les Internationaux de Dijon annulés après les propos de Pascal Boniface visant Karim Bouamrane – Libération
L’expression ne fonctionne pas. Dimanche 21 octobre, le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), Pascal Boniface, a interrogé Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouen, dans un commentaire sur « musulman d’apparence ». Le chercheur réagissait à un extrait de l’émission de France 2, Quelle heure, du 19 octobre, dans lequel l’élu francilien a refusé de s’exprimer au sujet de la guerre au Moyen-Orient. Celui dont le nom circulait pour Matignon cet été a déploré l’importation du conflit israélo-palestinien en France « à des fins électorales »reprenant les critiques formulées à l’encontre de LFI, notamment lors de la campagne pour les élections européennes du 9 juin.
Pascal Boniface a commenté l’extrait vidéo de la séquence posté sur X : « Honnêtement, je m’interroge sur cet homme que je ne connais pas personnellement. Est-il un exemple de méritocratie ? Tellement bien joué ! Ou exploité comme un musulman apparemment musulman qui ne critique pas Netanyahu et bénéficie donc d’une grande promotion médiatique. »a écrit le chercheur. Face au tollé suscité, le spécialiste de géopolitique a retiré son commentaire ce lundi 21 octobre et fait marche arrière dans un nouveau message. « Face à l’émotion suscitée par mon tweet à propos de Karim Bouamrane, je reconnais que l’emploi de l’expression « musulman d’apparence » est maladroit et donne lieu à des interprétations qui sont contraires à ma pensée. Je retire donc ce tweet tout en maintenant les questions fondamentales que je pose face au silence concernant une situation inacceptable à Gaza, où le risque de génocide est chaque jour plus évident.il a expliqué.
Le qualificatif utilisé par le géopolitologue avait suscité de vives réactions, dont celle du principal concerné. « Après 30 ans d’engagement à gauche, élu à la République depuis 1995, c’est ainsi qu’un chercheur me qualifie et se disqualifie définitivement. La lutte contre l’essentialisation continue ! Vive la République ! Vive la France ! » a réagi, sur X, le maire de Saint-Ouen, d’origine marocaine.
« Ne pas associer notre image à des discours qui divisent et stigmatisent »
Les propos du président de l’Iris ont provoqué l’annulation des Internationaux de Dijon. L’événement rassemble chaque année des experts pour deux jours de débat autour de questions géopolitiques. Organisée par la ville de Dijon, en partenariat avec le centre de réflexion de Pascal Boniface, la manifestation n’aura pas lieu, a indiqué la municipalité dans un communiqué. « M. Les propos de Boniface (…) sont à l’opposé des valeurs d’inclusion et de respect mutuel que défend la Ville de Dijon »nous pouvons lire. « La décision d’annuler les Internationaux de Dijon, événement qui vise à célébrer la diversité des idées et à favoriser les échanges constructifs, illustre notre volonté de ne pas associer notre image à des discours qui divisent et stigmatisent »» explique aussi le texte partagé, sur X, par François Rebsamen, le maire (ex-PS) de la ville. « Merci (François Rebsamen) pour votre soutien. Respect de votre sens des valeurs. Mes amitiés »a répondu Karim Bouamrane.
Figure montante du PS et membre de l’aile du parti opposé à l’alliance avec La France insoumise (LFI), Karim Bouamrane a reçu le soutien du patron des socialistes. « Personne ne devrait être assigné à une prétendue identité religieuse ou culturelle. Personne ne devrait préjuger de ce que peut penser un musulman, un juif, un chrétien ou un athée. Encore moins de juger qu’une position pourrait faire de quelqu’un un « musulman en apparence »a protesté contre X, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.
Un accrochage avec un autre élu socialiste
D’autres dirigeants, pour la plupart socialistes ou du camp présidentiel, ont également réagi, sur X, à cette publication de Pascal Boniface. Carole Delga, la présidente de la région Occitanie, également opposée à l’alliance avec LFI, a écrit « tout son soutien » au maire d’Audonien. Le ministre des Affaires européennes Benjamin Haddad a, pour sa part, jugé que « La cession identitaire est à l’opposé de notre pacte républicain ».
Ancien membre du Parti socialiste, Pascal Boniface l’a quitté après une polémique liée à la publication d’une de ses notes en 2001 consacrée aux positions du parti sur le conflit israélo-palestinien. dimanche 20 octobre, le « la poursuite des bombardements sur Gaza ». « L’aurait-il fait si je m’appelais Colette Durand ? se demanda-t-elle. Cette fois, le chercheur n’a pas retiré sa question et a même invité l’adjoint à la maire de Paris à répondre, « au lieu de dévier ».