Afin de lutter contre la contrefaçon et les abus, les prescriptions de deux médicaments seront modifiées.
La prescription de médicaments est étroitement surveillée afin de ne pas en abuser ni créer de dépendances importantes. Ce jeudi 26 septembre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a décidé de modifier les prescriptions de deux médicaments, sujets à un usage abusif. A compter du 1er décembre, ils feront l’objet d’une prescription dite « sécurisée ». Les ordonnances rédigées avant cette date seront valables jusqu’à leur date de péremption.
La principale caractéristique de ce type d’ordonnance est qu’elle est infalsifiable. Cela se traduit par plusieurs critères obligatoires. Cette ordonnance doit contenir des informations pré-imprimées en bleu qui permettent d’identifier le professionnel de santé prescripteur. Un filigrane représentant un caducée doit également être présent. Des codes-barres anti-fraude sont également ajoutés et un grammage minimum de 77g/m² est exigé. La posologie, la fréquence de prise et la durée du traitement doivent être inscrites en toutes lettres.
Certains médicaments font déjà l’objet d’une prescription sécurisée, comme la morphine ou certains antidépresseurs. L’ANSM a également décidé de réduire la durée maximale de prescription de ces deux médicaments à 12 semaines. Passé ce délai, une nouvelle prescription sera nécessaire.
Cela concernera les médicaments contenant du tramadol et de la codéine, qu’ils soient seuls ou associés à d’autres substances. Ces opioïdes sont principalement utilisés comme antidouleurs, mais présentent un risque d’addiction. Les professionnels de santé ont constaté un détournement de ces opioïdes, notamment pour le tramadol utilisé comme sédatif. « C’est un médicament low cost », regrette un médecin auprès de France Info, qui pointe aussi la spécificité de ces médicaments, dont les effets ne sont pas anodins.
Selon le dernier rapport de l’ANSM, en 2015, environ 10 millions de Français avaient reçu au moins une ordonnance d’opioïdes antalgiques. Parmi eux, les fraudes sont fréquentes : « En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur », a expliqué à l’AFP Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM. Par ailleurs, en 2022, l’abus de tramadol a entraîné 14 décès en France et 6 pour la codéine.