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Les professionnels du tourisme s’attaquent timidement au problème


Après la fin des Jeux Paralympiques de Paris 2024, la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap semble (enfin) intéresser les professionnels du secteur du tourisme.

Les Jeux paralympiques de Paris 2024 l’ont mis en lumière : l’inclusion des personnes en situation de handicap est une priorité et le secteur du tourisme n’échappe pas à cet impératif. L’idée commence à faire son chemin parmi les professionnels du tourisme réunis au salon IFTM (International and French Travel Market), le salon leader des professionnels du tourisme en France, qui se tient du 17 au 19 septembre à Paris. La raison : prendre en compte et développer les infrastructures pour ce public représente une réelle opportunité pour le secteur.

Philippe Croizon, connu pour avoir traversé la Manche à la nage malgré l’amputation des quatre membres, présent à la conférence d’ouverture du salon, a souligné que «un lieu accessible c’est 10 à 15% de chiffre d’affaires supplémentaire« . « L’inclusion est quelque chose que nous n’abordons pas dans notre industrie.« , a reconnu Valérie Boned, présidente des Entreprises du voyage, un organisme regroupant plus de 1 600 entreprises touristiques. Et pourtant, « au-delà de la valeur morale, c’est une opportunité d’affaires« , avoue-t-elle à l’AFP. Annette Masson, présidente de l’association Tourisme et Handicap, sent le vent tourner : « Ces dernières années, une nouvelle perspective est apparue» du secteur de l’inclusion qui comprend que «c’est un marché« . « Lorsqu’une pièce est bien conçue, elle n’est pas seulement utilisée par des personnes handicapées, elle peut également être utilisée par des personnes âgées, ou par une famille car les pièces sont plus grandes. » souligne-t-elle.

Il reste encore quelques progrès à faire

Par ailleurs, mardi 17 septembre, deux conférences organisées par les Acteurs du Tourisme Durable ont abordé ces questions. La première, « Comprendre l’accessibilité avec le guide pratique et inspirant du tourisme inclusif », a notamment expliqué les enjeux de l’accessibilité, pour appréhender au mieux les besoins de tous les visiteurs, y compris ceux en situation de handicap. La seconde, « Tourisme inclusif : s’inspirer des bonnes pratiques d’acteurs engagés », a présenté plusieurs initiatives inspirantes en la matière. D’autres conférences, dont celle de NS4 Conseil « Segmentation et marketing des clients : soyons plus inclusifs ! » ou celles de l’IFTM « Un voyage plus accessible et inclusif, est-ce possible ? » et « Tourisme inclusif : un enjeu d’attractivité », montrent également l’intérêt du secteur sur le sujet.

Mais il reste encore un long chemin à parcourir : «La loi impose un quota de chambres pour personnes à mobilité réduite (PMR) mais le confort d’utilisation est inexistant« , déplore Annette Masson, « par exemple, on peut trouver une poubelle à pédale dans une chambre PMR, un truc vraiment simple, mais que fait-on quand on ne peut pas utiliser ses jambes ? « . « Nous avons encore beaucoup de progrès à faire.« , estime-t-elle. Et la mobilité n’est pas le seul domaine de travail : « En France, 7 millions de personnes souffrent de perte auditive, ce qui en fait le premier handicap « , sans oublier le handicap mental et le handicap visuel.

« On peut faire des choses mais on ne le sait pas, il y a un gros problème de diffusion de l’information« , Lucie Fontaine, auteur d’un guide Michelin intitulé Des vacances accessibles en France, destiné aux voyageurs à mobilité réduite. Il propose des adresses et des activités « sans aucune difficulté, sans aucune restriction, où vous pourrez vous amuser exactement comme le ferait une personne valide, en toute autonomie« . Il indique également « les activités présentant d’éventuelles difficultés, soit un accès limité à l’ensemble du lieu, soit des obstacles tels qu’un fort dénivelé ». Certaines adresses proposées bénéficient du label « Tourisme et Handicap », notamment « les spécifications sont très strictes » ; d’autres, non.

« L’accessibilité est une variable, chaque personne a des besoins différents »

« La complexité du sujet est que l’accessibilité est une donnée variable, chaque personne a des besoins différents. Une même personne, à un moment ou un autre de son parcours de vie, peut aussi avoir des besoins différents.« , souligne Lucie Fontaine, qui se déplace elle-même en fauteuil roulant. En France, 15 % de la population est déclarée handicapée. A l’échelle mondiale, 6 % de la population est concernée, soit 1,3 milliard de personnes, a rappelé la directrice de l’IFTM, Laurence Gaborieau, dans son discours inaugural.

Annette Masson, pour sa part, cite l’exemple du groupe Accor, qui «mobilise ses hôtelsEn effet, quelque 400 établissements ont obtenu le label « Tourisme et Handicap ». Depuis 2017, le groupe international développe des « chambres intelligentes » avec lits réglables en hauteur, éclairage au sol, parois de douche amovibles et armoires adaptées, ainsi que des outils comme le GPS permettant aux personnes malvoyantes de se rendre dans leur chambre ou leur restaurant. Exemples concrets de la démarche à suivre.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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