les nouveaux contours du paysage politique
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les nouveaux contours du paysage politique

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Recompositions. Au pluriel. L’élection d’Emmanuel Macron à l’Élysée en 2017 a provoqué une recomposition du paysage politique en quatre blocs. Autour de la majorité présidentielle, le centre, longtemps représenté en marge des alternances droite-gauche par le MoDem de François Bayrou, est devenu une force à vocation majoritaire. A l’extrême droite, Marine Le Pen affiche la même ambition en se qualifiant à deux reprises pour le second tour de l’élection présidentielle, en 2017 puis en 2022. Macronistes et lépénistes ont alors effectué un pas de deux, unis dans le même objectif de partager les restes. des anciens partis de gouvernement, le PS et LR.

Au sein du bloc de gauche, la gauche modérée, héritière de François Mitterrand et François Hollande, est désormais dominée par la gauche antilibérale incarnée par La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. La droite, de son côté, essayait de se maintenir à flot en colmatant les brèches et les fuites vers le centre ou l’extrême droite.

Sept ans plus tard, le résultat des élections européennes puis la dissolution de l’Assemblée nationale bouleversent à nouveau tous les blocs. Nouvelle recomposition ou poursuite de la recomposition ouverte en 2017 ? Quoi qu’il en soit, plusieurs rencontres peuvent profondément bouleverser les équilibres et les alliances.

Première séquence : l’offre électorale. Bloc par bloc, circonscription par circonscription, tels sont les enseignements clés du premier tour, dimanche 30 juin. Deuxième séquence : les résultats du premier tour puis les désistements et accords entre les deux tours. Troisième séquence : le second tour et la configuration de la nouvelle Assemblée nationale. Un bloc obtiendra-t-il à lui seul la majorité absolue des sièges ? Ou, à défaut, une alliance entre blocs ou un éclatement des blocs permettra-t-il l’émergence d’une coalition gouvernementale ? Le jeu reste entièrement ouvert à ce stade.

► Le centre comme rempart « des extrêmes »

Réuni sous la bannière « Ensemble pour la République », le centre macroniste revendique 489 candidats, dans 577 circonscriptions. Première différence par rapport aux élections législatives de 2022 : l’UDI d’Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, rejoint dans certains départements la coalition formée par Renaissance, le MoDem, Horizons et le Parti radical.

Deuxième différence : les candidats d’Horizons apparaissent cette fois sous leurs propres couleurs avec la mention « soutenu par Édouard Philippe » et sont liés à leur propre association de financement des partis, et non plus à une structure commune à tous les alliés d’Emmanuel Macron. Ce gain d’autonomie pourrait constituer un premier pas vers une candidature de l’ancien premier ministre à l’élection présidentielle de 2027.

Troisième différence : en présentant des candidats dans 489 circonscriptions, contre 559 aux législatives de 2022, le centre laisse la voie ouverte dans plusieurs territoires à des candidats de droite ou de gauche modérée. « Il y a certaines circonscriptions, une soixantaine, où on sait que nos candidats ne seraient pas les mieux placés pour éviter la victoire des extrêmes. Et dans ces cas-là, nous soutenons un autre candidat. » a assumé Gabriel Attal, sur RTL.

Parmi eux, des députés socialistes qui ne devraient pas afficher l’étiquette Nouveau Front populaire, comme Dominique Potier et Cécile Untermaier. Des sortants du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), en pointe contre la réforme des retraites mais positionnés du centre droit au centre gauche, et surtout du groupe LR. Autant d’alliés potentiels pour éventuellement contrer une majorité relative d’extrême droite, voire de gauche.

Au-delà d’épargner les élus, la stratégie macroniste consiste à attiser chez les électeurs la peur des deux « extrêmes » en assimilant le Nouveau Front Populaire à l’extrême gauche. Au point, dans la première circonscription de Corrèze, de soutenir le député LR Francis Dubois face à l’ancien président de la République François Hollande en raison de son investiture par le Nouveau Front Populaire. Dommage si son mandat présidentiel avait préparé celui d’Emmanuel Macron.

►L’extrême droite dans la campagne pour « Jordan Bardella premier ministre »

Comme en 2022, le Rassemblement national présente ou soutient des candidats dans presque toutes les circonscriptions. Avec une différence majeure : dans 62 d’entre eux, il s’agit de candidats revendiqués « Républicains de droite » et investi par Éric Ciotti dans le cadre du« union nationale » promu par celui qui a été élu président des Républicains en décembre 2022. Parmi eux, le président des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon (Tarn, 3e circonscription), mais seulement deux députés LR : Éric Ciotti lui-même (Alpes-Maritimes, 1e) et Christelle D’Intorni (Alpes-Maritimes, 5e).

La récolte est donc inférieure à celle espérée par Jordan Bardella. Les intéressés se sont rattachés à la structure de financement personnel d’Eric Ciotti, « A droite ! Amis d’Éric Ciotti. Même limité, cet apport est essentiel pour le RN dans sa stratégie de conquête du pouvoir : briser le « cordon sanitaire » qui le sépare de la droite et mettre en avant des personnalités susceptibles de participer à un gouvernement de cohabitation dirigé par Jordan Bardella.

Cette « union nationale » ne se réduit pas aux dissidents du mouvement LR. On retrouve par exemple Charles-Henri Gallois (Nièvre, 1er), président d’un mouvement souverainiste pro-Frexit, « Reprenons le contrôle ! « . Et, surtout, les dissidents de Reconquête !. La préparation des élections législatives anticipées a en effet divisé le parti lancé par Éric Zemmour, qui a pourtant célébré l’élection de cinq parlementaires européens.

