Les relocalisations s’accélèrent en Europe et aux Etats-Unis
Loin d’être une réaction momentanée aux difficultés d’approvisionnement ressenties lors de la pandémie de Covid, le mouvement de délocalisations industrielles est « une véritable lame de fond » dans tous les pays étudiés et dans tous les secteurs, selon une étude Capgemini dévoilée ce JEUDI. « Nous avons été surpris par l’ampleur du phénomène », a déclaré à l’AFP Etienne Grass, directeur exécutif de Capgemini Invent, la filiale française du cabinet de conseil, et l’un des auteurs de l’étude.
Le montant total des investissements prévus par les entreprises de 13 secteurs industriels dans 11 pays pour renforcer leurs capacités de production chez eux (« relocalisation ») ou dans un pays voisin (« near-shoring ») s’élèverait à 3 400 milliards de dollars pour les trois années à venir ( février 2024-février 2027), après 2 400 milliards sur les trois dernières années (janvier 2021-janvier 2024). Ces investissements équivalent à 8,7% du chiffre d’affaires des entreprises concernées. « C’est vraiment considérable, juge Etienne Grass.
Résilience des chaînes d’approvisionnement
Pour son enquête, Capgemini a interrogé en février 1.300 hauts dirigeants de groupes industriels réalisant plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel, répartis aux Etats-Unis, en Allemagne, au Danemark, en Espagne, en Finlande, en France, en Grande-Bretagne. -Bretagne, Italie, Norvège, Pays-Bas et Suède. Première des quatre raisons évoquées pour justifier ce mouvement de démondialisation : la recherche d’une plus grande résilience des lignes d’approvisionnement.
Après les pénuries de marchandises liées à la rupture des chaînes de fabrication ou de transport lors de la crise sanitaire, la première priorité citée par 70 % des industriels est d’« assurer le contrôle et la sécurité de leur chaîne d’approvisionnement ». Viennent ensuite les tensions géopolitiques (Ukraine, Moyen-Orient…), évoquées par 63% des sondés. La troisième raison est liée à la durabilité et à la volonté de réduire les émissions de CO2 (dont les émissions de gaz à effet de serre scope 3, dites indirectes), pour 55 % des constructeurs interrogés. Enfin, un peu moins de la moitié (49%) des managers expliquent leur motivation par les incitations financières et les politiques publiques de réindustrialisation menées dans leur pays.
340 milliards
Dans l’étude, les entreprises françaises affichent des projets d’investissements de réindustrialisation s’élevant à quelque 340 milliards de dollars entre 2023 et 2026. Les projets allemands s’élèvent à 673 milliards, et ceux des Etats-Unis à 1.400 milliards.
« Rapporté au PIB, l’effort de réindustrialisation français (13 % du PIB) est presque trois fois supérieur à celui des États-Unis (5 %) », pointe Etienne Grass. L’effort allemand (20 % du PIB) est quatre fois supérieur. Et ce, malgré le vaste plan Inflation Reduction Act (IRA) annoncé par le gouvernement Biden.
Avec l’AFP