Divertissement

les montagnes russes de la pompe tragique et de l’effusion romantique

César Catilina (Adam Driver) et Julia Cicero (Nathalie Emmanuel) dans le film de Francis Ford Coppola

L’OPINION DU « MONDE » – À NE PAS MANQUER

Célèbre pour ses chefs-d’œuvre monumentaux – Le Parrain (1972), Apocalypse Now (1979) – Francis Ford Coppola a également créé quelques pures merveilles dans un registre plus modeste, comme Les gens de la pluie (1969), Conversation secrète (1974), ou Peggie Sue s’est mariée (1986). Cette variabilité des régimes alimentaires a toujours fait partie de son génie et de son charme. A mesure qu’il vieillissait, et qu’Hollywood ne risquait plus rien, Francis Ford semblait s’être définitivement converti au régime frugal depuis vingt ans, avec des films comme Tétro (2009) ou Twixt (2011).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Francis Ford Coppola : « Le cinéma n’a pas de règles, il les enfreint »

C’était évidemment un passage. Le maestro, rattrapé par cette hubris qu’il n’aime rien tant que mettre en scène, rêvait en catimini, et depuis plusieurs décennies, d’un nouveau coup d’éclat et de cœur pour s’endetter à nouveau pour le restant de ses jours, mais à 85 ans, à condition de s’appeler Coppola, on tente à nouveau l’expérience…

Déclin d’une civilisation

La chose s’appelle, pour être parfaitement clair, Mégalopole. Un petit clin d’œil amusé et autoréflexif, sans doute, mais aussi : une grande farandole baroque, un péplum des fins dernières, un testament futuriste, une ode à l’amour, un chant pour l’humanité. Les montagnes russes du faste tragique et de l’effusion romantique. Cela se passe dans la Nouvelle Rome. Entre l’antique, donc, et un futur proche. On se serait peut-être passé de la parabole romaine, on l’oublie en fait assez vite. Elle parle, pour l’essentiel, du déclin inéluctable d’une civilisation atteinte de la maladie mortelle des civilisations : l’arrogance, la luxure, le pouvoir confisqué, le bien commun soumis à l’enrichissement de quelques-uns, la perte du sens.

Voici les protagonistes. César Catalina (Adam Driver), architecte ténébreux, maître du temps, inventeur prix Nobel d’un matériau réparateur et éternel, à l’œuvre utopique d’une nouvelle cité. Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito), maire de la Nouvelle Rome, conservateur et pragmatique, érudit, partisan du statu quo d’un pouvoir désuet, antithèse de César. Julia Cicero (Nathalie Emmanuel), fille du premier, admirative de son père, néanmoins follement amoureuse de César dont elle partage l’ambition utopique. Hamilton Crassus III (John Voight), banquier milliardaire et grand-oncle de César, hédoniste sans scrupules qui tient la ville entre ses mains. Clodio Pulcher (Shia LaBeouf), petit-fils de Crassus, trompant le peu de considération dans laquelle ce dernier le tient par un surcroît de cynisme et de dépravation, rêvant de faire tomber son cousin César. Wow Platinum (Aubrey Plaza), bombe sexuelle et chroniqueuse financière, vénale, fatale, maîtresse de César et épouse du vieil Hamilton Crassus, qu’elle entreprend de dévaliser avec l’aide de son petit-fils.

Il vous reste 38.59% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
Bouton retour en haut de la page