Alors que l’armée russe a regagné du terrain en Ukraine ces derniers mois, Prague a annoncé ce mardi l’arrivée en Ukraine de la première livraison de munitions achetées hors d’Europe dans le cadre d’une initiative tchèque, afin de faire face à l’invasion de la Russie.
» La première livraison de munitions issue de notre initiative est arrivée en Ukraine il y a quelque temps. Nous faisons ce qu’il faut », a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala sur le réseau social X.
Pour rappel, l’initiative d’urgence menée par Prague vise à donner une bouffée d’air frais aux troupes ukrainiennes. A condition toutefois que la production de munitions sur le sol européen augmente significativement et très rapidement. La République tchèque aurait identifié « un demi-million de cartouches de calibre 155 et 300 000 cartouches de calibre 122 »qui pourrait être livré à Kyiv « dans quelques semaines » si les financements nécessaires étaient réunis (soit environ 1,4 milliard d’euros), a estimé le président tchèque Petr Pavel lors d’une table ronde à Munich le 17 février.
La France aux côtés de Prague dans l’initiative
Selon la ministre tchèque de la Défense Jana Cernochova, 18 pays avaient rejoint l’initiative à la mi-juin. Les médias tchèques ont évoqué les pays baltes, la Belgique, la Finlande, l’Islande, le Luxembourg, la Norvège et la Slovénie. Les pays de l’UE avaient promis un million d’obus d’ici fin mars, mais n’ont pas pu les livrer en raison d’une capacité de production insuffisante. Les Tchèques se sont alors tournés vers les marchés des pays tiers, se battant avec la Russie pour obtenir des munitions disponibles.
La France est également de la partie. « L’initiative tchèque est extrêmement utile, nous la soutenons, nous y participerons. Elle consiste à aller chercher des munitions là où elles sont disponibles, compatibles avec le matériel que nous avons livré. »avait justifié Emmanuel Macron début mars, en visite à Prague.
« Les besoins de l’Ukraine sont tels que nous devons désormais regarder au-delà de ce que nous pouvons produire et de ce que nous avons en stock, c’est le sens de cette initiative. Nous devons également rechercher les capacités restantes auprès de pays tiers non européens pour répondre aux besoins à court terme de l’Ukraine en termes de munitions.expliquait alors le président français.
Selon Thomas Kopecny, envoyé du gouvernement tchèque pour la reconstruction de l’Ukraine, Kiev aurait besoin de 200 000 obus par mois au cours des deux prochaines années. juste pour atteindre l’équilibre » contre la Russie. Malgré l’accélération et l’augmentation de la production en Europe ainsi que la livraison des stocks d’obus disponibles, les pays européens sont très loin de pouvoir satisfaire les demandes des Ukrainiens, confrontés à une guerre de haute intensité et très dévorante. en munitions. Par exemple, la France devrait produire 4 à 5 000 obus par mois d’ici la fin de l’année (contre 2 000 au début de la guerre). D’autant que la France souhaite conserver une partie de cette production pour ses propres forces. « Nous devons maintenir la capacité de nous défendre »avait prévenu Emmanuel Macron le 6 mars.
Les mesures de soutien se multiplient
Derrière l’initiative tchèque, d’autres annonces de soutien se sont succédées ces dernières semaines.
Réunis en Italie, à Bari, les membres du G7 (États-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada, Japon) ont notamment affiché leur unité pour aider Kiev à se défendre face à la Russie. Pour cela, ils ont « est parvenu à un accord politique visant à fournir à l’Ukraine un soutien financier supplémentaire d’environ 50 milliards de dollars d’ici la fin de l’année », a déclaré le 14 juin la chef du gouvernement italien, Giorgia Meloni, dont le pays assure cette année la présidence tournante du G7. Cette avancée au G7 et l’accord bilatéral de sécurité entre Kiev et Washington le même jour en marge de ce sommet » démontrer à Poutine qu’il ne nous épuisera pas, qu’il ne peut pas nous diviser », a souligné le président américain Joe Biden lors d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien. » L’Occident ne recule pas « .
Avant cela, Joe Biden avait déjà réussi à apporter un soutien massif à Kiev grâce à la vote du Congrès américain libérant l’aide de 61 milliards de dollars à la fin avril. Pour rappel, elle est restée plusieurs mois prisonnière des questions de politique intérieure aux Etats-Unis en pleine année électorale. Depuis, les États-Unis ont débloqué quelque 1,4 milliard de dollars d’aide militaire pour puiser dans leurs stocks, principalement des systèmes anti-aériens Patriot et NASAMS qui manquent cruellement à l’Ukraine pour affronter les Russes, ainsi que des munitions pour l’artillerie.
La France livrera le Mirage 2000-5
De son côté, Paris n’est pas en reste. La France va remettre à Kiev des chasseurs Mirage 2000-5 afin de soutenir ce pays attaqué par la Russie depuis plus de deux ans. Les modalités de ce transfert restent à définir. « Leur nombre n’est pas encore officialisé, on parle de quelques unités »» a confirmé à La Tribune le général Stéphane Mille, chef d’état-major de l’armée de l’air, interviewé lors du Paris Air Forum 2024 le 13 juin.
Concrètement, explique-t-il, pour l’Armée de l’Air et de l’Espace, « il s’agira de transposer certaines activités actuellement exercées par le Mirage 2000-5 sur la flotte Rafale ». « C’est une réarticulation des missions entre la flotte Mirage 2000 et le Rafale »a-t-il résumé, tout en précisant que le calendrier de livraison du Rafale, prévu par la loi de programmation militaire, sera » clé « afin de compenser ce transfert » aussi vite que possible « .