Les pluies torrentielles qui se sont abattues sur la Suisse au début de l’été sont désormais indirectement responsables de la noyade de Porsche en bourse.
Au début de l’été, rappelons-le, des pluies torrentielles s’étaient abattues sur la Suisse et il s’avère, aujourd’hui, qu’elles sont indirectement responsables de la noyade de Porsche à la Bourse de Francfort (-7,6%, à 67,08 euros par action, quasiment à son plus bas niveau historique). Pour rappel, les tempêtes torrentielles avaient provoqué des coulées de boue dévastatrices et fait déborder le Rhône, qui prend sa source dans le canton des Grisons (est) et traverse le pays, traversant notamment la région du Valais (sud). Là, dans les villes de Sierre et Chippis, sont implantées les entreprises Constellium et Novelis, spécialisées dans les produits en aluminium. Alors que la première fabrique du matériel ferroviaire, la seconde fournit l’industrie automobile en Europe, et notamment Porsche. Or, étant à l’arrêt depuis la crue, elle n’est plus en mesure d’honorer ses engagements. C’est un nouvel exemple de l’impact négatif du risque climatique sur les finances des entreprises.
Ce matin, Porsche a prévenu que des inondations chez un fournisseur d’aluminium – sans citer de noms – provoqueraient des retards de production d’au moins 10 000 unités au second semestre pour un ou plusieurs modèles de voitures, ce qui aura des conséquences sur ses comptes, tant sur son chiffre d’affaires que sur sa rentabilité. Le constructeur a revu à la baisse ses objectifs financiers pour cette année et table désormais sur un chiffre d’affaires compris entre 39 et 40 milliards d’euros (ce qui signifie que la borne basse de la fourchette de l’estimation initiale de 40-42 milliards devient la meilleure hypothèse) et une marge opérationnelle comprise entre 14 et 15% (contre 15-17% auparavant), là où les analystes s’attendaient à une rentabilité de 15,8%, selon le consensus compilé par Visible Alpha.
Chute des ventes en Chine
Cet « avertissement sur résultats » est la dernière manifestation de la longue liste de problèmes auxquels est confrontée la société de Stuttgart, dont l’action s’échangeait il n’y a pas si longtemps à plus de 120 euros… C’était en mai 2023. Depuis, elle a chuté de plus de 40 % (-19 % par rapport au prix d’introduction de 82,5 euros en septembre 2022) en raison d’une baisse de la marge opérationnelle (elle était de 18 % en 2023) et d’un plongeon des ventes en Chine, son ancien principal marché (près de 30 % de son chiffre d’affaires, selon les données FactSet), où la crise immobilière décourage la population d’acheter des produits de luxe. Les chiffres de ventes publiés plus tôt ce mois-ci montraient que les volumes de ventes de Porsche y avaient chuté de 33 % au premier semestre (dont -41 % au deuxième trimestre), à 29 551 véhicules. À titre de comparaison, Porsche a livré 10 000 voitures de plus en Amérique du Nord sur la même période.
2024 est une année de transition pour Porsche avec le lancement de quatre nouveaux modèles : la troisième génération de la Panamera, la nouvelle version de la Taycan, premier modèle 100% électrique du groupe lancé en 2019, la nouvelle version du Macan (le modèle d’entrée de gamme) déclinée en 100% électrique et une évolution de la célèbre 911 désormais baptisée 992. Le constructeur avait besoin de rafraîchir sa gamme pour attirer les clients, mais les lancements pèsent sur la rentabilité à court terme. A plus long terme, Porsche a déjà indiqué viser une marge de 20%.
L’entreprise, cotée sous le code P911 à Francfort, publiera ses comptes semestriels le 13 août. Ce sera l’occasion pour les analystes financiers d’interroger la direction sur la dépendance critique de Porsche à un fournisseur d’aluminium. D’autres constructeurs pourraient être dans la même situation. Le secteur automobile traverse une période difficile. Il y a deux semaines, Volkswagen, la maison mère de Porsche, a abaissé sa prévision de marge opérationnelle. La raison ? Des indemnités de licenciement qui s’élèveraient à plusieurs centaines de millions d’euros si VW, propriétaire d’Audi, fermait le site de Bruxelles, comme il le prévoit. « Audi est le plus gros problème de Volkswagen »a expliqué l’analyste Daniel Schwarz de la banque d’investissement Stifel.