Bourse Entreprise

Les nouveaux chômeurs : les jeunes et les immigrés peinent à trouver du travail

Le marché du travail se resserre. Les jeunes diplômés et les nouveaux immigrants sont particulièrement touchés, avec des taux de chômage respectifs de 14,5 % et 12,3 % en août, soit le double du taux national au Québec, qui se situe à 5,7 %.

• A lire aussi : Légère hausse de l’emploi, mais aucun changement au taux de chômage au Québec

• A lire aussi : Licenciements au Bois BSL : une centaine de salariés au chômage technique

• A lire aussi : « C’est écrit dans le ciel » : vers une nouvelle baisse du taux directeur

« On sent vraiment sur le terrain que la demande n’est plus là pour les jeunes », affirme Cathy Lepage, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi Roussillon.

Il n’y a pas si longtemps, les jeunes étaient embauchés sur le champ, sans même avoir à présenter un CV. Mais cette époque est révolue, dit-elle.


Cathy Lepage, directrice générale du Carrefour jeunesse-emploi Roussillon.

Francis Halin

« Cet été, nous avons vécu quelque chose de complètement différent. Nous avons beaucoup de jeunes qui viennent ici pour rédiger leur CV et préparer des entretiens. Ils disent : « Je vais apporter mon CV, je fais des demandes d’emploi, mais personne ne m’embauche ».

Le taux de chômage de 14,5 % chez les 15 à 24 ans, observé durant l’été, est le plus élevé depuis 2012 (hors pandémie), a récemment constaté Statistique Canada.

Il s’agit de plus du double du taux de chômage global, qui est passé de 6,4 % à 6,6 % en août au pays, alors qu’il est resté à 5,7 % au Québec.

« Un tel taux de chômage chez les jeunes est énorme », estime Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chômeurs.

« On le voit ici. Mois après mois, le taux de chômage augmente progressivement. Il y a aussi beaucoup de précarité. Ce qui se crée en ce moment, c’est beaucoup plus d’emplois précaires, à temps partiel ou contractuels, que d’emplois permanents », dit-il.

Même les diplômés ont des difficultés de nos jours.

« On a des jeunes professionnels qui ont quitté l’université ou le cégep au printemps dernier et qui n’ont toujours pas d’emploi. Ce n’était pas le cas il y a deux ans », ajoute Cathy Lepage.

Difficile pour les nouveaux immigrants

Les nouveaux immigrants ont également plus de mal à trouver du travail. Le taux de chômage des immigrants arrivés il y a cinq ans ou moins était de 12,3 % en août, contre 9,2 % à la même période l’année dernière.

C’est également plus du double du taux observé chez les immigrants arrivés il y a plus de 10 ans, qui est de 6,1 %.

Victor Ogoula est bien conscient que le marché se resserre. C’est pourquoi il étudie les offres d’emploi avant de concrétiser son projet de venir s’installer au Canada, lui qui est ingénieur au Gabon.

« Ma famille et moi pensons déménager au Canada, mais je comprends que les opportunités se font plus rares. Avant de déménager au Canada, je veux avoir une idée claire de ce que je pourrais faire et s’il y a des opportunités d’emploi », dit-il.


Victor Ogoula, qui pense s’installer au Canada.

Francis Halin

« L’économie ralentit et les employeurs ont ralenti leur rythme d’embauche. Cela touche particulièrement les nouveaux immigrants et les jeunes, car ils ont moins d’expérience sur le marché du travail. Ils sont les plus vulnérables aux conséquences d’un ralentissement économique », explique Simon Savard, économiste principal à l’Institut du Québec.

« Il y a moins de postes disponibles alors que l’offre (de travailleurs) continue d’augmenter, parce que la population continue d’augmenter très rapidement au Canada et au Québec. Donc, on se retrouve avec une augmentation du chômage », ajoute-t-il.

Le chercheur précise que cette tendance est moins prononcée au Québec, car la population n’y croît pas aussi rapidement que dans le reste du Canada.

Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ?

Écrivez-nous à ou appelez-nous directement au 1-800-63SCOOP.

journaldemontreal-boras

Bouton retour en haut de la page