les pilotes confrontés à des exigences extraordinaires
Pour répondre aux contraintes extraordinaires des courses d’endurance comme les 24 Heures du Mans, dont la 92e édition débute ce week-end, la préparation physique et mentale des pilotes est devenue une science très sophistiquée, dans un sport où la moindre erreur peut coûter cher.
Niché dans les Alpes françaises, à quelques kilomètres du lac d’Annecy, Nicolas Lapierre teste ses réflexes devant un mur de cosses clignotantes. « Quand on est jeune, c’est plus instinctif. Mais avec l’âge, ça devient compliqué”ironise le jeune quadragénaire.
Pour le Français, qui dispute ses 17es « 24 Heures » avec l’équipe Alpine, « La préparation en amont est tout aussi importante que la gestion de course ».
Et pour cause : au volant de voitures toujours plus fiables et performantes, « c’est devenu un sprint de 24 heures »explique à l’AFP Xavier Feuillée, patron du centre de performance 321 Perform, où s’entraînent ce jour-là de nombreux athlètes comme Nicolas Lapierre, ou le pilote de Formule 1 Esteban Ocon.
« Mettre la voiture à la limite pendant 24 heures met aussi le conducteur à sa limite, ce qui n’était pas le cas avant »il continue.
Au cours de chaque relais – un maximum de quatre heures par conducteur, par tranches de six heures – tout le monde subit une force g et un freinage intense. Rien ne doit donc être laissé au hasard : nutrition, vision, adresse, gestion du stress, soins… tout est scrupuleusement étudié dans le seul but d’optimiser les performances.
En apnée
Comme tout autre sportif, les pilotes sont aussi de véritables athlètes pour qui l’entraînement prend plus de temps que la conduite.
Et si la plupart d’entre eux préparent l’épreuve mythique du Mans comme toute autre épreuve du championnat du monde d’endurance – dont les 24 Heures du Mans sont le 4ème rendez-vous de la saison – Nicolas Lapierre rappelle qu’elle reste « le plus important » achats.
Dans ce qu’ils appellent le « laboratoire » Au 321 Perform – une salle remplie de gadgets et de machines utilisées notamment pour tester et améliorer les performances mentales et cognitives des pilotes – Charles Milesi travaille sa vision périphérique.
Pour ses premières 24 Heures du Mans dans la catégorie reine des Hypercar, le jeune pilote Alpine de 23 ans est confiant. Encouragé par Xavier Feuillée, le Français enchaîne les modules avec une dextérité incroyable.
Tout ça « contribue à fiabiliser le pilotage »explique le quadragénaire, chargé d’établir le programme de formation des pilotes.
Une fiabilité qui affecte même la respiration : à cause de la force g ou lors de mouvements précis effectués par le pilote, le propriétaire du centre raconte avoir enregistré sur l’un d’eux « 32 minutes d’apnée cumulées sur un relais de 3 heures – sur une piste qui tourne plus qu’au Mans.
« Pour éviter de priver le corps d’oxygène, ce qui serait préjudiciable à la lucidité, il faut travailler cette capacité à se réapprovisionner en oxygène très rapidement ou être capable de supporter une dette d’oxygène plus élevée sans poser de problèmes »il continue.
– Multitâche –
Dans le « laboratoire »Matthieu Vaxivière termine sa formation de base. Durant deux jours d’entraînement dans les Alpes, le coéquipier de Nicolas Lapierre sur l’Alpine N.36 – qui, comme tout le monde, s’entraîne la plupart du temps chez lui – a jonglé entre les exercices.
« Dans une Hypercar, vous avez beaucoup de boutons à toucher pendant que vous conduisez », explique ce Bordelais d’adoption. En plus d’avoir la condition physique, « vous devez effectuer plusieurs tâches à la fois dans la voiture ».
Et la concentration doit être constante : « Il faut être au meilleur de sa forme tout le temps »assure Nicolas Lapierre. « Car dès qu’on a une légère baisse d’attention, on peut être sûr qu’elle sera payée +cash+ directement ».