Les pharmaciens mettent en garde contre le mécontentement dans l’officine
Perte d’attractivité de la profession, manque de personnel, inflation… L’avenir du réseau officinal inquiète les pharmaciens. Réunie en intersyndicale, la profession a lancé un appel à une journée nationale d’action, mardi 21 novembre, afin d’alerter l’opinion publique et le gouvernement sur les difficultés rencontrées par le secteur.
Cette mobilisation, qui rassemble étudiants – les 24 facultés de pharmacie de la région et leurs doyens ont répondu à l’appel – et pharmaciens d’officine, doit être l’occasion d’une « convergence des luttes » entre les aspirants professionnels et leurs aînés.
Les étudiants défileront dans les rues d’une dizaine de villes pour réclamer la mise en œuvre de la réforme du troisième cycle de pharmacie. Promise par le gouvernement il y a sept ans, cette dernière, qui prévoit une augmentation des indemnités de stage, devrait permettre de redynamiser l’attractivité d’un secteur de plus en plus déserté. « Depuis deux ans, 1 500 places sont restées vides sur les bancs universitaires. Ce sont tous des professionnels de santé qui vont nous manquer à leur départ alors que nos missions en pharmacie sont de plus en plus nombreuses »déplore Pierre-Olivier Variot, président du Syndicat des syndicats de pharmaciens d’officine.
Difficultés économiques
Un feu rouge clignotant supplémentaire, au moment où la situation financière du réseau des pharmacies, autre enjeu majeur de cette mobilisation, vacille. Les pharmaciens s’alarment en effet d’une dégradation de la situation économique des 20 500 pharmacies de la région, de plus en plus étranglées par la hausse des coûts, notamment des salaires, sous l’effet de l’inflation.
Avec 75 % de son chiffre d’affaires provenant de la vente de médicaments pris en charge par la Sécurité sociale, et dont les prix sont encadrés par l’État, la profession dispose de peu de marges de manœuvre pour compenser la hausse du prix des médicaments. structure, estimées par les syndicats à plus de 15 % en 2022. Dans le même temps, les revenus exceptionnels liés à la réalisation des tests de dépistage du Covid se sont taris avec le reflux de la pandémie. « Nous sommes pris dans une crise et n’arrivons plus à joindre les deux bouts. Il est urgent de refondre l’économie pharmaceutique”note Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France.
Comme ses confrères, il guette depuis le début de l’automne l’arrivée de la lettre-cadre du ministère de la Santé, qui doit marquer le début des négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et la profession. Promises avant la fin de l’année, ces discussions visent à fixer les conditions de fonctionnement et de rémunération du réseau des pharmacies pour les cinq prochaines années. Mais la missive se fait attendre depuis longtemps. « L’État ne semble pas pressé de les démarrer alors qu’ils sont vitaux pour nous. De plus en plus d’officines ont une trésorerie négative et sont fragilisées. Plus de 30 % ont dû demander des conditions de paiement supplémentaires à leurs fournisseurs. »s’inquiète Laurent Filoche, président du Syndicat des groupements de pharmaciens d’officine.
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gn france