Arthur de Laborde avec AFP / Crédits photos : Nicholas Orchard / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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07:34, 25 septembre 2024
Le meurtrier présumé de Philippine, 19 ans, retrouvée morte dans le bois de Boulogne, a été interpellé mardi en Suisse par la police helvétique, a appris Europe 1 de source policière. Cet individu est soumis à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a déjà été condamné pour viol.
Une affaire qui ravive les tensions, déjà présentes depuis lundi, entre le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, partisan d’un changement de politique pénale pour plus de fermeté, et le ministre de la Justice Didier Migaud, qui a rappelé que la justice était « indépendante ». Les échanges, très polis mais de plus en plus fermes, se sont faits par voie médiatique : lundi soir, n’hésitant pas à empiéter sur les plates-bandes de son collègue du gouvernement, Bruno Retailleau a appelé, sur TF1, à revoir « un certain nombre de cadres pour faire évoluer une politique pénale qui (…) a permis d’instaurer (un) droit à la non-exécution des peines ».
« Il faut qu’il y ait des peines prononcées, et que les peines prononcées soient aussi des peines exécutées. Il faut construire des prisons. Ce n’est pas mon domaine de compétence, mais j’en discuterai très librement avec Didier Migaud », a déclaré ce sympathisant d’extrême droite. « Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays, et que c’est quelque chose qui est essentiel dans une démocratie », a déclaré Didier Migaud sur France 2 quasiment au même moment.
Le taux d’exécution des peines n’a «jamais été aussi élevé» en France
Mardi, alors que le duel se poursuivait toujours à distance, le tout nouveau ministre de la Justice a rappelé, à l’occasion de sa première visite à la prison de la Santé à Paris, que « le taux d’exécution des peines » n’avait « jamais été aussi élevé » en France. Selon les chiffres de la Chancellerie, le taux d’exécution des peines privatives de liberté a atteint 95% en 2023. Mais selon les informations d’Europe 1, 41% des personnes condamnées à des peines privatives de liberté ne vont jamais en prison.
« Il faut de l’autorité. Il faut de la fermeté. Il faut évidemment des sanctions. Mais je crois qu’il n’y a pas de justice laxiste. Il faut convaincre ceux qui pensent ainsi », a ajouté Didier Migaud.
Deux questions principales
Le suspect dans l’affaire philippine n’a en effet purgé que cinq ans de prison sur sept. Les réactions indignées viennent d’abord de la droite avec deux questions principales : comment le suspect a-t-il pu sortir de prison plus tôt en bénéficiant de réductions de peine automatiques après sa condamnation pour viol par la cour d’assises des mineurs ? Et comment un juge des libertés a-t-il pu décider de le libérer du centre de rétention administrative où il avait été placé à sa sortie de prison ?
« Nos dirigeants laissent les Français vivre avec des bombes humaines »
« Ce migrant n’avait pas sa place sur notre sol, mais il a pu récidiver en toute impunité », réagit Jordan Bardella, ajoutant que « notre justice est laxiste, notre Etat dysfonctionnel, nos dirigeants laissent les Français vivre avec des bombes humaines ». Même incompréhension du côté de l’allié du chef de file du Rassemblement national, Éric Ciotti. « Un migrant en situation irrégulière, sous le coup d’une OQTF non exécutée, un récidiviste, un violeur en liberté… Combien de temps encore ? », s’indigne l’ancien président des Républicains.
Dans le camp présidentiel et à gauche, les réactions sont beaucoup plus rares. La députée écologiste Sandrine Rousseau s’en prend d’emblée à l’extrême droite qui, à ses yeux, « va tenter d’en profiter pour propager sa haine raciste et xénophobe ».
europe1 Fr
