La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, dont certaines scènes ont suscité la polémique dans le monde entier, continue de faire des vagues dans l’arène judiciaire. Les dirigeants de la société de production Paname 2024 qui l’a conçue viennent de porter plainte pour menaces de mort.
Le 2 août, tout au long de la journée, plusieurs courriels insultants et haineux ont été reçus sur la messagerie de l’entreprise. Ces messages, qui citaient un verset du Coran, affirmaient que « le châtiment d’Allah s’abattra sur les organisateurs à Saint-Denis ». Ces courriels ont également été envoyés au directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, et aux principaux dirigeants de l’entreprise. Une plainte a été déposée par le directeur général adjoint, représentant légal de l’entreprise. La Brigade de répression des atteintes aux personnes (BRDP) a été prévenue.
Selon nos informations, Thierry Reboul, le directeur exécutif des cérémonies de Paris 2024, devrait également porter plainte après avoir reçu les mêmes menaces.
Plaintes de Thomas Jolly et Barbara Butch
Mercredi, le parquet de Paris a ouvert une enquête après le dépôt de plainte la veille de Thomas Jolly, directeur artistique des quatre cérémonies des Jeux. Le directeur explique avoir « été la cible sur les réseaux sociaux de messages menaçants et d’insultes critiquant son orientation sexuelle et ses origines israéliennes faussement supposées ».
L’enquête, menée par l’Unité nationale de lutte contre la haine en ligne (PNLH) du parquet, a été confiée à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH). Les chefs d’accusation retenus dans sa plainte sont « menaces de mort en raison de son origine, menaces de mort en raison de son orientation sexuelle, injure publique en raison de son origine, injure publique en raison de son orientation sexuelle et diffamation ».
Une autre enquête avait été ouverte la veille à Paris pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort contre la DJ française Barbara Butch, militante féministe et lesbienne, qui était honorée dans un tableau controversé, incarné par des drag-queens. Alors que la créativité de la cérémonie, qui s’est déroulée le 26 juillet, a été saluée par de nombreux spectateurs, ce tableau intitulé « Festivités », alimente une polémique dans les milieux conservateurs et d’extrême droite à l’étranger comme en France.
En France, de nombreuses personnalités ont exprimé leur soutien à Thomas Jolly. Emmanuel Macron s’est dit vendredi soir « scandalisé » et « triste » par le cyberharcèlement subi par le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, soulignant que « rien ne justifie de menacer un artiste ». « Les Français étaient très fiers de cette cérémonie (…) La France a donné le visage de ce qu’elle est (…) Elle a montré son audace et puis elle l’a fait avec la liberté artistique qui convenait », a ajouté le chef de l’Etat en marge d’un déplacement sur l’esplanade des Invalides à Paris pour rencontrer des volontaires des Jeux.