Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, a immédiatement réagi, mettant en garde contre les graves répercussions que cette situation pourrait entraîner, notamment une augmentation significative des prix du gaz pour les consommateurs européens.
Résiliation du contrat de transit de gaz : un acte fort de l’Ukraine
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les relations entre les deux pays n’ont cessé de se détériorer. Le contrat de transit de gaz, signé fin 2019 pour une durée de cinq ans, avait permis à l’Europe de continuer à recevoir du gaz russe malgré les hostilités. Or, en refusant de prolonger cet accord, l’Ukraine envoie un message clair : elle ne souhaite plus servir de voie de transit au gaz russe, considérant que cette activité n’est plus compatible avec sa position vis-à-vis de l’agresseur.
Cette décision n’est pas sans conséquences pour les pays européens qui dépendent de ce transit. En 2023, malgré la guerre, la Russie avait encore livré plus de 14 milliards de mètres cubes de gaz à l’Europe via l’Ukraine, bien en deçà des 40 milliards de mètres cubes prévus dans le contrat. Les pays comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie, qui sont les principaux bénéficiaires de ce transit, se trouvent désormais dans une position délicate.
L’Europe face à la fin du gaz russe
La décision ukrainienne pourrait entraîner une hausse immédiate des prix du gaz en Europe, alors que le continent cherche déjà à diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique.Le Kremlin n’a pas tardé à avertir que l’Europe devra payer plus cher son gaz, surtout si elle doit se tourner vers des alternatives comme le gaz naturel liquéfié (GNL) des États-Unis, dont les coûts sont nettement plus élevés. De plus, bien que la Russie ait évoqué la possibilité d’utiliser d’autres routes, comme le TurkStream via la Turquie, la capacité de ces routes reste limitée et ne pourrait pas compenser entièrement la perte du transit via l’Ukraine.
La situation est d’autant plus préoccupante que L’Union européenne s’est engagée à cesser toutes les importations de gaz russe d’ici 2027, dans le cadre de sa stratégie d’indépendance énergétique et en réponse à l’agression russe. Cette transition ne se fait cependant pas sans difficultés, et la fin du contrat de transit ukrainien pourrait accélérer ce besoin, tout en compliquant la gestion des stocks européens de gaz, déjà sous tension.
Alternatives possibles au gaz en Europe
Malgré sa décision, l’Ukraine explore déjà d’autres options pour assurer son rôle de fournisseur d’énergie pour l’Europe. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que des pourparlers étaient en cours avec l’Azerbaïdjan pour remplacer le gaz russe par le gaz azerbaïdjanais. Toutefois, cette option présente de nombreux défis logistiques, notamment l’absence de frontière commune entre l’Ukraine et l’Azerbaïdjan, ce qui rend le transit du gaz complexe et dépendant de la Russie pour une partie du trajet. Ce qui rend la chose potentiellement risquée : le Kremlin pourrait utiliser cette nouvelle voie pour faire pression sur l’Union européenne, qui soutient l’Ukraine.
De l’autre côté, le Kremlin mise sur le développement d’un hub gazier en Turquie pour contourner l’Ukraine, mais ce projet ambitieux est encore loin d’être opérationnel et pourrait ne pas suffire à répondre à la demande européenne à court terme.
Quelques bonnes nouvelles cependant :Si une augmentation du prix du gaz se produit, elle n’interviendra pas avant 2025 au plus tôt. Cependant, pour l’hiver 2024-2025 qui approche, L’Union européenne a déjà rempli ses stocks de gaz à 90%ce qui laisse penser que le remplissage à 100% est proche et surtout atteignable. De quoi limiter les effets immédiats de la décision ukrainienne.