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Les indépendantistes n’ont plus le pouvoir en Catalogne, une première depuis quatorze ans

Un revers de taille pour le parti indépendantiste catalan. Les socialistes du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez ont repris le contrôle du gouvernement catalan avec l’entrée en fonction lundi d’un nouvel exécutif. Ils mettent ainsi fin à quatorze ans de présence au pouvoir du mouvement indépendantiste dans cette région du nord-est du pays.

Présidé par le socialiste Salvador Illa, ministre de la Santé de Pedro Sánchez au plus fort de la pandémie de Covid-19, ce gouvernement de seize membres est majoritairement composé de technocrates, mais comprend aussi deux indépendantistes modérés du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne).

Des semaines de négociations

« Je veux vous assurer que ce gouvernement gouvernera pour tous, c’est une véritable obsession », a déclaré Salvador Illa lors de la prestation de serment de ses ministres. Le Parti socialiste de Catalogne (PSC, branche régionale du PSOE de Pedro Sánchez) avait remporté les élections régionales du 12 mai, mais sans obtenir la majorité absolue de 68 sièges à l’assemblée.

Après plusieurs semaines de négociations, Salvador Illa a réussi à obtenir le soutien du petit parti d’extrême gauche Comuns – membre de la plateforme Sumar, qui soutient le gouvernement de Pedro Sánchez à Madrid – et surtout celui d’ERC, le plus modéré des deux grands partis indépendantistes de la région. Avec une majorité absolue des sièges, Salvador Illa a été élu jeudi président de la « Generalitat » (gouvernement catalan) par l’assemblée.

Concessions aux séparatistes

Le fait que les socialistes aient réussi à former un gouvernement en Catalogne valide, pour l’entourage de Pedro Sánchez, la stratégie du Premier ministre, qui vise à réduire le soutien au séparatisme catalan en lui offrant des concessions.

La plus importante d’entre elles est l’amnistie controversée accordée aux personnes impliquées dans la tentative unilatérale d’indépendance de 2017, qui a déclenché la crise politique la plus grave que l’Espagne ait connue depuis le retour de la démocratie. Pour convaincre ERC de la soutenir, Salvador Illa a également dû s’engager à accorder à la Catalogne le contrôle total des impôts collectés sur son territoire, une demande clé des partis indépendantistes depuis des décennies.

Avant de pouvoir entrer en vigueur, cette concession majeure, tant sur le plan budgétaire que constitutionnel, doit encore être ratifiée par le Parlement espagnol. Elle se heurte à l’hostilité de l’opposition de droite, mais aussi de certains socialistes, qui estiment qu’elle priverait l’État central d’une source substantielle de revenus. Plusieurs régions craignent également qu’une telle réforme n’introduise des inégalités de traitement entre les différentes communautés autonomes qui composent le pays.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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