Les professionnels de l’immobilier inquiets avant le second tour
Les acteurs de l’immobilier retiennent leur souffle dans l’attente des résultats du second tour des législatives, mais tous affichent une grande inquiétude quant aux programmes des différents partis. Pour des raisons très diverses.
« Alors que le logement traverse une grave crise, que la précarité gagne du terrain et que les inégalités se creusent, les mesures mises en avant par l’extrême droite conduiraient à une grave aggravation de la situation des plus démunis », a-t-il ajouté. affirme la Fondation Abbé-Pierre, dans un communiqué hostile au Rassemblement national publié jeudi 4 juillet.
Incertitudes sur l’avenir de la loi SRU
Elle pointe notamment la remise en cause, par le Rassemblement national (RN), de la loi SRU qui impose à 1.100 communes de compter 20% ou 25% de logements sociaux sur leur territoire. « Une loi plus que jamais fondamentale, à l’heure où plus de 2,6 millions de ménages sont en attente d’un logement social », souligne la fondation. Dans un communiqué publié le 19 juin, l’Union sociale pour l’habitat, qui regroupe les organismes de logement social, a également alerté « contre tout projet de discrimination dans l’accès au logement ».
Le parti de Jordan Bardella n’est pas le seul à attaquer la loi SRU. Dans le projet de loi soumis au Sénat avant la dissolution, le ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, prévoyait notamment d’inclure les logements intermédiaires dans les quotas, de redonner du pouvoir aux maires dans l’attribution des HLM et de mettre fin au principe du logement social. » pour la vie « .
Ces mesures, annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal lors de son discours de politique générale fin janvier, avaient suscité beaucoup d’hostilité de la part des associations. La plus grande incertitude règne désormais sur l’avenir de ce texte soutenu par la majorité présidentielle et adopté en commission par les sénateurs le 5 juin, qui avaient également renforcé les assouplissements du dispositif SRU, prévus par le gouvernement.
Les sanctions contre les squatteurs pourraient être allégées
Pour les propriétaires privés, c’est au contraire l’arrivée au pouvoir du Nouveau Front populaire (NFP) qui paralyse. Une mesure, en particulier, ne passe pas. Elle prévoit l’abrogation de la loi « anti-squat » kasbarienne, votée l’été dernier, qui prévoit des sanctions plus sévères contre les occupations illégales. La gauche propose aussi d’interdire les expulsions de loyers pour non-paiement en l’absence de proposition de relogement.
« Il s’agit d’une atteinte majeure au droit de propriété, qui est totalement infondée. Comment peut-on accepter de faire porter au propriétaire, victime de loyers impayés, la responsabilité de trouver lui-même une solution de relogement, ce qui serait une condition de cette expulsion ? C’est illusoire et inapplicable », a-t-il ajouté. juge Loïc Cantin, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).
L’instauration d’un encadrement obligatoire des loyers dans les zones à forte demande suscite également de nombreuses inquiétudes chez les propriétaires. Pour l’heure, le dispositif n’est appliqué qu’à titre expérimental, à la demande des élus et avec l’autorisation du préfet. C’est actuellement le cas dans 24 villes. « Le cadre repose déjà sur une méthode de calcul tronquée. Sa généralisation ne ferait qu’entraîner une nouvelle réduction de l’offre », a-t-il ajouté. affirme Sylvain Grataloup, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), rappelant que 60% du parc locatif est détenu par des bailleurs privés.
Le calendrier intenable du DPE
L’autre sujet sensible est le diagnostic de performance énergétique (DPE), un dispositif dont le mode de calcul est très critiqué, qui fait l’objet d’importantes fraudes et que le Rassemblement national promet d’abroger. Il prévoit notamment qu’à compter du 1er janvier 2025, les deux millions de logements classés G seront interdits de location.
Un calendrier jugé intenable par les professionnels. « 17 % des logements classés G loués le sont par des propriétaires qui ont plus de 80 ans. Comment voulez-vous qu’ils entreprennent des travaux de rénovation alors qu’il manque déjà d’artisans pour les réaliser et que de nombreuses copropriétés ne sont pas prêtes ? » souligne le patron de la Fnaim. Là encore, selon lui, de nombreux biens pourraient être retirés du marché, alors que la demande est déjà supérieure à l’offre.
La crise immobilière est là et les élections ajoutent de nouvelles incertitudes, malgré la baisse des taux d’intérêt depuis le début de l’année. Dans le secteur de la construction neuve, la délivrance de permis de construire, en rythme annuel, est à son plus bas niveau depuis trente ans, selon les dernières statistiques du ministère, publiées fin juin. Dans l’ancien, le nombre de transactions devrait approcher les 800.000 en 2024, soit 10% de moins qu’en 2023.
Retrouvez, dès leur parution officielle, les Résultats du 2e tour des élections législatives 2024, commune par commune.