« Les musiques du monde jouent un rôle politique et social », estime Cécile Héraudeau, présidente du réseau Zone Franche.
Directrice du festival Convivencia, Cécile Héraudeau préside également le réseau Zone Franche, qui regroupe 219 structures œuvrant pour la défense des musiques du monde. Elle met en garde contre les dangers que fait peser l’extrême droite sur la diversité culturelle.
Publié le 20 juin 2024
Mis à jour le 20 juin 2024 à 19h07
Publié le 20 juin 2024
Mis à jour le 20 juin 2024 à 19h07
Comment vous organisez-vous face à la montée de l’extrême droite ?
Cécile Héraudeau
Directeur du festival Convivencia
A travers un véritable maillage territorial et le souci de transmettre cette musique avec des artistes qui mettent souvent en avant leur patrimoine et tiennent des discours engagés, contre le racisme, en soutien aux luttes des personnes LGBT, ou encore sur le réchauffement climatique. Des idées et des mots qui nous permettent d’avancer vers un mieux vivre ensemble.
Les acteurs du réseau ont longtemps été confrontés à l’extrême droite. Avez-vous des retours ?
Aujourd’hui, très peu travaillent avec les mairies RN, sauf à Perpignan (Pyrénées-Orientales). C’est très compliqué de continuer à défendre la diversité culturelle sur ces territoires. Il faut plus que jamais se mobiliser pour faire ce travail de terrain auprès des habitants, car ce sont eux qui votent.
« Il y a de moins en moins de programmes spécialisés sur les musiques du monde. »
Les milieux artistiques et culturels ont un grand rôle à jouer dans ce contexte délétère de repli, notamment en ce qui concerne les musiques du monde qui cultivent l’ouverture aux autres. Cette musique est essentielle, sur le plan politique et social, et va bien au-delà du simple concert.
Le réseau Zone Franche s’appuie sur une charte des musiques du monde. Comment s’oppose-t-elle aux idées promues par l’extrême droite ?
A travers cette charte, nous défendons la reconnaissance et la promotion de toutes les expressions culturelles. Nous considérons que les échanges interculturels ou inter-identitaires, les musiques et les cultures du monde sont des armes essentielles contre l’obscurantisme, le repli et l’uniformisation que prône l’extrême droite.
Avez-vous senti un changement dans le comportement des pouvoirs publics envers les acteurs de votre réseau ces dernières années ?
Il est en effet devenu de plus en plus compliqué de défendre ces créations. Certains élus locaux qui pensent faire plaisir à leurs électeurs ne veulent pas les déranger avec cette musique. Et il existe de moins en moins d’émissions spécialisées sur les musiques du monde. Moins entendus, ils sont moins repérés et diffusés sur les scènes, et donc moins soutenus financièrement.
Dans les semaines à venir, que comptez-vous faire ?
Nous participons à une mobilisation collective avec d’autres réseaux et syndicats du secteur de la musique. Nous avons déjà lancé un appel collectif à la mobilisation pour bloquer l’extrême droite aux urnes. Et nous discutons de la suite. Nos actions sont principalement relayées par nos adhérents, très présents sur les territoires et qui se mobilisent de différentes manières pour inciter le public à voter. Nous pensons tous que notre rôle est encore plus important dans ce contexte.
Allez-vous fixer une date après les élections législatives ?
Quel que soit le résultat de cette élection, nous devrons continuer à nous mobiliser. Je crois sincèrement à la force du collectif, absolument nécessaire pour relever les défis qui nous attendent dans les semaines, les mois et les années à venir. Plus que jamais, nous devrons nous rassembler pour défendre cette musique.
Face à l’extrême droite, ne lâchez rien !
C’est étape par étape, argument contre argument, qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous essayons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des fauteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, apportons une autre voix à ce débat public de plus en plus nauséabond.
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