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Les médaillés français imposés, tout sauf une nouveauté (mais cela pourrait changer)

Les médaillés français imposés, tout sauf une nouveauté (mais cela pourrait changer)

L’imposition de primes aux athlètes français médaillés aux JO de Paris a suscité une petite polémique dans le sport français et même à l’Assemblée nationale, où une proposition de loi pourrait changer les choses. Pourtant, les héros bleus de l’été ne sont pas traités différemment de leurs prédécesseurs, et Amélie Oudéa-Castéra n’a pas manqué de le souligner.

Avec déjà 48 médailles dont 13 en or à l’entame de la deuxième semaine des JO 2024, la délégation française a pulvérisé son record de Pékin 2008. Adulés par le public et soutenus par les nombreux spectateurs présents sur les sites lors de leurs exploits, les athlètes tricolores empochent également une jolie prime en cas de podium. Mais, au grand dam de David Douillet, les médaillés bleus seront taxés sur ces primes allant de 20 000 à 80 000 euros. Le début d’une polémique qu’on n’avait pas forcément vu venir lors de la belle quinzaine de Paris 2024. Face aux critiques, Amélie Oudéa-Castéra a tenu à réitérer la position du gouvernement ce mardi sur RMC.

« Nous avons veillé, je le rappelle aussi, à ce que tous nos athlètes et représentants aux Jeux aient un niveau de sécurité matérielle inédit avec tous ceux qui sont suivis par les cellules de performance qui bénéficient d’une garantie de 40 000 euros annuels », a expliqué la ministre démissionnaire des Sports et des Jeux Olympiques lors de son passage sur le programme Intégrale Paris 2024. « Et tous ceux qui se sont présentés aux Jeux et qui n’étaient pas dans les cellules de performance ont reçu un minimum de 15 000 euros. Cela n’a jamais été fait et ce sont des moyens assez considérables mobilisés, 300 millions mobilisés par mon ministère au service de la haute performance annuellement ces dernières années pour permettre tout cet effort. »

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Pas la part principale de la rémunération des athlètes

Contrairement aux idées reçues ou aux rumeurs qui circulent depuis le début de cette polémique, cette somme de 80 000 euros versée aux médaillés n’est pas destinée à les rémunérer durant leur Olympiade mais constitue plutôt une récompense.

Durant leur préparation aux Jeux olympiques, depuis plusieurs années, les sportifs perçoivent pour la grande majorité d’entre eux d’autres rémunérations. Dans la perspective de ces Jeux de Paris 2024, l’aide de l’Etat a donc été plus importante que d’habitude.

« Quand un sportif gagne 80 000 euros, vous savez combien de temps il lui faut pour obtenir son bibelot ? Entre 10 et 15 ans », s’était emporté David Douillet sur RMC lundi soir. « Et c’est plutôt 15. Si vous étalez 80 000 euros sur 15 ans, vous verrez ce que ça donne. »

Taxer les primes des médaillés, rien de nouveau

Malgré le cri du coeur de David Douillet en faveur des athlètes français médaillés aux JO de 2024, cette taxation des primes de médailles n’a rien de nouveau. Si une exonération fiscale de ce revenu exceptionnel avait été votée pour les JO d’Atlanta (1996), Nagano (1998), Sydney (2000), Salt Lake City (2002) puis de Turin (2006) et Pékin (2008).

Mais depuis les Jeux olympiques d’hiver de Vancouver en 2010 et surtout pour ceux d’été de Londres en 2012, les parlementaires ont estimé que ce bonus devait être imposé aux médaillés. L’avantage fiscal sera donc supprimé dans les lois de finances ultérieures.

Plutôt qu’une exonération pure et simple, les médaillés olympiques français vont enfin bénéficier d’un nouveau coup de pouce fiscal après Londres et Sotchi (2014). Depuis 2015, les athlètes peuvent opter pour un mécanisme de lissage des primes sur 4 ans. Un bon moyen d’éviter de changer de tranche d’imposition après une fabuleuse performance à Paris 2024.

« Maintenant, sur le plan fiscal, j’adore David Douillet et c’est un grand défenseur des sportifs. J’adore discuter de la place des sportifs dans la société, on est très en phase sur la façon dont on doit gérer tout ça. Mais, cette taxe existe depuis les Jeux de Londres. Et les Jeux de Londres, c’est un peu David… », a répondu Amélie Oudéa-Castéra mardi sur RMC. « C’est quelque chose qui n’est pas du tout nouveau et qui ne me paraît pas anormal. Les sportifs n’ont jamais demandé à ne pas être traités comme les autres citoyens. »

« Ce qui était totalement indigne à Rio, c’était d’avoir 40% de la délégation sous le seuil de pauvreté alors qu’ils enchaînaient des exploits et des performances extraordinaires demandant un engagement absolu tout au long de l’année avec des sacrifices et une abnégation folle. C’était absolument choquant », conclut Amélie Oudéa-Castéra.

Une facture après les nombreuses médailles bleues ?

Face au début de la polémique sur cette taxation des primes de médailles, le député d’Eure-et-Loir Olivier Marleix s’est emparé du sujet. L’ancien chef du groupe LR à l’Assemblée nationale a annoncé mardi vouloir déposer une proposition de loi visant à rétablir l’exonération fiscale sur les primes versées par l’Etat aux médaillés olympiques.

« Un PPL consensuel pour démarrer la législature et poursuivre un moment d’unité nationale dans l’hémicycle », a écrit le député du groupe Droite républicaine dans l’hémicycle dans un message publié sur les réseaux sociaux. « Exemptons nos médaillés aux Jeux olympiques et paralympiques de l’impôt sur leurs primes ».

Mais au-delà de la récompense financière et des primes versées aux médaillés, Amélie Oudéa-Castéra souhaite surtout un changement dans la reconnaissance des sportifs.

« Nous souhaitons tous que nos sportifs soient reconnus au maximum. Et nous allons encore prendre des décisions en ce sens car ce n’est que le début », a ensuite déclaré le ministre démissionnaire sur RMC. « Je considère, et là-dessus je suis totalement d’accord avec David Douillet, que nos sportifs, historiquement, n’ont pas été suffisamment reconnus au bon moment et à la bonne valeur dans notre société. »

Avant de conclure : « Et cela vaut pour tout. Je me bats et je me bats terriblement depuis deux ans pour que, y compris dans le système scolaire ou universitaire, on prenne mieux en compte leurs rêves et leurs contraintes ou leurs besoins de développement. Il faut les accompagner, il faut les aider à réaliser ces rêves qui font tant de bonheur à la Nation. »

Jean-Guy Lebreton avec NP

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