L’Ukraine les attend depuis plus d’un an. Dimanche 4 août, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé la présence sur le sol ukrainien des premiers F-16, ces avions de combat de fabrication américaine promis par plusieurs pays alliés depuis l’été 2023. Il n’a pas précisé leur nombre mais il l’a jugé » insuffisant « et a ajouté que Kiev attendait les livraisons « supplémentaire ».
En fait, malgré l’importance du symbole, de nombreux experts considèrent aujourd’hui comme très incertaine la capacité des F-16 à perturber la longue guerre d’usure dans laquelle se sont engagés les Russes et les Ukrainiens, car de nombreux autres paramètres entrent désormais en jeu.
Si les F-16 peuvent par exemple permettre à Kiev de frapper les forces terrestres russes plus loin derrière la ligne de front de 900 kilomètres, rien ne garantit qu’ils seront rapidement en mesure de neutraliser les avions de Moscou qui larguent depuis des mois des bombes planantes dévastatrices en Ukraine. Les alliés ont promis de livrer 90 appareils, mais cela doit s’étaler sur plusieurs années. Les États-Unis se sont également engagés à équiper ces F-16 d’un « volume suffisamment critique » d’armement, mais ce sera aux alliés de s’engager à fournir le reste en achetant ces munitions aux Américains.
« Nous ne sommes pas sortis de l’impasse militaire tactique »
Les F-16 « C’est un ajout important, mais cela ne change pas la guerre en soi », commenté le 30 juillet dans le le journal Wall Street, Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide. « Nous ne sommes pas sortis de l’impasse militaire tactique »a également estimé, le 9 juillet, au micro du podcast « Le Collimateur », Elie Tenenbaum, le directeur du centre de sécurité de l’Institut français des relations internationales (IFRI), de retour d’un voyage d’études à Kiev.
Un peu plus d’un an après l’échec de la contre-offensive ukrainienne lancée à l’été 2023 pour reprendre les territoires annexés par Moscou en février 2022, la réalité des rapports de force entre Russes et Ukrainiens est, de fait, de plus en plus entourée d’un épais brouillard.
« Nous manquons de chiffres précis. Les deux parties ont des stratégies de communication. Nous ne pouvons croire ni l’une ni l’autre », a-t-il ajouté. résume Joris Van Blavel, spécialiste des affaires militaires russes et chercheur principal à l’Institut Egmont, l’Institut royal des relations internationales, en Belgique. Il y a quelques mois, j’étais très pessimiste à l’égard des Ukrainiens. Mais beaucoup dépend aussi de l’issue des élections américaines. La seule chose qui soit sûre, c’est que nous sommes dans une guerre d’usure, où la connaissance de l’adversaire importe moins que la force physique, et où celui qui résiste le plus longtemps gagne. »
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