Après avoir été déployé au Canada, en Italie, aux Etats-Unis mais aussi en Suisse et au Portugal notamment, Uber lance ce mercredi en France son service dédié au transport d’adolescents pour les villes de Paris, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Lille, Amiens, Angers, Perpignan, Toulouse, Lyon, Nice, Nantes et Montpellier. Concrètement, les jeunes pourront commander des courses en toute autonomie en ayant accès au compte Uber de leurs parents qui pourront suivre les déplacements de leurs enfants en temps réel.
Et si la demande semble bien réelle, ce nouveau service semble anecdotique pour les conducteurs peu enthousiasmés par cette idée : « Nous transportons assez souvent des adolescents, surtout l’été, mais nous avons bien d’autres problèmes », explique-t-il. 20 minutes Houari Benali du syndicat des chauffeurs Marseillais VTC. Car en effet, les adolescents n’ont déjà aucun problème à commander eux-mêmes des courses après avoir saisi dans l’application la carte bancaire de leurs parents ou de tout autre adulte, qui jusqu’à présent étaient en principe les seuls selon le règlement d’application à pouvoir fais-le.
« Une course sur trois se termine par du vomi »
Et le public adolescent n’est ni facile ni sécurisant, alors que Marseille a été marquée début octobre par le meurtre de Nessim Ramdane, 37 ans, chauffeur de VTC par un jeune de 14 ans. « Sans évoquer le problème des trafiquants de drogue, la plupart des courses impliquant des adolescents sont des retours d’une fête au cours de laquelle ils ont abusé de l’alcool et sans mentir, une course sur trois se termine par du vomi dans la voiture », s’agace Houari. qui met en avant en priorité « le problème des faux chauffeurs et de la location de comptes Uber ». Et de s’inquiéter : « Que fait-on si l’adolescent souhaite finalement changer de destination ? Et en cas de problème ou d’accident, la responsabilité incombera entièrement au conducteur. Alors imaginez si cela se produit lorsqu’un conducteur a prêté son compte à son cousin ou à quelqu’un d’autre. »
Si la plateforme VTC a indiqué réserver ce nouveau service à ses chauffeurs les mieux notés, Mehdi Raïssi constate que « les parents soucieux de la sécurité de leurs enfants privilégient les sociétés privées de VTC plutôt qu’Uber ».
Uber « ne convaincra pas les parents inquiets »
Celui qui est chauffeur depuis dix ans a fortement développé le transport d’enfants avec sa société Massilia Drive. Et il constate que « chez les plus jeunes, il y a une forte demande ». « Les adolescents se débrouillent déjà seuls, directement avec le compte de leurs parents, sans parler des malfaiteurs qui réserveront de toute façon sur Uber avec des cartes bancaires volées », explique le chauffeur qui travaille encore occasionnellement chez Uber.
Pour répondre à la demande des plus petits, Medhi assure avoir « développé un service avec rehausseurs ou encore transport en garantissant une conductrice, notamment lorsque des jeunes filles veulent aller à l’anniversaire d’une amie par exemple ». Pour Mehdi, Uber tente avec ce service de « redorer son image, notamment après la mort de Nessim. Mais Uber est et restera un service « low cost », qui ne convaincra pas les parents vraiment inquiets. »