Les projets d'avions de combat de 6e génération ont un avenir incertain
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Les projets d’avions de combat de 6e génération ont un avenir incertain

Les projets d’avions de combat de 6e génération ont un avenir incertain

Officiellement, issu du programme « Tempest », dévoilé en 2018 par le ministère de la Défense britannique, le projet « Global Combat Air Program » (GCAP), mené dans le cadre d’une coopération réunissant le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon, progresse à un « rythme soutenu » et se dirige vers le lancement de sa phase de conception et de développement, toujours prévue en 2025.

Ainsi, lors du salon aéronautique de Farnborough (Angleterre), les trois principaux industriels impliqués dans ce projet, à savoir BAE Systems, Leonardo et Mitsubishi Heavy Industries (MHI), ont dévoilé un nouveau design de l’avion de combat de 6e génération sur lequel sera basé ce « système de systèmes ».

Par rapport aux versions précédentes, cet avion présente des dimensions plus grandes, comparables à celles du F-111 « Aardvark », avec ses 22,4 mètres de longueur et son envergure de 19,2 mètres (ailes déployées). Cela est censé améliorer son profil aérodynamique, selon BAE Systems.

« Les ingénieurs de BAE Systems, Leonardo et Mitsubishi Heavy Industries travaillent ensemble (…) sur la conception et le développement du futur avion de combat en utilisant une gamme d’outils et de techniques numériques innovants, notamment la modélisation informatique et la réalité virtuelle », a indiqué le groupe britannique.

Il a ajouté que le GCAP, « dont l’entrée en service est prévue en 2035, sera l’un des avions de combat les plus avancés, interopérables, adaptables et connectés au monde, équipé d’un système d’armes intelligent, d’un cockpit interactif, de capteurs intégrés et d’un puissant radar de nouvelle génération capable de fournir 10 000 fois plus de données que les systèmes actuels, lui conférant un avantage décisif au combat ».

Ce calendrier n’est toutefois pas gravé dans le marbre. Certes, le nouveau Premier ministre britannique, le travailliste Keir Starmer, a déclaré vouloir « souligner officiellement » l’importance du GCAP pour le Royaume-Uni. Mais son gouvernement, et notamment le ministre des Armées Luke Pollard, se montre beaucoup plus prudent quant à l’avenir de ce programme, pour lequel Londres prévoit d’investir 2,5 milliards de livres jusqu’en 2025. En réalité, tout se jouera lors de la Strategic Defence Review, dont la direction vient d’être confiée à George Robertson.

« C’est un programme très important pour nous. Il est aussi important pour nos partenaires du Japon et de l’Italie, que nous rencontrerons la semaine prochaine (à Farnborough, ndlr), de mettre en avant ce point. Mais je ne peux pas préjuger de ce qui pourrait se passer lors de la Revue de défense (stratégique) », a déclaré M. Pollard le 19 juillet. Il a suggéré que M. Robertson soit libre d’envisager toutes les options. « Nous avons besoin de capacités de pointe mais nous devons aussi nous assurer que lorsque nous achetons des systèmes ‘haut de gamme’, nous le faisons de la manière la plus rentable possible, c’est-à-dire en travaillant avec nos partenaires », a-t-il ajouté.

La question se pose de savoir si le Royaume-Uni doit revoir ses priorités pour se préparer à une éventuelle guerre avec la Russie, qui pourrait selon certains se produire d’ici trois à cinq ans. Justin Brook, expert en aviation militaire au Royal United Services Institute (RUSI), a déclaré : « Le GCAP sera impossible s’il y a un conflit en Europe dans les cinq prochaines années, car l’économie mondiale se sera complètement effondrée. »

Par ailleurs, un responsable de la Royal Air Force (RAF) a déclaré aux journalistes qu’il n’était pas surpris par la position de M. Pollard. « Il s’agit d’un investissement très important. En termes d’ordre de grandeur, au cours des dix prochaines années, l’investissement dans le GCAP représentera environ le quart de ce que nous investirons dans le plan d’acquisition d’équipements de l’armée », a-t-il déclaré.

En attendant les conclusions de la Strategic Defense Review britannique, l’US Air Force s’interroge également sur l’avenir de son programme NGAD (Next Generation Air Dominance) lancé en 2015 pour remplacer son avion de supériorité aérienne F-22A Raptor de 5e génération. Un démonstrateur a déjà effectué un premier vol en 2020 et un contrat devrait bientôt être attribué à l’un des deux constructeurs encore en lice, à savoir Lockheed-Martin et Boeing, pour en finaliser la conception.

Outre le développement d’un avion de combat de 6e génération, ce programme prévoit également l’achat de drones de type « loyal wingman » dans le cadre du projet CCA (Collaborative Combat Aircraft).

Pourtant, depuis quelque temps, on parle de « repenser » ce NGAD, censé permettre un « saut technologique révolutionnaire ». Nécessitant un investissement total d’au moins 100 milliards de dollars pour « seulement » 200 appareils, il apparaît bien trop coûteux… d’autant qu’il faut financer d’autres priorités, comme le bombardier stratégique B-21 Raider ou le missile balistique intercontinental Sentinel.

« Le NGAD a été conçu avant un certain nombre de choses : avant que la menace ne devienne si grave, avant que les CCA ne soient introduits dans l’équation, et avant que nous ayons certains des problèmes d’accessibilité auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui », a déclaré Frank Kendall, le secrétaire de l’US Air Force, en marge du salon aéronautique de Farnborough le 20 juillet.

En outre, il s’agit également de s’assurer que les capacités dont disposera ce nouvel avion de combat seront à la hauteur des menaces auxquelles il devra faire face.

Aux Etats-Unis toujours, l’avenir du F/A-XX, « pendant » de la NGAD pour l’US Navy, est clairement menacé, la commission des forces armées du Sénat cherchant à réduire son financement de 90 % dans le budget 2025. Si cette décision reste à confirmer, il n’en demeure pas moins que, comme l’US Air Force, l’US Navy a d’autres priorités plus pressantes à financer…

Pour l’heure, le Système de combat aérien du futur (SCAF), porté en coopération par la France, l’Allemagne et l’Espagne, poursuit son chemin, la phase 1B ayant été officiellement lancée en avril 2023. Mais l’équation risque de se compliquer à nouveau lorsqu’il s’agira de passer à l’étape suivante, celle des démonstrateurs. Mais là, au-delà des aspects industriels, sa poursuite sera surtout une affaire de volonté politique.

Photo : BAE Systems

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