Les comptes de l’assurance chômage restent à l’équilibre, mais l’État ralentit le désendettement du système. Les partenaires sociaux ont profité de la présentation, mardi 22 octobre, des « prévisions financières » pour la période 2024-2027 de l’Unédic, l’association paritaire qui gère le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi, pour mettre le poing sur la table et s’exprimer. un ras-le-bol généralisé.
Malgré une conjoncture économique très incertaine, avec une croissance attendue de 1,1% du produit intérieur brut (PIB) en 2024 et surtout la stagnation du marché du travail, l’assurance chômage s’attend toujours à être légèrement excédentaire en 2024, mais en baisse par rapport à son Prévisions de juin. Après deux années d’excédents assez importants (4,3 milliards d’euros en 2022 et 1,5 milliard en 2023), les gestionnaires du régime anticipent cette fois un solde positif de 300 millions d’euros pour l’année − contre 900 millions attendus il y a quatre mois. Pour l’avenir, l’excédent serait de 1,8 milliard en 2025, 3,5 milliards en 2026 et 9,4 milliards en 2027.
Une situation qui permet à l’Unédic de continuer à réduire sa dette, qui s’élevait à 59,3 milliards d’euros en 2023 et qui devrait donc atteindre 59 milliards en 2024. Mais la trajectoire de désendettement a sensiblement changé. par rapport à ce qui était prévu. Outre le contexte économique, c’est la décision de l’État de faire les poches du régime qui l’empêche de se désendetter plus rapidement.
Emprunts supplémentaires
De 2023 à 2026, l’État prévoit de prélever 12,05 milliards d’euros sur les recettes de l’Unédic pour financer deux opérateurs destinés à l’emploi et à la formation (France Travail et France Compétences). « Au cours de la dernière décennie, l’Etat a cherché à reprendre du pouvoir dans la gestion de l’assurance chômage, mais n’a pas assuré sa responsabilité financière »a déploré le président de l’Unédic, Jean-Eudes Tesson (Medef), lors de la présentation à la presse.
Sans la baisse décidée par le gouvernement fin 2023, les excédents de l’Unédic se seraient élevés à 3,1 milliards d’euros en 2024. De plus, comme le régime a prévu des échéances de 4 milliards d’euros par an en moyenne pour rembourser sa dette, les prélèvements de l’État le contraignent à supporter des charges d’intérêts supplémentaires lorsque ses excédents sont moindres. Un recours à l’emprunt qui représente un coût estimé à 900 millions d’euros entre 2023 et 2027.
Ainsi, la dette de l’assurance chômage, qui avait considérablement augmenté après treize années de déficit à partir de 2009, sera réduite à un rythme nettement plus lent : elle passerait de 63,6 milliards en 2021 à 44,3 milliards d’euros en 2027, alors qu’elle aurait pu s’élève à 31,3 milliards d’euros hors prélèvements de l’État. Au total, entre ponction et emprunts supplémentaires, la décision du gouvernement réduit la capacité de l’Unédic à réduire sa dette de près de 13 milliards d’euros.
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