Du 11 au 22 novembre, la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP29) se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan. Après Charm el-Cheikh et Dubaï, les plus hautes autorités mondiales se réuniront, une fois de plus, dans un pays peu exemplaire en matière de respect des droits de l’homme et du droit international.
Patrimoine patiemment construit par la communauté internationale, le corpus des droits de l’homme est un ensemble complet de normes, sédimentées sur plusieurs générations. Ainsi, après les droits civils et politiques, sont venus les droits culturels et socio-économiques, puis les droits collectifs, dont le droit à un environnement sain et protégé. Et la promotion de l’un d’eux ne peut se passer du respect de tous les autres. Ainsi, le consensus nécessaire pour lutter contre le changement climatique doit s’accompagner d’une exigence essentielle en matière de défense des droits et libertés fondamentales les plus élémentaires, comme la liberté de pensée et d’expression ou encore la protection de la vie. et la dignité.
Autoritaire, répressif et irrespectueux des droits de l’homme
La société civile et le milieu des ONG sont unanimes pour qualifier l’Azerbaïdjan d’État irrespectueux des droits de l’homme : classé 164ème sur 180 par Reporters sans frontières, ce pays autoritaire et répressif est, selon Amnesty International, plus qu’échouant en matière de liberté. d’expression et de manifestation, voire de protection des droits des femmes. En matière de corruption, selon l’indice Transparency International, le pays obtient un classement similaire. Et Human Rights Watch vient de publier un rapport accablant sur la répression de la société civile.
L’Azerbaïdjan s’est surtout illustré, en 2023, par des exactions commises sur le territoire du Haut-Karabakh : fermeture d’un couloir qui permettait le transport de vivres et de matériel médical ; des opérations militaires ayant entraîné le déplacement forcé de plus de 100 000 personnes, dont un tiers d’enfants, sans possibilité de retour ; destruction du patrimoine matériel et culturel ; détention arbitraire de prisonniers politiques ; des violences conduisant à des meurtres, des viols, des décapitations, etc. Et comment ne pas évoquer l’assassinat d’un opposant politique azerbaïdjanais, sur le sol français, en septembre dernier ?
L’attitude belliqueuse de Bakou envers Erevan se poursuit sans relâche, que ce soit à travers l’occupation des territoires frontaliers ou les commentaires des dirigeants azerbaïdjanais décrivant la République d’Arménie comme un« Azerbaïdjan occidental ». Ces derniers jours, le régime Aliyev a abattu des dizaines de milliers d’arbres, parfois sur le territoire souverain de l’Arménie, dans le but de construire des positions militaires. Nous, les villes dans lesquelles nous subissons chaque année le traumatisme causé par le génocide arménien il y a un siècle, ne pouvons pas détourner les yeux d’une telle situation et garder le silence.
Appel au boycott de la COP29
Tout cela démontre le manque d’intérêt de l’Azerbaïdjan pour le droit de l’environnement et la lutte contre le changement climatique. Surtout, ces actions et positions nous font imaginer le pire, lorsque la COP29 sera terminée, l’attention de la communauté internationale se tournera vers d’autres enjeux, et l’Arménie se retrouvera sans aide extérieure pour protéger ses frontières. De nouveaux abus et une nouvelle catastrophe humanitaire sont à craindre, d’autant que Bakou laisse entendre sa volonté de relier à tout prix le Nakhitchevan au reste du pays.
En Azerbaïdjan comme ailleurs, l’absence d’État de droit et le caractère répressif et belliqueux du régime devraient ainsi disqualifier l’accueil de tels événements internationaux sur le territoire. A l’heure où s’ouvre cette 29ème Conférence des Nations Unies sur le climat, la défense de l’environnement, de la biodiversité et du climat ne peut être le prétexte à une mobilisation au détriment des libertés fondamentales et des droits de l’homme, ceux-ci ne peuvent être respectés à la carte, au gré des Les États et leur contribution financière aux agences des Nations Unies. Et nous appelons toutes les voix progressistes et humanistes à boycotter cette grossière mascarade, car la lutte et l’action pour le climat nécessitent un engagement résolu et sincère.