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Les proches d’un ouvrier décédé sur un chantier dénoncent la « mort modeste des JO grandioses »

Les proches d’un ouvrier décédé sur un chantier dénoncent la « mort modeste des JO grandioses »

Il ne faudra pas non plus l’oublier au moment de faire le bilan des JO de Paris 2024. Ce samedi à Paris, les supporters et la famille d’Amara Dioumassy, ​​décédé sur le chantier d’un bassin destiné à rendre la Seine baignable lors des Jeux olympiques, ont rendu hommage à leur proche. Objectif : Sortir de l’oubli cette « mort modeste » à une semaine de l’inauguration de la piscine.

Le chef d’équipe d’origine malienne, 51 ans et père de 12 enfants, est décédé le 16 juin 2023 dans le bassin d’Austerlitz, heurté par un camion de chantier qui faisait marche arrière sans bip de marche arrière.

« On voulait cacher cette mort »

Une centaine de militants syndicaux et des membres de sa famille, certains en larmes, se sont rassemblés sous une pluie battante sur les lieux du drame pour réclamer « reconnaissance et justice pour Amara ».

« Aucune action n’a été faite pour la famille » et « ses enfants meurent de faim », a déclaré son frère Bally, 38 ans, arborant en guise de bandana un drapeau de la CGT.

« Nous avons voulu cacher ce décès », accuse Lyes Chouaï, délégué syndical CGT de la SADE, filiale de Veolia qui employait Amara, et co-organisateur de l’hommage. Un militant CGT a interpellé les passants pour leur rappeler qu’un ouvrier y était décédé il y a près d’un an, sans éveiller leur intérêt.

De graves failles de sécurité

« Il est mort au pied de l’institut médico-légal (chantier du chantier, NDLR), ils sont venus constater son décès, il a été transporté directement à l’institut, d’où il a été renvoyé pour être enterré au Mali », raconte Lyes Chouaï, qui a travaillé avec Amara.

Les partisans de cet ouvrier du bâtiment expérimenté dénoncent de graves manquements à la sécurité sur ce chantier géré par la SADE, avec la Ville de Paris comme donneur d’ordre.

Interrogés par l’AFP, la mairie de Paris et Veolia ont rappelé que l’information judiciaire était toujours en cours pour « déterminer les responsabilités », assurant qu’ils avaient « pleinement coopéré ».

Ce dimanche c’est la Journée mondiale de la sécurité au travail

Pour Lyes Chouaï, l’hommage de samedi visait à interpeller « le plus grand nombre sur cette mort modeste aux côtés de ces Jeux qui seront vus par le monde entier ».

La cérémonie intervient à la veille de la Journée mondiale de la sécurité au travail, dont la France est un mauvais élève, avec deux personnes qui meurent chaque jour sur leur lieu de travail, soit le pire bilan de l’Union européenne.

Les manifestants ont également exprimé « leur douleur » et leur « colère » avant l’inauguration du bassin d’Austerlitz, prévue jeudi, au cours de laquelle la mairie a dit vouloir « rendre hommage » à Amara Dioumassy.

Un chantier géré par la ville de Paris

« Nous avons été harcelés par la mairie de Paris pour savoir si la famille pouvait être présente à l’inauguration. C’est un peu indécent», estime Lyes Chouaï.

Contrairement à la grande majorité des projets olympiques franciliens gérés par la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures des compétitions, le bassin d’Austerlitz est géré par la Ville de Paris.

Ce chantier « nous a semblé vraiment inacceptable en termes de normes de sécurité » et il a fallu « agir vite pour respecter les délais », selon le syndicaliste.

Pas de bip sur le camion, pas de marquage au sol pour la circulation

La camionnette qui a percuté Amara « n’avait pas de bip de marche arrière pour l’avertir de son passage, il n’y avait aucun marquage au sol du sens de circulation des véhicules », énumère Lyes Chouaï.

« Amara avait stocké du matériel dans un conteneur, en bordure d’une seule voie de circulation qui n’était pas délimitée entre les engins et les piétons », ajoute-t-il.

Après le décès d’Amara et le passage de l’inspection du travail qui avait arrêté le chantier pendant dix jours, « tout s’est remis en place progressivement, mais cela aurait dû être fait dès le début », déplore-t-il.

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