Les oiseaux et les humains partagent parfois plus que l’on ne le pense… C’est le cas des bactéries résistantes aux antibiotiques. Une étude internationale publiée mardi 13 août dans la revue Biologie actuelle Cette étude illustre l’impact des activités humaines sur la propagation des agents pathogènes dans les populations d’oiseaux sauvages. Elle montre que les espèces vivant à proximité des humains sont plus à risque de transmettre des bactéries résistantes aux antibiotiques que celles qui sont plus habituées aux zones rurales.
« Il est très probable que les oiseaux sauvages acquièrent ces souches résistantes lorsqu’ils sont exposés à des environnements contaminés par des activités humaines, comme les égouts ou les sites de stockage de déchets. »expliquent Evangelos Mourkas (Université d’Oxford, Royaume-Uni) et José Valdebenito (Université Australe du Chili, Valdivia), co-auteurs de l’étude. Ils craignent que ces oiseaux puissent servir de réservoir de bactéries résistantes aux antibiotiques, avec une « risque de transmission à l’homme, comme observé avec d’autres agents pathogènes tels que les virus de la grippe ».
« Ces bactéries n’ont aucun impact sur la santé des oiseaux, mais pour les humains, cela peut être vraiment problématique. »souligne Thierry Boulinier, directeur de recherche CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, qui n’a pas participé à l’étude. « Cela signifie que ces oiseaux sont des sentinelles : ils révèlent des problèmes et attirent notre attention sur le fait que l’emprise de la population humaine sur l’environnement est de plus en plus énorme. »souligne l’écologiste.
Ici, les chercheurs ont concentré leur analyse sur Campylobacter jejuniune bactérie naturellement présente dans le microbiote intestinal de nombreuses espèces, dont les oiseaux sauvages. Pour comprendre l’impact de l’urbanisation – mais aussi d’autres facteurs comme le type de régime alimentaire (carnivore, herbivore ou omnivore), l’habitat (terrestre ou aquatique) ou l’organisation sociale (en colonie ou solitaire) – sur le risque d’acquérir des bactéries résistantes, ils ont examiné des échantillons cloacaux (où sont stockées les excréments) de trente espèces d’oiseaux aux modes de vie contrastés (canards, corvidés, échassiers, merles, manchots…), dans huit pays différents.
Parmi les sept cents oiseaux analysés, près de 20 % étaient porteurs de souches bactériennes présentant des mutations de résistance à au moins un antibiotique, dont certains, comme les fluoroquinolones, sont considérés comme d’une importance critique pour la médecine humaine. Parallèlement, les chercheurs ont pu, sur la base de données réelles, « mesurer avec précision la proximité des populations d’oiseaux avec les populations humaines »expliquent Evangelos Mourkas et José Valdebenito.
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