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Les JO de Paris aspirés par la crise politique en France

A un mois de leur ouverture, les JO de Paris se retrouvent entraînés dans la crise politique française après la convocation surprise d’élections législatives aux conséquences incertaines alors que la France doit accueillir le monde entier.

En décidant de dissoudre l’Assemblée, à la suite d’une claque électorale pour le camp présidentiel et de près de 40 % des voix pour les partis d’extrême droite, Emmanuel Macron a lancé une élection à haut risque juste avant une édition olympique, une situation inédite selon les spécialistes.

La maire PS de la ville hôte, Anne Hidalgo, a qualifié cette décision prise avant les JO d’« extrêmement inquiétante ». Car autant à droite qu’à gauche, dans les collectivités comme au gouvernement, c’est l’union sacrée autour des JO qui prime depuis plusieurs années.

« protéger les Jeux olympiques des turbulences politiques »

Bien consciente du risque d’envoyer les Français aux urnes à trois semaines des JO, dans une France fracturée et avec un possible scénario ingouvernable, la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a sans détour appelé à « une trêve olympique ».

A la tête de l’organisation des transports (IDFM), enjeu crucial pour les Jeux, elle a convoqué ses troupes « pour montrer l’unité nationale autour de ces Jeux et les protéger des turbulences politiques ». Candidate de droite lors de la dernière élection présidentielle, elle voit actuellement son parti se déchirer car son président a décidé d’une alliance avec le Rassemblement national (RN).

Ainsi le président du CIO, Thomas Bach, répète en vain  » pas de soucis «  depuis deux semaines, les JO se retrouvent projetés sur la scène politique.

Et même devenir un argument électoral pour Emmanuel Macron, pour qui les Français « s’intégrer dans leur choix ». Réclamant à Matignon, le président du RN Jordan Bardella a rétorqué qu’il ne changerait rien à leur organisation s’il arrivait au pouvoir.

En réalité, les Français commençaient tout juste à s’intéresser à la chose olympique, notamment depuis l’arrivée de la flamme olympique à Marseille le 8 mai.

Le patron de l’Olympique Tony Estanguet s’en prend et se veut rassurant en expliquant que « les principales décisions » ont déjà été prises. Reste que le chef VRP des Jeux voit les pré-olympiques complètement rongés par une campagne électorale et les nerfs de son champion mis à rude épreuve.

« Estanguet n’a pas d’élections, les calendriers ne sont pas les mêmes »», a l’habitude de dire son entourage pour expliquer une certaine méfiance de l’ancien Céist à l’égard des élus. Les calendriers s’effondrent. « Il faut que ce soit vert »ont indiqué à l’AFP plusieurs sources de l’écosystème olympique.

Les JO de Paris aspirés par la crise politique en France

« Jeux olympiques de 1936 »

C’est surtout après le second tour qui est inquiétant.

« Si le 8 juillet c’est Bardella, ce sera la stupéfaction », explique une source politique à l’AFP. Qui sera aux commandes le soir de la cérémonie d’ouverture sur la Seine, le 26 juillet, assis avec tous les chefs d’Etat étrangers ? Où ira le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a passé des heures à préparer cet événement ? Pas au gouvernement en cas de défaite de la majorité présidentielle, a-t-il déjà prévenu.

« Il y a clairement des questions qui se posent en cas de victoire du RN »explique une source policière, craignant des heurts urbains.

Poche de résistance au RN, qui a fait moins de 10%, Paris « est une ville d’espoir »a expliqué Anne Hidalgo. « Viens, c’est un endroit où on va continuer à respirer »elle a dit de répondre à ceux « qui s’inquiètent de la situation française ».

La trêve olympique, bien peu pour l’ancien champion Guy Drut.

Membre du CIO et ancien ministre des Sports sous Jacques Chirac, il assure que« il n’y avait aucune raison pour que ça tourne mal avec un gouvernement RN »se disant favorable à une alliance entre LR et le RN.

« Les Jeux olympiques vont bien se passer. Les attentats de Munich en 1972 n’ont pas empêché les Jeux d’avoir lieu »a-t-il même déclaré au Monde. « Les propos de Guy Drut relèvent de sa propre responsabilité », a réagi le comité d’organisation auprès de l’AFP. Cette sortie a également indigné la ministre des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra, qui ne pourra plus être ministre au début des Jeux.

Ancien conseiller de François Mitterrand, et ancien partisan d’Emmanuel Macron, Jacques Attali ne mâche pas ses mots concernant cette dissolution : « Faire cela avant les Jeux Olympiques est scandaleux. Nous devions avoir les JO de 1924, nous allons avoir ceux de 1936. »a-t-il déclaré dans un entretien au quotidien Libération.

Mais, dans ce tumulte, regarder les matchs de l’Euro de football et les épreuves olympiques sera au contraire « positif »expliquer plusieurs sources.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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