les liquides de fruits rouges sont plus dangereux pour les poumons
Des expériences réalisées sur des souris montrent que vapoter des arômes de fruits rouges affaiblit les défenses immunitaires des poumons, ce qui pourrait augmenter le risque d’infections respiratoires.
Les experts sont unanimes : vapoter est infiniment moins nocif que fumer. Mais ils s’accordent aussi sur le fait que les cigarettes électroniques ne sont pas inoffensives, même si leurs effets à long terme sont encore méconnus. Une étude menée par une équipe de la prestigieuse université McGill au Canada a relancé ce sujet émouvant. Les résultats montrent que deux liquides au goût de fruits rouges – une saveur très appréciée des jeunes outre-Atlantique – pourraient avoir un impact négatif sur les bronches.
Pendant plusieurs jours, les scientifiques ont exposé des souris aux vapeurs de cigarettes électroniques, à raison de deux inhalations par minute pendant une heure chaque jour. Un rythme censé imiter les habitudes de consommation des jeunes Américains. Suite à cela, ils ont constaté que les défenses immunitaires des poumons étaient affectées par les vapeurs de fruits rouges. Plus précisément, ce sont les macrophages – ces cellules chargées d’éliminer les intrus de l’air extérieur – qui se sont révélés inefficaces. Cela n’a pas été le cas chez les souris exposées à des vapeurs sans arôme de cigarette électronique, précisent les auteurs de l’étude publiée dans la revue de l’Académie américaine des sciences (PNAS).
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Système immunitaire perturbé
Pour aller plus loin, les chercheurs ont ensuite exposé les souris à Pseudomonas aeruginosaune bactérie opportuniste responsable d’infections potentiellement très graves. Résultat : les souris ayant inhalé des vapeurs de fruits rouges ont eu plus de mal à combattre l’infection et leur groupe a enregistré plus de décès que celui des souris exposées à un e-liquide sans arôme. « Les personnes exposées aux vapeurs des cigarettes électroniques peuvent mettre plus de temps à éliminer les infections, ce qui peut nécessiter des antibiotiques »soulignent les auteurs de l’étude.
« Ces arômes de fruits rouges perturbent le système de défense pulmonaire des souris. Contrairement à ce qu’affirment les fabricants, tous ces arômes ne sont pas anodins.estime le professeur Yves Martinet, pneumologue et président du Comité national contre le tabagisme. « Dans les années à venir, il faudra s’attendre à découvrir les conséquences du vapotage sur les fonctions respiratoires et cardiaques »prévient le médecin. Cependant, ces données obtenues chez la souris ne sont pas actuellement vérifiées chez l’homme : aucune étude n’indique qu’il existe des infections pulmonaires plus graves chez les vapoteurs que dans le reste de la population. la population.
Ne découragez pas les vapoteurs qui ont arrêté de fumer
Pour le professeur Daniel Thomas, vice-président de l’Alliance contre le tabac et porte-parole de la Société francophone de tabacologie, « cette étude n’est pas une alerte en soi » et ne doit pas « décourager les vapoteurs qui ont arrêté de fumer du tabac ». « Il s’agit d’une étude très sérieuse, réalisée par une équipe de haut niveau. Mais d’une part, les données obtenues chez la souris ne sont pas toujours transférables à l’homme »souligne le cardiologue. « En revanche, vapoter reste bien moins dangereux que continuer à fumer »insiste-t-il, rappelant que « le but est d’arrêter de vapoter au plus vite ». « Et bien sûr, il ne faut surtout pas se lancer dans la vape si l’on n’est pas fumeur, je pense notamment aux adolescents »ajoute le médecin.
Selon lui, il n’est pas non plus nécessaire « ignorer les risques possibles de la cigarette électronique ». « Il y a déjà eu des études impliquant des arômes de cannelle et de menthe.il se souvient. Les arômes utilisés pour vapoter ne sont pas censés être inhalés, mais nous manquons cruellement de données sur les effets sanitaires de ces produits, il faut continuer à les étudier.
Depuis 2016, l’usage de la cigarette électronique est en augmentation en France. Sur la même période, le tabagisme a connu une baisse sans précédent, passant de 29,4 % à 24,0 % de la population. Selon les dernières données de Santé Publique France, un peu plus de 5 % de la population adulte vape quotidiennement, soit plus de 2,2 millions de personnes.