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les milieux industriels français s’inquiètent des prix à long terme

les milieux industriels français s’inquiètent des prix à long terme
Dans l'aciérie ArcelorMittal de Dunkerque (Nord), le 16 janvier 2023. Cette aciérie est l'une des trois entreprises ayant signé un accord tarifaire spécifique à long terme avec EDF et dont le nom a été rendu public.

Bluff ou stress ? Est-ce une exagération classique lors d’une négociation avec un fournisseur pour obtenir un résultat plus avantageux, ou une réelle inquiétude qui traverse les milieux industriels français ? Près de six mois après l’accord entre l’État et EDF pour modifier les conditions de vente de l’électricité nucléaire, de nombreux acteurs industriels s’alarment de la situation.

Avec une critique récurrente contre les nouvelles règles du jeu : le tarif du mégawattheure (MWh) proposé par EDF ne serait pas suffisamment compétitif, ni prévisible à long terme. Cette supposée incertitude pèserait à la fois sur le fonctionnement actuel des industriels et sur leurs investissements futurs, condition essentielle à la décarbonation de l’industrie française dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone mise en place par les pouvoirs publics.

En novembre 2023, après d’âpres discussions, le gouvernement et EDF ont annoncé un nouveau mécanisme de tarification pour remplacer celui instauré en 2010, et toujours valable jusqu’au 31 décembre 2025, encadrant l’accès à l’électricité nucléaire historique (Arenh). Pendant quinze ans, le mégawattheure était disponible à 42 euros. Un prix avantageux pour les constructeurs, mais pas pour EDF, confronté à des investissements colossaux pour entretenir et développer son parc.

Un phénomène temporaire

À partir de 1euh Janvier 2026, le nouveau prix ne sera plus fixe et tournera « environ 70 euros le mégawattheure ». Si ce seuil est dépassé, l’État pourra prélever une partie des recettes gagnées par EDF pour les redistribuer aux clients et amortir leurs factures : 50 % des recettes au-dessus de 78-80 euros le mégawattheure, puis 90 % au-dessus de 110 euros.

Auditionné le 3 avril devant la commission d’enquête sénatoriale sur les prix de l’électricité, le directeur général d’EDF, en charge du pôle clientèle, Marc Benayoun, a précisé que l’énergéticien avait signé à ce jour « 671 contrats de vente d’électricité à long terme » avec des entreprises pour « des durées de quatre à cinq ans, sur un volume de 5 TWh (térawattheures) de consommation annuelle ». Contrats vendus à des prix « environ 70 euros le mégawattheure »comme prévu par l’accord de novembre 2023. Un volume qualifié de  » considérable «  par le gestionnaire, mais qui reste limité par rapport à la consommation de l’ensemble des entreprises en France − environ 250 TWh par an.

Les quelque 600 signatures de contrats s’expliquent principalement par la baisse du prix de l’électricité depuis l’automne. Mais le phénomène ne serait que cyclique, selon Frank Roubanovitch, président de l’association Cleee, qui représente plusieurs centaines de grands consommateurs industriels et tertiaires d’électricité et de gaz. « Les prix sont raisonnables pour le moment, mais rien n’est solide sur le long terme, car les constructeurs n’ont aucune visibilité sur les prix de l’électricité pour les quinze prochaines années », explique M. Roubanovitch. Il souligne que « les 70 euros du mégawattheure annoncés en novembre 2023 sont une estimation par EDF du prix de marché pour les quinze prochaines années, mais ce n’est pas une garantie ».

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