nombre de logements mis en vente par les promoteurs a augmenté ce trimestre à 15 730 (+7,2%), mettant fin à la baisse observée au cours des six derniers trimestres, mais les ventes ont fortement chuté sur un an, à -38%. Ainsi, l’encours de logements neufs disponibles à la vente a augmenté de 1,6% sur un an pour atteindre 129.250 logements, en hausse constante depuis le début de l’année 2022.
La baisse des réservations est un peu plus marquée pour les maisons (-5,3%) que pour les appartements (-3,5%), cœur de métier des promoteurs. Le prix moyen au mètre carré des appartements neufs s’est établi à 4.780 euros au premier trimestre, en légère baisse par rapport au trimestre précédent (-0,9%). Les réserves concernent toutes les zones tendues et augmentent de 23,3% dans les petites villes et les zones faiblement peuplées (zone C).
90 000 emplois menacés d’ici fin 2024
Le contexte économique est très défavorable à la construction neuve. Les coûts ont en effet considérablement augmenté en raison de matériaux plus chers et de normes environnementales plus strictes. Dans le même temps, les acheteurs ont souffert de la hausse des taux d’intérêt et de la réduction des aides publiques à l’immobilier neuf.
La Fédération française du bâtiment (FFB) craint 90 000 suppressions d’emplois d’ici fin 2024 puis 150 000 d’ici mi-2025. Nexity a annoncé fin avril la suppression de 502 postes pour faire face à la profonde crise du BTP. Le coût de ce plan pour le groupe est estimé à environ 50 millions d’euros, indique Nexity dans un communiqué, qui prévoit de dégager 36 millions d’euros d’économies à partir de 2025, puis 45 millions par an.
Ce plan social est le plus important annoncé cette année par un promoteur, la filiale immobilière de Bouygues ayant annoncé 225 suppressions de postes à venir, tandis que Vinci Immobilier a annoncé un plan social qui n’est pas chiffré pour l’heure. Au premier trimestre, les réservations de logements de Nexity ont baissé de 29% en nombre et de 22% en valeur par rapport au premier trimestre 2023, indique le groupe, précisant toutefois que les ventes au détail (aux particuliers) ne baissaient plus.
Parmi les mesures réclamées pour endiguer la chute, la FFB souhaite le rétablissement du prêt à taux zéro (PTZ) en vigueur en 2023, un assouplissement des règles de crédit, le remplacement du système d’investissement locatif Pinel voué à disparaître fin 2023. 2024, ainsi que le report de 2025 à 2028 du calendrier d’application de la réglementation environnementale RE2020.
«Encore pire que fin 2023»
Alors qu’une embellie était annoncée pour 2024 avec une légère amélioration des conditions de financement des ménages, le premier trimestre est « encore pire que fin 2023 », a alerté mardi la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). » Le jour où il y aura une reprise de la demande, on sera bloqué par le manque d’offres », a prévenu Pascal Boulanger, son président, qui appelle néanmoins « relancer la demande relancer l’offre « .
Sur ce point, interrogé par La galerieFin mars, le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, se voulait rassurant : « La crise de la demande est liée à la hausse des taux d’intérêt au cours des dix-huit derniers mois. Aucun marché n’est plus sensible aux taux d’intérêt que le marché immobilier. Leur augmentation continue et substantielle, avec des taux supérieurs à 4%, combinée à la baisse du pouvoir d’achat a rendu impossible la réalisation des projets. Bonne nouvelle : on assiste à une stabilisation, voire une légère baisse des taux d’intérêt. Les banques nous disent que le robinet du crédit est ouvert, avec plus de 35 % des prêts accordés en février par rapport à janvier. Certes, le niveau de production de crédit est encore faible mais la tendance est à l’amélioration. »
Concernant le projet de loi sur le logement présenté début mai pour tenter de débloquer le parcours résidentiel des Français, le patron du FPI a estimé que les mesures de simplification permettraient » dans le bon sens (mais ça l’était) vraiment pas du tout à la hauteur du défi et du désastre « .
Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les régions les plus tendues
Le nombre de chantiers démarrés, qui suit traditionnellement celui des permis de construire, continue également de plonger, avec 283.200 mises en chantier entre avril 2023 et mars 2024, soit une baisse de 23,3%, un chiffre historiquement bas.
Entre avril 2023 et mars 2024, les maisons individuelles ont fait l’objet de 129.200 autorisations (-22,2%), tandis que les logements collectifs en ont obtenu 229.300 (-18,4%). Au sein de l’habitat collectif, les résidences (étudiants, seniors…) s’en sortent un peu mieux avec une baisse de la fréquentation » seulement » 8,8%.
Les Hauts-de-France et la Bretagne s’en sortent un peu mieux que les autres régions de France, avec des baisses respectives de 4,8% et 8,7%. Les régions les plus tendues, l’Île-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur, ont connu des baisses significatives des permis délivrés avec respectivement -26,1% et -28,8%.
(Avec l’AFP)