Les incendies de Los Angeles ne sont pas une catastrophe naturelle

ÔOn ne pouvait pas demander un meilleur scénario pour une suite à Ne cherchez pas. Dans ce film de 2021, le réalisateur Adam McKay décrivait une société incapable de réagir à une urgence majeure : l’arrivée d’une météorite qui détruirait la Terre, dans une métaphore de la crise climatique. Aujourd’hui, de monstrueux incendies ravagent Los Angeles alors que 2024 est déclarée année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant pour la première fois le seuil de 1,5°C de réchauffement climatique, la limite la plus ambitieuse fixée par l’accord de Paris fin 2015.

Or, les Etats-Unis seront dirigés à partir du 20 janvier par Donald Trump, qui qualifie le changement climatique de  » blague « . Il veut extraire toujours plus de pétrole et de gaz, des énergies fossiles qui réchauffent le climat, alimentant la violence de ces incendies.

L’actualité offre une nouvelle illustration – littérale – du fait que « notre maison brûle et (que) on regarde ailleurs »comme l’observait Jacques Chirac en 2002. Pour étayer son propos, l’ancien président français évoquait la « catastrophes naturelles » frapper l’Europe. Vingt-trois ans plus tard, on continue d’utiliser ce terme à chaque calamité, à Los Angeles comme à Mayotte, à Valence comme en Floride.

Il n’y a pas de catastrophes naturelles. Ce terme est une illusion qui déresponsabilise l’humanité, évoquant la colère de la planète face à laquelle nous sommes impuissants. Certes, les aléas naturels existent, mais ce sont les choix d’urbanisation, d’aménagement du territoire et de politiques publiques, ainsi que le contexte socio-économique qui les transforment en catastrophe. L’exposition et la vulnérabilité découlent de décisions humaines. Sous l’effet de la pression démographique, les autorités de Los Angeles ont construit massivement dans les zones sujettes aux incendies, avec des maisons construites en lisière de forêt, et souvent à ossature bois. La gestion de l’eau a toujours été complexe dans cette zone aride.

Il vous reste 66,02% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.