Les 194 pays membres de l’OMS ont démontré samedi leur volonté de mieux prévenir et mieux combattre les futures pandémies et d’éviter les graves erreurs commises lors de la catastrophe sanitaire du Covid-19.
L’Assemblée mondiale de la santé (AMS), l’organe décisionnel suprême de l’OMS, réunie il y a une semaine à Genève, a d’abord décidé de se donner plus de temps – « un délai d’un an ou moins » – pour conclure un accord sur la prévention des pandémies qui les Etats négocient depuis plus de deux ans.
Ils ont également adopté des amendements au Règlement sanitaire international (RSI), un cadre juridiquement contraignant pour répondre aux urgences de santé publique qui avait montré ses limites pendant la Covid.
Les amendements introduisent la notion de« urgence pandémique » Et « plus de solidarité et d’équité »D’après l’OMS.
« Ce soir, nous avons tous gagné et le monde a gagné »a lancé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans une salle plénière bondée du siège de l’ONU à Genève et sous les applaudissements.
Pour lui « la question n’est pas de savoir s’il y aura une prochaine pandémie mais quand elle surviendra ».
L’hypothèse Trump
Les pays africains voulaient achever les négociations d’ici la fin de l’année.
La crainte d’une réélection en novembre de Donald Trump, qui a retiré les Etats-Unis de l’OMS et n’a pas caché son mépris pour l’organisation, plane sur les discussions.
Mais le Dr Tedros a une fois de plus exprimé sa confiance dans le succès des négociations, malgré les obstacles.
« Les décisions historiques prises aujourd’hui démontrent la volonté commune des États membres de protéger leurs propres populations, ainsi que celles du monde entier, du risque partagé d’urgences de santé publique et de futures pandémies. »il a dit.
Il estime que le succès du RSI donnera un élan aux négociations sur un futur accord qui, « une fois finalisé, cela pourrait contribuer à empêcher une répétition des ravages causés » par le Covid-19.
Choc
En décembre 2021, c’est le choc de la catastrophe sanitaire dans laquelle le monde était alors plongé – qui a causé des millions de morts, endommagé les économies et paralysé les systèmes de santé – qui avait poussé les pays membres de l’OMS à lancer des négociations sur un accord contraignant sur la prévention des pandémies. , la préparation et la réponse.
Malgré les acquis et les rapprochements lors des négociations, les divergences qui persistent seront difficiles à surmonter, notamment sur le partage des savoir-faire et l’accès rapide aux moyens pour lutter contre une nouvelle crise sanitaire, les questions de financement ou de propriété intellectuelle.
Dans les pays en développement, le souvenir reste vif des pays riches qui accumulent des doses de vaccin au détriment du bien commun et refusent de partager leurs technologies.
Ils insistent sur le fait que l’accord sera équitable ou qu’il ne le sera pas.
Mais « nous avons constaté une certaine flexibilité dans la meilleure façon de trouver un texte qui nous permette d’améliorer l’équité et l’accès » aux nouveaux produits, a souligné Precious Matsoso, qui a codirigé les négociations.
Urgence pandémique
Le RSI a été adopté pour la première fois en 1969 et mis à jour pour la dernière fois en 2005.
Mais le Covid-19 a révélé les failles du système, les pays n’ayant pas réagi lorsque l’OMS a déclaré une urgence de santé publique de portée internationale, son plus haut niveau d’alarme en janvier 2020.
Ce n’est que quelques semaines plus tard que le chef de l’OMS crée un choc salutaire en parlant de pandémie, permettant à l’opinion publique et aux États de prendre conscience de la gravité de la situation.
Les négociateurs ont donc introduit un « urgence pandémique ».
« Il s’agit de donner un signal, un avertissement et de le déclarer avant qu’il ne s’agisse d’une véritable pandémie »a expliqué Ashley Bloomfield, coprésidente des négociations RSI.
Le RSI réformé promet également un meilleur accès « produits médicaux et financement ».
Les amendements créent également des structures qui devraient permettre de mieux préparer et de mieux appliquer la réglementation dans tous les pays.
A eux désormais d’insérer les pièces qui leur conviennent dans leur réglementation nationale.
Tout le monde ne partage pas l’enthousiasme des délégués et la désinformation sur l’accord sur la pandémie a atteint de nouveaux sommets, alimentée par les théories du complot.
Des centaines de personnes sont venues manifester samedi pour dénoncer l’OMS et les vaccins devant le siège de l’ONU à Genève.
Pour autant, Mike Ryan, le numéro deux de l’organisation ne les rejette pas. « Nous voulons entendre toutes les voix car toutes les voix comptent, c’est l’essence même de la démocratie »il a dit.
« Nous n’essayons pas de faire taire les gens, mais ce que nous voulons, c’est un débat fondé sur des faits ».