Les islamistes en tête de liste des partis
Le Front d’action islamique (FAI), branche politique des Frères musulmans et principal parti d’opposition en Jordanie, a remporté 31 des 138 sièges du parlement.
Le Front d’action islamique (FAI), branche politique des Frères musulmans et principal parti d’opposition en Jordanie, est arrivé en tête des partis politiques aux élections législatives, selon les résultats annoncés mercredi par la Commission électorale.
Le FAI a remporté 31 des 41 sièges réservés aux partis politiques (sur un total de 138) dans le futur parlement, qui bénéficie de pouvoirs limités, selon les résultats annoncés par la commission électorale. La majorité est revenue, comme d’habitude, à des chefs de tribus, des hommes d’affaires ou d’anciens militaires fidèles à la monarchie. Les islamistes n’avaient que dix sièges sur 130 au parlement sortant (contre 16 aux législatives de 2016). Ils avaient obtenu leur meilleur résultat aux législatives de 1989, avec 22 sièges sur 80.
Le président de la Commission électorale indépendante, Moussa Al-Maaytah, a déclaré lors d’une conférence de presse que le résultat de l’ISP illustrait « l’engagement de l’État jordanien en faveur du pluralisme politique (…) et de la participation de ses citoyens à la prise de décision »Vingt-sept femmes siégeront dans ce Parlement à l’issue d’un vote marqué par une forte abstention.
« Sans précédent »
Oraib Rantawi, analyste et directeur du Centre al-Quds d’études politiques à Amman, a déclaré qu’il était surpris par la« ampleur » du résultat obtenu par les islamistes. « Les votes recueillis sont proches d’un demi-million, un chiffre sans précédent pour le mouvement islamiste »a-t-il déclaré à l’AFP, alors que le pays compte 11,5 millions d’habitants.
La guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement palestinien Hamas a influencé l’issue des élections législatives dans le royaume, où près de la moitié de la population jordanienne est d’origine palestinienne, a-t-il affirmé. Des manifestations réclament régulièrement l’annulation du traité de paix depuis le début des hostilités. « Nous sommes satisfaits de ces résultats et de la confiance que le peuple jordanien nous accorde. Ces élections marquent une étape importante vers le développement de notre système politique. »a déclaré Wael al-Saqa, secrétaire général de la FAI.
Il a promis de mobiliser les efforts pour soutenir Gaza et la cause palestinienne. Deux jours avant les élections législatives, un Jordanien a tué trois gardes de sécurité israéliens à un poste-frontière entre la Jordanie et la Cisjordanie. Le royaume appelle à un cessez-le-feu à Gaza, où la guerre déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre est entrée dans son douzième mois.
Voisine d’Israël et de la Cisjordanie occupée, la Jordanie connaît depuis le début de la guerre un déclin du tourisme, un secteur qui représente environ 14% de son produit intérieur brut (PIB). Mardi, environ 1,6 million de Jordaniens ont voté sur les 5,1 millions d’électeurs inscrits, selon la commission électorale.
Il s’agit des premières élections depuis l’adoption d’une nouvelle loi en janvier 2022 qui a augmenté le nombre de sièges au Parlement de 130 à 138, relevé le quota de femmes (de 15 à 18 ans) et abaissé l’âge minimum pour les candidats. Le Parlement jordanien est bicaméral. Outre les 138 députés qui seront élus, il compte 69 sénateurs nommés par le monarque. L’assemblée peut retirer sa confiance au gouvernement, approuver et promulguer des lois.