les laborieuses justifications du garde du corps et de la secrétaire de Jean-Marie Le Pen
Ce sont sans doute les moins parlementaires assistants parlementaires de tout le procès des assistants du Front national au Parlement européen : le secrétaire particulier de Jean-Marie Le Pen et son garde du corps ont été entendus, lundi 7 octobre, au quatrième jour d’audience, à Paris. Ils ont fait de leur mieux, dans l’intérêt du parti, pour garder un pied à Strasbourg et l’autre auprès de leur estimé président, mais la position est intenable. Le tribunal ne doute évidemment pas que Jean-Marie Le Pen leur ait fait signer des contrats fictifs pour leur assurer un salaire à la charge du contribuable. Qu’ils ont signé parce que chez Le Pens, on ne discute pas des décisions de parti.
Ironiquement, le député européen auquel ils ont été affectés n’a pas tourné autour du pot et répète depuis des années qu’ils n’ont jamais travaillé pour lui. Fernand Le Rachinel, qui fait bonne figure à 82 ans, aurait employé au Parlement la secrétaire Micheline Bruna et l’agent de sécurité Thierry Légier de novembre 2004 à août 2009. Il a répété que ce n’était pas lui qui avait choisi, « C’est le système qui a été mis en place, je ne pensais pas que c’était illégal, j’ai signé de bonne foi. Mais le système ne me convenait pas, j’étais très impliqué au Parlement, et j’aurais aimé avoir de vrais assistants. De toute façon, c’est Jean-Marie Le Pen qui a tout décidé.».
Son audition devant le juge d’instruction a circulé au sein du RN, « et j’en ai pris un coup de pied »il s’en souvenait ; Marine Le Pen a même jugé que « ses déclarations étaient ignobles ». Fernand Le Rachinel n’est plus en âge de s’en émouvoir. Apprenti typographe à 14 ans, autodidacte, meilleur ouvrier de France, « ce qui m’a permis d’avoir une équivalence bac+3 grâce à M. Mélenchon » (alors ministre délégué à l’Enseignement professionnel) – rires dans la salle – il a créé quatorze entreprises, a été pendant vingt-deux ans conseiller général de la Manche, vingt et un ans conseiller régional de Basse-Normandie et deux fois député européen FN de 1994 à 1999, puis de 2004 à 2009.
« Tout le monde pensait que c’était normal »
Il rencontre Jean-Marie Le Pen pour la première fois en 1979, devient imprimeur du FN à partir de 1984 et est nommé au bureau politique jusqu’à la crise de 2008. Le parti lui doit 40 millions de francs d’impayés, il en prête encore 1,5 million à son ami Le Pen pour la présidentielle de 2007, puis 6,8 millions au parti. Mais il a dû saisir la justice pour récupérer ses dettes et n’a été remboursé qu’en 2012. L’imprimeur a claqué la porte du parti en 2008 et s’est rapproché du Parti de la France, un petit groupe qui se situe un peu à droite du Parti National. Rallier.
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