Santé

Les piqûres de tiques, un danger sous-estimé qui peut bouleverser une vie – rts.ch

Cet été, toute la Suisse romande est considérée comme une zone à risque pour l’encéphalite à tiques. S’il existe un vaccin efficace, les tiques peuvent aussi transmettre la maladie de Lyme, pour laquelle il n’existe pas. Et ces deux maladies peuvent bouleverser une vie. Témoignages dans l’émission Mise au Point.

La tique représente un danger redoutable pour quiconque aime se promener en forêt. « Elle peut faire un repas prolongé de 7 à 10 jours. Elle va s’injecter un petit anesthésiant local pour ne pas être détectée », explique Gilbert Greub, directeur du Centre national de référence des tiques, à Mise au Point.

Le petit acarien suceur de sang se loge souvent dans des endroits peu exposés. « Il ne démange pas, il ne mord pas, donc si vous ne vous examinez pas, vous ne le verrez pas. Cependant, le risque de transmission de la maladie augmente considérablement avec le temps par rapport aux premières 24 heures », poursuit-il.

De plus en plus de cas d’encéphalite

Les tiques sont particulièrement nombreuses cette année, et leur nombre a tendance à augmenter en raison du changement climatique. Elles prolifèrent désormais même jusqu’à 2000 m d’altitude. « Avec les hivers plus doux, on a des rejetons qui vont survivre. Et puis avec l’humidité et la chaleur, on a une augmentation des zones où on trouve des tiques », confirme Gilbert Greub.

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Les infections à encéphalite à tiques ont doublé depuis 2015. On estime qu’environ une personne sur 100 est porteuse du virus, et l’infection entraîne des complications graves dans environ 10 % des cas.

La vie de Daniel a par exemple basculé après une simple promenade en forêt près de chez lui. Mordu par une tique, le Fribourgeois est devenu tétraplégique presque du jour au lendemain. «Je ne me souviens pas de la morsure, mais lorsque les premiers symptômes sont apparus, tout a basculé en quelques jours. Mes forces m’ont complètement abandonné», témoigne-t-il dans Mise au Point.

J’ai dû réapprendre à avaler correctement, à me concentrer pour que ça aille au bon endroit.

Daniel, atteint d’une forme grave d’encéphalite à tiques

Intubé en urgence, le sexagénaire a passé 34 jours aux soins intensifs puis neuf mois au Centre suisse des paraplégiques de Nottwil (LU) pour tenter de retrouver un peu de mobilité. Il a ensuite dû tout réapprendre.

« Tous mes muscles, de la bouche aux orteils, étaient touchés à des degrés divers, mais ils étaient tous touchés », raconte-t-il. « C’était assez fou de réapprendre à avaler. Un nouveau-né avale sans apprendre, c’est instinctif. Pour ma part, j’ai dû apprendre, me concentrer pour avaler correctement, pour vraiment l’amener au bon endroit. Mon larynx s’est rétréci, donc j’ai vraiment dû réapprendre petit à petit. »

Bien entouré, Daniel s’est adapté. Malgré sa résilience, ce boulanger professionnel ne peut plus exercer son métier, laissant un vide immense dans sa vie. Il reste cependant positif et s’accroche aux progrès réalisés : « L’autre jour, j’essayais de faire des pizzas dans mon four avec ma fille. C’est compliqué mais j’y arrive un petit peu. Et j’ai pu montrer à mes petits-enfants comment tresser. C’est déjà ça. Mais voilà, c’est une page qui se tourne. »

Vaccination efficace sur dix ans

Il existe un vaccin recommandé pour se protéger de l’encéphalite, qui est désormais remboursé par l’assurance de base. «On voit qu’il y a une prise de conscience au sein de la population, constate Christophe Berger, pharmacien à Lausanne. On l’a vu dans nos statistiques: en juillet, on avait déjà le même nombre de vaccinations que pour toute l’année dernière. Donc potentiellement un doublement du nombre de vaccinations.»

Trois doses administrées sur une période d’environ six mois à un an assurent une protection contre l’encéphalite pendant dix ans, explique le pharmacien.

Il n’existe cependant pas de vaccin contre la borréliose, la fameuse maladie de Lyme. Chaque année, environ 10 000 personnes contractent cette maladie en Suisse. En cas d’infection, un traitement rapide par antibiotiques est nécessaire, sinon une forme plus grave peut se développer.

C’est ce qui est arrivé à Léanne, une jeune habitante de 16 ans de la France voisine, qui lutte depuis deux ans contre des symptômes très sévères. « Je suis extrêmement fatiguée au quotidien. J’ai beaucoup de douleurs articulaires, ce qui fait que le matin, je peux parfois avoir mal partout et ne pas pouvoir sortir du lit », raconte-t-elle.

Ce qui me pèse, c’est de ne pas pouvoir vraiment profiter de ma jeunesse.

Léanne, atteinte de la maladie de Lyme

La jeune femme n’a pas vu la tique qui l’a mordue. Lorsque les symptômes sont apparus, les premiers examens médicaux en France se sont révélés négatifs. La famille a décidé de contacter une clinique privée allemande, se disant spécialisée dans le traitement de la maladie de Lyme, et d’y commencer un traitement à ses frais. Un traitement lourd : elle doit désormais prendre 36 gélules par jour.

« En six mois, on a déjà eu 18 000 euros de frais médicaux, sans compter les frais annexes. Et on sait qu’on va probablement devoir attendre jusqu’à deux ans de traitement », explique sa mère.

« C’est compliqué… À mon âge, c’est difficile de réaliser qu’on est malade, confie Léanne. Ce qui me pèse, c’est aussi de ne pas pouvoir vraiment profiter de ma jeunesse comme je le souhaiterais. Et je ne peux plus faire de sport, donc c’est dur aussi. »

Sujet TV : Jérôme Galichet

Texte Web : Pierrik Jordan

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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