D’un côté, les proches de Marion Maréchal – quatre députés européens sur cinq – ont rejoint le« union nationale » par Jordan Bardella, comme Agnès Marion (Val-d’Oise, 9e) ou Patrick Louis (Rhône 9e), ancien parlementaire européen avec Philippe de Villiers.

En revanche, Éric Zemmour reste sur la touche et réclame 330 candidats indépendants, contre 554 aux législatives de 2022. « Afin d’être sûr de ne pas nuire aux autres candidats de droite engagés dans cette campagne », a déclaré l’intéressé sur les réseaux sociaux. En tout cas, le RN est plus que jamais hégémonique à l’extrême droite.

►La gauche unie mais Jean-Luc Mélenchon critiqué

Sur le papier, la gauche aborde le scrutin sous les mêmes auspices que celui de 2022. Candidatures uniques dans presque toutes les circonscriptions, le Nouveau Front populaire remplaçant la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Et un programme commun. Mais la comparaison n’est pas juste.

Tout d’abord, l’union s’est élargie vers l’extrême gauche pour inclure la branche du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) dirigée par Philippe Poutou, lui-même candidat dans la première circonscription de l’Aude (Carcassonne). Aux élections législatives de 2022, LFI avait déjà présenté des candidats issus de l’extrême gauche trotskiste, mais discrètement (six membres du Parti indépendant des travailleurs, un remplaçant issu de la Gauche révolutionnaire). La présence de l’ancien candidat à l’élection présidentielle Philippe Poutou, aux positions controversées sur les forces de l’ordre comme plus récemment sur le Hamas, a cette fois une autre dimension. Localement, une partie du PS devrait également soutenir une autre candidature, celle d’Aurélien Turchetto, présentée par le Parti radical de gauche (PRG).

Ensuite, l’euphorie d’un syndicat de gauche s’est vite retombée en raison de dissensions internes au sein de LFI. Sa direction mélenchoniste a en effet décidé de ne pas réinvestir une poignée de députés jugés trop critiques à l’égard de Jean-Luc Mélenchon : Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet, Hendrik Davi, Frédéric Mathieu. Guillaume Ancelet, président de « Picardie Debout ! », le mouvement régional de François Ruffin, n’a pas non plus été investi. Ces mises à l’écart ont renforcé les critiques à l’égard de l’ancien candidat à la présidentielle, de plus en plus perçu comme un obstacle et non comme un atout pour une victoire de la gauche. Autrement dit, contrairement à 2022, il est impossible de faire campagne autour du nom d’un potentiel Premier ministre.

Se pose enfin la question de la cohérence d’un programme qui s’étend du centre gauche social-libéral, symbolisé par François Hollande, jusqu’à la gauche et l’extrême gauche antilibérales (LFI, PCF, NPA). Tout dépendra du rapport de force qui se dégagera des sondages entre le PS (31 sortants, 175 candidats) et LFI (75 sortants, 229 candidats).

►La droite prouve qu’elle existe encore

La droite dispose-t-elle encore d’un espace idéologique et électoral ? Cette élection s’annonce décisive pour une famille politique dont l’éradication a été maintes fois annoncée depuis la recomposition politique de 2017. Plus que jamais, elle est encerclée des deux côtés.

Aux yeux du Premier ministre macroniste Gabriel Attal, les électeurs ont bel et bien « trois choix » : « L’alliance menée par le Rassemblement national », « l’alliance menée par La France insoumise » ou un « troisième bloc »dont il s’est proclamé chef de campagne. Exit la droite, que le centre espère absorber. En effet, les leaders locaux LR se sont entendus avec la majorité présidentielle dans plusieurs départements pour former un « arc républicain ». Ce fut le cas dans les Hauts-de-Seine, dont la fédération est présidée par le député Philippe Juvin. La commission nationale d’investiture a toutefois désavoué cet accord en désignant des candidats, notamment contre Gabriel Attal dans la 10e circonscription (Boulogne-Billancourt, Vanves, Issy-les-Moulineaux, Meudon).

En revanche, la bataille politique et judiciaire avec Éric Ciotti, élu président du parti en décembre 2022, complique la donne. « Aucun accord de dispositif n’engage Les Républicainsinsistent les dirigeants de LR. Notre ligne était posée dès le départ : l’indépendance, dans la constance des combats de la famille politique de droite. » Le parti a ainsi investi « près de 400 candidats », pour 468 aux élections législatives de 2022 (à l’époque 396 LR et 72 UDI ou alliés centristes). Dont un contre Éric Ciotti.

Le maintien d’une présence équivalente aux autres blocs politiques constitue une première victoire de la droite, qui mise sur la titularisation de ses élus : la plupart des électeurs disposeront d’un bulletin LR le 30 juin. ou un lpéniste ici, pourrait cependant laisser présager des divergences entre les deux tours, ou une fois la nouvelle Assemblée nationale élue.

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Informez-vous pendant la campagne

La campagne officielle pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet a débuté lundi 17 juin et se terminera le 28 juin à minuit.

Documents de propagande (professions de foi, bulletins de vote, affiches) seront centralisés dans chaque circonscription, par une commission chargée de leur distribution. Les imprimeurs devront livrer le matériel électoral avant mardi soir afin qu’il puisse être vérifié et envoyé à temps.

Programmes candidats sera disponible mercredi sur le site du ministère de l’Intérieur.

Le principe applicable au temps de parole des candidats et de leurs partis, à la télévision et à la radio, est celui de équité et non égalité stricte.

Temps d’antenne Cela dépend de leurs résultats aux élections précédentes, législatives en 2022 et européennes du 9 juin, des sondages et de la capacité des partis à « animer la campagne » (via par exemple des réunions publiques).

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